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Récit Binger

by Emilie DEFOLIE

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Récit de voyage d'après Capitaine Binger, Du Niger au golfe de Guinée par le pays de Kong et de Mossi, Paris, Hachette, 1892, 
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Moi, Louis-Gustave BINGER

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Source: BNF
Je m'appelle Louis-Gustave Binger. Je suis né en 1856 à Strasbourg. Je décide de m'engager dans l’armée française en 1874 pour échapper au service militaire en Allemagne. Nommé sous-lieutenant au 4e régiment d’infanterie de marine le 10 octobre 1880, je pars pour le Sénégal où, en 1882, je fais partie d’une mission topographique en Casamance. Je participe, avec l’expédition du capitaine Monteil, à la triangulation des pays situés entre le Sénégal et le Niger, et à l’étude du tracé du chemin de fer de Kayes à Bamako. J'apprends la langue bambara et plusieurs autres dialectes. De retour à Paris, j'aide à dresser la première carte du Sénégal et publie en 1886 Essai sur la langue bambara.
Grâce à l’appui de l’ancien gouverneur du Sénégal, je me vois confier, en 1887, une mission dans la boucle du Niger. Celle-ci débute le12 mars 1887 et s'achève le 10 janvier 1889. 

C'est ce voyage d'exploration dont je vous propose le récit.
Je m'appelle Louis-Gustave Binger. Je suis né en 1856 à Strasbourg. Je décide de m'engager dans l’armée française en 1874 pour échapper au service militaire en Allemagne. Nommé sous-lieutenant au 4e régiment d’infanterie de marine le 10 octobre 1880, je pars pour le Sénégal où, en 1882, je fais partie d’une mission topographique en Casamance. Je participe, avec l’expédition du capitaine Monteil, à la triangulation des pays situés entre le Sénégal et le Niger, et à l’étude du tracé du chemin de fer de Kayes à Bamako. J'apprends la langue bambara et plusieurs autres dialectes. De retour à Paris, j'aide à dresser la première carte du Sénégal et publie en 1886 Essai sur la langue bambara.
Grâce à l’appui de l’ancien gouverneur du Sénégal, je me vois confier, en 1887, une mission dans la boucle du Niger. Celle-ci débute le12 mars 1887 et s'achève le 10 janvier 1889. 

C'est ce voyage d'exploration dont je vous propose le récit.
Source: Carte du Soudan occidental et des régions explorées par le capitaine Binger de 1887 à 1889 / dressé par E. Giffault" publié dans Le Temps, BNF.
Le gouvernement français m'a  fixé des objectifs de deux ordres : la « reconnaissance géographique de la boucle du Niger » ; la « mission politique de relier nos établissements du Soudan français au golfe de Guinée ».

Je pars de Saint-Louis le 12 mars 1887.J'ai minutieusement préparé mon expédition. Pour moi, deux options s’offrent à l’explorateur :
1) partir avec une escorte mais alors, pour se protéger et avancer, il faut partir avec des forces imposantes, il faut, pour une mission comme celle que je viens de terminer, 300 hommes bien armés avec des munitions
2) ou bien, marcher seul avec le personnel nécessaire au transport de marchandises d’échange et n’emporter que deux ou trois fusils, juste ce qu’il faut pour faire voir aux indigènes que, tout en marchant pacifiquement, il faut pouvoir résister à quelques voleurs à l’occasion.
Je choisis la deuxième formule. Elle me semble préférable à la première qui a toujours pour résultat de fermer le pays à la civilisation au lieu de l’ouvrir... La portée des armes, le perfectionnement des munitions, la valeur des soldats ne peuvent entrer en ligne de compte dans ces pays. Si les indigènes le veulent, ils empêcheront toujours de passer, ils feront tomber la mission dans un guet-apens, attaqueront au moment où l’on passe un cours d’eau, un marais ; s’ils ne possèdent pas le courage nécessaire pour attaquer, ils évacueront le pays et feront le vide devant vous. Les vivres faisant défaut, il faudra bien renoncer à avancer.
Le gouvernement français m'a  fixé des objectifs de deux ordres : la « reconnaissance géographique de la boucle du Niger » ; la « mission politique de relier nos établissements du Soudan français au golfe de Guinée ».

Je pars de Saint-Louis le 12 mars 1887.J'ai minutieusement préparé mon expédition. Pour moi, deux options s’offrent à l’explorateur :
1) partir avec une escorte mais alors, pour se protéger et avancer, il faut partir avec des forces imposantes, il faut, pour une mission comme celle que je viens de terminer, 300 hommes bien armés avec des munitions
2) ou bien, marcher seul avec le personnel nécessaire au transport de marchandises d’échange et n’emporter que deux ou trois fusils, juste ce qu’il faut pour faire voir aux indigènes que, tout en marchant pacifiquement, il faut pouvoir résister à quelques voleurs à l’occasion.
Je choisis la deuxième formule. Elle me semble préférable à la première qui a toujours pour résultat de fermer le pays à la civilisation au lieu de l’ouvrir... La portée des armes, le perfectionnement des munitions, la valeur des soldats ne peuvent entrer en ligne de compte dans ces pays. Si les indigènes le veulent, ils empêcheront toujours de passer, ils feront tomber la mission dans un guet-apens, attaqueront au moment où l’on passe un cours d’eau, un marais ; s’ils ne possèdent pas le courage nécessaire pour attaquer, ils évacueront le pays et feront le vide devant vous. Les vivres faisant défaut, il faudra bien renoncer à avancer.
Ma mission, même si elle a un but politique nettement affirmé, est avant tout une mission pacifique d’exploration, fondée sur la connaissance des langues du pays, les relations amicales et commerciales nouées avec les populations locales.

Pour réussir il faut emporter un excellent choix de marchandises d’échange. Le voyageur doit surtout s’attacher à emporter des charges ayant le moins de volume et de poids possible, mais beaucoup de valeur. Le corail, l’ambre, les perles, les soieries remplissent très bien ce but ; mais, comme on est appelé à traverser des régions où la civilisation n’est pas assez avancée, il est nécessaire d’emporter aussi des articles de moindre valeur dans une proportion à déterminer. Pour conserver précieusement sa pacotille, la préserver des rosées et lui permettre de tomber impunément plusieurs centaines de fois à l’eau, il faut également faire choix d’un emballage qui remplisse ces conditions...
En dehors des marchandises d’échange, j’avais à me munir de campement, d’armement, de munitions et d’instruments. De vivres, je n’en emportai que juste ce qui était nécessaire pour ne pas passer, sans trop brusque transition, de la nourriture européenne à la nourriture indigène, et donner le temps a mon estomac de se dilater assez pour contenir la volumineuse dose d’aliments indigènes qu’il est nécessaire d’absorber pour calmer la faim.
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