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L'égalité en tout genre

by 4.6

Pages 2 and 3 of 40

L'égalité en tout genre
Collège Emmanuel Dupaty, Blanquefort
Classe de 4ème6
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L'illustration de notre première de couverture :

Le drapeau allié·e hétérosexuel·le 
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Un·e allié·e est une personne qui, malgré le fait qu’elle soit hétérosexuelle ou cisgenre, supporte les droits des différents mouvements LGBT. Autrement dit, c’est une personne qui va utiliser son pouvoir dans la société pour lutter contre les LGBTphobies : biphobie, homophobie, transphobie...

Le drapeau allié·e hétérosexuel·le reprend les couleurs du drapeau arc-en-ciel LGBT formant un “A” du mot Allié·e. Ce A arc-en-ciel se situe sur un fond de 6 bandes horizontales blanches et noires, qui sont les couleurs du drapeau des hétérosexuels.
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© drapeau-lgbt.fr/
Tout va bien...
1
Je suis admise au lycée, peut-être un nouveau départ, une nouvelle vie. Ma mère vient de sortir son téléphone de sa poche et de regarder le message. Je la vois qui sourit légèrement sans vraiment me le montrer. Toute contente, je vais dans ma chambre appeler mes amis. Il y a quand même un inconvénient : ma meilleure amie n'est pas dans le même lycée que le mien car ses parents trouvent qu'il est trop cher. Pourtant ils ont de l'argent, mais bon.
Nous sommes le 20 août. Dehors, le soleil tape. Il fait très chaud. J'aimerais mettre un short mais je vais avoir droit à une réflexion de mon père.
La fin des vacances est plus que monotone. Il faut dire que ma famille est plutôt conservatrice, c'est à dire que les femmes s'occupent des tâches ménagères tandis que les hommes ne font rien à part travailler la semaine, aller à la chasse le dimanche, et donner des ordres. Nous ne faisons donc pas grand chose comme activités ensemble. Je m'occupe en lisant, en dessinant et en sortant parfois avec mes amis .
Dimanche soir, veille de rentrée, enfin ! Mon sac est prêt et j'ai pas mal d'appréhensions. Comme d'habitude, ma mère m'appelle pour que je l'aide à préparer à manger puis à mettre la table. Mon père rentre à 19h. Il est directeur d'une banque.
"- Le repas est prêt ? demande-t-il d'un ton sec sans même dire bonsoir.
- Oui, il est presque terminé, lui répond ma mère docilement."
C'est la même scène tous les soirs. Mon père rentre de mauvaise humeur, réclame à manger comme s'il était le roi de la maison. Je n'ose rien dire.
Après le dîner, je passe par la salle de bain avant d'aller au lit puis je discute un peu avec mes amis sur mon téléphone. Il est 21h30, je ferais mieux d'éteindre si je veux être d'attaque demain. Je m'endors rapidement malgré le stress.
C'est la rentrée !!! Il est 6h30. Je me prépare, vérifie trois fois que je n'ai rien oublié pour le lycée et je descends rejoindre mes parents dans la cuisine où ma mère sert son petit-déjeuner à mon père.
2
J'avale un jus d'orange, une tartine et je file au skate-park où les ami·e·s qui vont dans le même lycée que moi m'attendent : Ariana, une fille assez joyeuse et dynamique, Quentin, un garçon calme et intelligent aux cheveux longs. Enfin, il y a Agathe qui ne réfléchit pas beaucoup mais qui nous fait bien rire !
Nous arrivons devant le lycée, et traînons un peu avant d'entrer dans la cour de l'établissement. Soudain, un petit homme rond apparaît au milieu des lycéens.
"- Bonjour à tous, je suis le proviseur du lycée, M. Destriège. Je vous souhaite la bienvenue et j'espère que vous apprécierez et respecterez les lieux. Je vous rappelle à tous que le port du masque est obligatoire en cours et à l'extérieur en raison de la reprise sérieuse de l’épidémie de Covid." S'ensuit un long discours sur la charge de travail en seconde, le bac et autres joyeusetés. Il nous donne quelques précisions sur le règlement intérieur et précise qu'il est interdit de porter des crop-tops : ça commence bien ! Il est 10h et les cours commencent enfin.
Évidemment, mes ami·e·s ne sont pas dans ma classe, on est tous séparé·e·s ! Pas sûre de me faire beaucoup de potes parmi mes camarades, à l'air plutôt coincé. Côté adultes, nous faisons la connaissance de M. Niuder, en sciences, c'est aussi notre prof principal, et il nous attribue des places de façon à ce qu'un garçon soit assis à côté d'une fille. Ensuite vient le cours de français, avec Mme Jutron, qui n'interroge que les filles et prévient les garçons qu'ils seront punis à la moindre incartade. En maths, M. Uplert est plutôt grincheux, nous appelle par notre nom de famille précédé de Mademoiselle ou Monsieur et n'a aucune patience. Quant à M. Bodel, le prof d'anglais au look un peu extravavagant, il nous explique qu'il existe un genre neutre en anglais (it). J'en profite pour dire qu'en français on peut aussi utiliser un vocabulaire inclusif : par exemple dire "copaine" pour "copain-copine". Je l'ai appris au collège lors d'une intervention sur la citoyenneté, la tolérance et l'égalité des droits pour tou·te·s.
En tous cas, entre le proviseur et les profs, les avis m'ont l'air bien partagés sur les stéréotypes de genre et l'égalité des sexes !
17h, fin de journée un peu maussade, pour cette rentrée tant attendue.
On passe au skate-park avec Ariana, Quentin et Agathe après s'être retrouvé·e·s devant le portail du lycée, mais je ne suis pas de très bonne humeur, alors je décide de rentrer. Je vais dans ma chambre faire le peu de devoirs que l'on m'a donné.
Peu après, ma mère m'appelle, comme tous les soirs. GRRR… J'en ai assez !!! On doit encore tout préparer pour que mon père se mette les pieds sous la table, en trouvant une bonne raison de râler. Et ça ne rate pas, à peine a-t-il jeté sa sacoche sur le canapé que ma mère sert l'entrée : " Ah bah pour une fois que tout est prêt quand j'arrive... Vous devriez vous organiser aussi bien tous les soirs !"
Je n'ai jamais exprimé mon mécontentement car je dois l'avouer, je crains mon père. C'est un homme violent. Mais ce soir, la coupe est pleine. Je prends mon courage à deux mains et lui réponds : "Arrête un peu, tu n'es jamais content, tu nous parles mal, tous les jours c'est la même chose ! Si tu veux manger plus tôt, tu n'as qu'à nous aider au lieu de te planter devant la télé."
Mes parents me regardent avec des yeux ronds, surpris, aucun son ne peut sortir de leur bouche. Je suis moi-même étonnée de ce que j'ai dit. C'est la première fois que je leur réponds ainsi. Soudain, mon père s'approche de moi, me prend par les cheveux et me traîne jusqu'à ma chambre.
"Ne t'avise plus jamais de nous parler sur ce ton, c'est clair ? Tu es privée de téléphone pendant un mois !", hurle-t-il en me l'arrachant des mains. Et il sort en claquant la porte tellement fort qu'elle rebondit sans se fermer. Je m'allonge sur mon lit et me mets à pleurer, puis à rire. 
Je suis très fière de moi d'avoir réussi à me révolter. Mais je trouve ça injuste car j'ai l'impression que les autres ont des familles normales, ouvertes, et ne subissent pas ce sexisme d'un autre temps. Mais peut-être que je me trompe, que ce n'est pas si rare, même aujourd'hui.
En plus maintenant, je n'ai plus de téléphone. Coupée du monde.
3

Depuis une semaine, mes parents et moi ne nous parlons plus mais je suis tout de même obligée d'aider ma mère dans les tâches ménagères. J'ai maintenant découvert tous mes professeurs, ils ne sont pas super à part un ou deux.
On est samedi et je commence à en avoir assez d'être punie. C'est décidé, je vais récupérer mon portable cette nuit pendant que mes parents dormiront. Je me suis bien rebellée une fois, je peux le faire une deuxième ! Et s'ils se rendent compte que je l'ai repris, je ne leur redonnerai pas. 
Le soir, avant de me coucher, je mets mon réveil à une heure du matin ; normalement, mes parents ronfleront à cette heure. Je m'endors assez difficilement. Mon réveil sonne. Il est une heure. Je l'éteins rapidement. J'ouvre la porte et me faufile dans le couloir. Je ne sais pas du tout où mes parents ont caché mon téléphone mais j'espère qu'ils ne l'ont pas mis dans leur chambre !
Je commence par fouiller la cuisine, rien. J'attaque ensuite le salon, mes parents dorment toujours. J'ouvre le tiroir du meuble télé et j'aperçois mon téléphone sous des câbles. Génial ! Très contente, je le prends et le mets sur vibreur puis retourne me coucher. 
Seulement, le lendemain soir, j'entends mon père qui m'appelle à plusieurs reprises.
"- Lili, où est ton téléphone ?
- Je sais pas, c'est toi qui me l'a pris. Demande à ma mère, elle l'a peut-être déplacé. 
- Arrête de me mentir, petite idiote. Je sais très bien que c'est toi qui l'a pris pendant la nuit ou je ne sais quand. Rends-le maintenant !!! crie-t-il.
Je lui réponds fermement et sèchement en le défiant du regard. 
- NON !!!
- Tu vas le regretter, sale gosse !"
Il se met à me fouiller mais je ne l'ai pas sur moi. Alors, très en colère, il me met une claque tellement forte que ma joue brûle et les larmes me montent aux yeux.
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