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Sommaire
Un hémisphère dans une chevelure / page 6
À Arsène Houssaye / page 8
Les fenêtres / page 9
Le désir de peindre / page 10
Laquelle est la vraie ? / page 12
À une passante / page 14
Parfum exotique / page 16
Élévation / page 18
Poèmes sur les chats / page 20
L’invitation au voyage (Les Fleurs du Mal) / page 22
Le port / page 24
Le voyage / page 26
Moesta et errabunda / page 28
L’invitation au voyage (Le Spleen de Paris) / page 29
Paysage / page 30
L’homme et la mer et L’albatros / page 32
L’albatros / page 34
Le crépuscule du soir / page 36
Le coucher du soleil romantique / page 38
Harmonie du soir / page 39
Le joujou du pauvre / page 40
La musique / page 42
Le masque / page 44
La pipe / page 46
Les hiboux / page 47
L’ennemi, Le guignon, La mort des artistes / page 48
Un hémisphère dans une chevelure / page 6
À Arsène Houssaye / page 8
Les fenêtres / page 9
Le désir de peindre / page 10
Laquelle est la vraie ? / page 12
À une passante / page 14
Parfum exotique / page 16
Élévation / page 18
Poèmes sur les chats / page 20
L’invitation au voyage (Les Fleurs du Mal) / page 22
Le port / page 24
Le voyage / page 26
Moesta et errabunda / page 28
L’invitation au voyage (Le Spleen de Paris) / page 29
Paysage / page 30
L’homme et la mer et L’albatros / page 32
L’albatros / page 34
Le crépuscule du soir / page 36
Le coucher du soleil romantique / page 38
Harmonie du soir / page 39
Le joujou du pauvre / page 40
La musique / page 42
Le masque / page 44
La pipe / page 46
Les hiboux / page 47
L’ennemi, Le guignon, La mort des artistes / page 48
Retrouvez ce livre et l'actualité des médiathèques sur
http://mediatheques.communaute-urbaine-alencon.fr
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Le soleil / page 50
Correspondances / page 51
Le vin des amants / page 52
Le flambeau vivant / page 54
À une dame créole et À une mendiante rousse / page 55
La mort des amants et La vie antérieure / page 56
Le revenant / page 58
Recueillement / page 59
À une charogne / page 60
La voix / page 62
Les bijoux / page 64
Le mauvais vitrier / page 66
La beauté / page 67
Que diras-tu ce soir… / page 68
Hymne / page 70
Les bienfaits de la lune / page 72
Chacun sa chimère / page 74
À M. Eugène Fromentin à propos d’un importun qui se disait son ami / page 75
Le chien et le flacon / page 76
Le miroir / page 78
L’étranger / page 80
Enivrez-vous / page 82
Je vis… / page 84
Crédits additionnels / page 86
Correspondances / page 51
Le vin des amants / page 52
Le flambeau vivant / page 54
À une dame créole et À une mendiante rousse / page 55
La mort des amants et La vie antérieure / page 56
Le revenant / page 58
Recueillement / page 59
À une charogne / page 60
La voix / page 62
Les bijoux / page 64
Le mauvais vitrier / page 66
La beauté / page 67
Que diras-tu ce soir… / page 68
Hymne / page 70
Les bienfaits de la lune / page 72
Chacun sa chimère / page 74
À M. Eugène Fromentin à propos d’un importun qui se disait son ami / page 75
Le chien et le flacon / page 76
Le miroir / page 78
L’étranger / page 80
Enivrez-vous / page 82
Je vis… / page 84
Crédits additionnels / page 86
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Un hémisphère dans une chevelure
Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l’odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l’eau d’une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l’air.
Si tu pouvais savoir tout ce que je vois ! tout ce que je sens ! tout ce que j’entends dans tes cheveux ! Mon âme voyage sur le parfum comme l’âme des autres hommes sur la musique.
Tes cheveux contiennent tout un rêve, plein de voilures et de mâtures ; ils contiennent de grandes mers dont les moussons me portent vers de charmants climats, où l’espace est plus bleu et plus profond, où l’atmosphère est parfumée par les fruits, par les feuilles et par la peau humaine.
Dans l’océan de ta chevelure, j’entrevois un port fourmillant de chants mélancoliques, d’hommes vigoureux de toutes nations et de navires de toutes formes découpant leurs architectures fines et compliquées sur un ciel immense où se prélasse l’éternelle chaleur.
Dans les caresses de ta chevelure, je retrouve les langueurs des longues heures passées sur un divan, dans la chambre d’un beau navire, bercées par le roulis imperceptible du port, entre les pots de fleurs et les gargoulettes rafraîchissantes.
Dans l’ardent foyer de ta chevelure, je respire l’odeur du tabac mêlé à l’opium et au sucre ; dans la nuit de ta chevelure, je vois resplendir l’infini de l’azur tropical ; sur les rivages duvetés de ta chevelure, je m’enivre des odeurs combinées du goudron, du musc et de l’huile de coco.
Laisse-moi mordre longtemps tes tresses lourdes et noires.
Quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles, il me semble que je mange des souvenirs.
Charles Baudelaire, Le Spleen de Paris
Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l’odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l’eau d’une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l’air.
Si tu pouvais savoir tout ce que je vois ! tout ce que je sens ! tout ce que j’entends dans tes cheveux ! Mon âme voyage sur le parfum comme l’âme des autres hommes sur la musique.
Tes cheveux contiennent tout un rêve, plein de voilures et de mâtures ; ils contiennent de grandes mers dont les moussons me portent vers de charmants climats, où l’espace est plus bleu et plus profond, où l’atmosphère est parfumée par les fruits, par les feuilles et par la peau humaine.
Dans l’océan de ta chevelure, j’entrevois un port fourmillant de chants mélancoliques, d’hommes vigoureux de toutes nations et de navires de toutes formes découpant leurs architectures fines et compliquées sur un ciel immense où se prélasse l’éternelle chaleur.
Dans les caresses de ta chevelure, je retrouve les langueurs des longues heures passées sur un divan, dans la chambre d’un beau navire, bercées par le roulis imperceptible du port, entre les pots de fleurs et les gargoulettes rafraîchissantes.
Dans l’ardent foyer de ta chevelure, je respire l’odeur du tabac mêlé à l’opium et au sucre ; dans la nuit de ta chevelure, je vois resplendir l’infini de l’azur tropical ; sur les rivages duvetés de ta chevelure, je m’enivre des odeurs combinées du goudron, du musc et de l’huile de coco.
Laisse-moi mordre longtemps tes tresses lourdes et noires.
Quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles, il me semble que je mange des souvenirs.
Charles Baudelaire, Le Spleen de Paris
Pascale