Dix récits de vie de jeunes gens présents en France, mais venant d'ailleurs

Voyages et émotions

Lycée Gustave Eiffel de Reims (51) Un projet réalisé en collaboration avec la Médiathèque Falala 2021-2022

Mentalité d'un Arménien

Moi, à l'âge de 14 ans, en 3eme, je commence à m'intéresser à mon avenir et à choisir un métier pour pour plus tard avoir un travail. Je choisis la métier de cuisinier. Je viens d'Arménie. J'étais étudiant là-bas, dans la capitale, à Erevan. Je vois que dans les écoles, ce n'est pas la même chose dans tous les pays. Par exemple, les notes (en Arménie c'est jusqu'à 10 et en France c'est jusqu'à 20) , la classe, la tenue (chez moi, c'est jeans et chemise blanche), les horaires, les vacances (il n'y en a pas beaucoup en Arménie). Il y a aussi d'autres choses différentes entre nos pays, liées à la culture. Moi, par exemple, je veux faire des études, avoir un métier pour réussir ma vie et pour ma famille, surtout et toujours pour ma mère. Quand j'aurai mon diplôme, et que j'aurai réglé ce que je dois faire, que j'aurai ramené ma mère en Arménie, je serai tellement content. Je pourrai commencer à penser à moi. D'abord, je dois avoir mon bac, et ensuite, la nationalité.

Etablissement: Lycée Gustave Eiffel de Reims (51) Auteurs et illustrateurs : Module FLS ANANI Ikram&nbsp;1B3R1 RAMADAN Gyoksel&nbsp;1B3R1 OLATUNBOUSUN IKHAN Aduragbemi&nbsp;1HORT SOW Amadou&nbsp;THR1&nbsp; BOIRO Alsény&nbsp;TB3MCI DIALLO Alseini&nbsp;TB3MCI TABAI Haytam&nbsp;TB3MCI DEDA Léonard&nbsp;TB3R1 YERANOSYAN Aram&nbsp;1B3R2 BUI MASSON Sandra AE Enseignants participants: OTERO Ivan, prof de lettres-histoire PILON Delphine, Coordinatrice ULIS Année d'édition: 2022

On attend que mon père rentre à la maison. Je suis impatient de partir en Bulgarie dans mon pays pour passer de bonnes vacances avec ma famille et avec mes copains. La route commence normalement vendredi après-midi à 18H00. Le premier arrêt est 565 kilomètres plus loin, à Ulm, en Allemagne, chez ma tante. il est environ 2H00 du matin et on passe la nuit chez elle. Le matin, on se réveille vers 8hoo, on petit déjeune et après c'est la grande route qui commence, 30 heures de trajet. On arrive à Sofia. A ce moment-là, je ressens enfin quelque chose de bien. Je suis content, je suis chez moi. Il nous reste encore 6 heures de route, nous filons, parce que nous sommes pleins d'énergie. Nous sommes proches de la maison. On passe un jour chez ma grand-mère maternelle, puis nous allons chez nous, dans le village de mon père. On est un peu émus, les gens du village me regardent un peu comme ils regarderaient un inconnu, puis au bout d'une semaine, c'est bon, ils reconnaissent Gyoksel. .

J'ai 18 ans, et j'ai l'opportunité d'aller au Viêt-Nam avec mes parents. La mère de ma mère est en fin de vie et ma mère lui rend visite pour un dernier au revoir. Les gens là-bas me dévisagent et je ne comprends pas pourquoi. Mon père interroge les ouvriers d'un chantier en face de la maison. Je suis plus grande que les Vietnamiens en général. Les gens ont entendu que je ne parlais pas vietnamien et ils ont commencé à émettre des hypothèses sur mon compte. Ils ont demandé à mon père si j'étais une actrice de Hong-Kong. Fou rire général ! J’ai ensuite appris qu'ils se posaient la question car apparemment je n'ai pas un faciès typique vietnamien. Il faut savoir que le Viêt-Nam au cours de son histoire a été envahi et colonisé un nombre incalculable de fois (Chine, Cambodge, Laos, Japon, France, Etats-Unis), ce qui fait qu'il y a énormément de métissage du nord au sud du pays.

Amalgame. Aujourd’hui dans un resto dit «&nbsp;chinois&nbsp;», on y trouve&nbsp;: nems, sushis, riz cantonais, rouleau de printemps, bo bun, pho, makis, canard laqué. A ce titre, nous devrions plutôt dire restaurant asiatique, car le riz cantonais et le canard laqué sont chinois. Les nems, rouleaux de printemps, bo bun sont des spécialités vietnamiennes et les sushis et les makis sont japonais.

La fête "CARNIVAL FESTIVAL" qui s'est transformée en bagarre avec les chanteurs

Je suis resté un an et trois mois à Troyes au foyer aubois. J'allais tous les jours à l'école. Puis, ma famille et moi, on a reçu un courrier de l'OFPRA de Paris. Ce jour-là, on apprend qu'on a eu les papiers français et qu'on est officiellement des résidents français. Je vais enfin pouvoir construire un meilleur avenir pour moi et ma famille. Deux mois après, le foyer nous demande de partir et de trouver un logement, car il fallait laisser de la place pour les autres personnes qui se trouvaient dehors. Alors, sans perdre de temps, on a fait une demande de logement à Reims. On a eu une proposition de logement cinq semaines plus tard. On a déménagé aussitôt. En arrivant, on a signé le bail de la maison et on a pris les clés de la maison.

On repart une dernière fois à Troyes. On prépare les valises et go à la maison. On était en novembre, l'année scolaire avait déjà commencé et moi, il fallait que je trouve un collège. Je suis allé au collège Trois Fontaines où j'ai pu m'inscrire grâce à l'assistante sociale. Au collège, j'ai fait ma 3e, ça se passait plutôt bien. J'ai lié des connaissances, de nouveaux amis très gentils. À la fin de la 3e, j'ai fait une demande pour venir au lycée Gustave Eiffel où j'apprends le métier de cuisinier.

Mes parents et ma tante m'ont donné une vie de princesse et ils sont fiers de moi, j'ai une super famille, même si je n'ai pas vu mes parents et ma famille depuis 4 ans. Je suis impatiente et j'ai hâte de retourner en Algérie pour les revoir. Une belle histoire commence le 25 novembre 2020, le jour où j'ai rencontré l'amour de ma vie que j'ai aimé plus que tout. C'était une belle histoire avec lui et nous étions heureux ensemble. Puis il y a eu des moments où j'ai remarqué qu'on commençait à s'éloigner. Pour moi, c'était dur car il prenait soin de tout le monde sauf de moi. Je décide alors de le quitter pour lui montrer que ce n'est pas facile pour moi. Il m'envoie un message où il me demande de lui pardonner et me promet qu'il ne recommencera pas. À la fin, je lui pardonne. On est de nouveau ensemble, puis on passe une semaine sans se parler. Moi, je pensais qu'on continuerait ensemble pour toujours, mais malheureusement, ce n'est pas comme ça.

Une personne se sent déçue et a le coeur brisé quand quelque chose d'inattendu se produit, que ce soit des gens qui s'en vont, des rêves ou des souhaits qui ne se réalisent pas. Un coeur brisé est une douleur intérieure et cela peut se manifester chez certaines personnes par la tristesse en soi. C'est difficile, car ça brûle intérieurement. Et, cette tristesse, on la cache derrière un beau sourire.

Aujourd'hui, j'ai 40 ans, et je me rends compte que ma différence, finalement je l'ai apprise à travers le regard des autres, je ne me réveille pas tous les matins en me disant que j'ai les yeux bridés et la peau mate. Cette différence ne me définit pas en tant qu'individu. Je ne veux pas être réduite juste à ça dans les yeux des gens. Je suis aussi une maman, une collègue, une épouse, une amie, une assistante d'éducation, une cheffe d'entreprise. Et encore bien d'autres choses, j'espère, pour les 40 prochaines années... au moins.

Chapitre 3 Tout le monde dans le village commence à quitter les lieux. Alors, moi et mes amis, on essaie de calmer les gens. On les fait attendre parce que la situation va finir par s'arrêter. Mais la violence les fait partir. Donc, moi et mes amis on n'a pas gagné d'argent. Quelques jours après, on vend des objets de nos maisons pour gagner de l'argent et on fait aussi de petits travaux pour rembourser l'organisateur de la fête. Du coup, on a décidé d'arrêter de faire des fêtes et on est repartis à la City pour travailler. On y est restés. Juste pour info, pour les gens qui lisent cette histoire, il faut faire attention dans la vie. Elle n'est pas facile avec les gens, mais il faut vivre et s'amuser. Selon moi, il faut juste de la patience, du calme et de la concentration.

"Je suis..." Sandra

Je vais d'abord voir mon amie, qui vit dans le village d'à côté. Elle travaille dans le restaurant familial. Je lui parle, lui demande comment elle va, et j'en profite pour manger les plats de mon pays.

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Le 16 juin 2016, ce jour-là, ma famille et moi, on prend la route pour venir en France en voiture. C'est un long voyage et j’ai eu l’impression qu'il n'allait jamais finir. Sept pays à traverser, sept jours de route, c'est une folie !!! Un long voyage fatigant, intéressant, avec plein de mystères qui se cachent. Nous avons traversé le Monténégro, la Bosnie, la Croatie, l'Autriche, l'Allemagne, puis la France&nbsp;. Le 23 juin 2016, j'ai mis les pieds sur le territoire Français pour la première fois. À Paris, ça bouge beaucoup. La tour Eiffel, je l’avais vue juste dans mes rêves jusqu'à ce jour là.

Après nous être baladés à Paris au milieu de rien, par hasard, on a croisé une patrouille de police qui nous a arrêtés pour un contrôle. Après avoir montré le passeport, ils nous ont donné l'adresse pour faire une demande d'asile. Une fois qu'on l'a trouvée et qu'on a fait la démarche, on se trouve au milieu de la rue sans aucun avenir.

- Moi, je suis un jeune homme de 18 ans, né dans un petit pays à l’Est de l’Europe, en Albanie. Je viens d’une petite famille, j’ai une mère, un père, une grande sœur, un petit frère et une petite sœur. J’ai passé la plupart de ma vie en Albanie où j’avais beaucoup d'amis, beaucoup de bonheur, mais pas d’argent. En Albanie, l’école commence à 8 heures pour tout monde et termine à 13 heures. L’après-midi est à nous. Perso, l’aprèm, je la passais à travailler la plupart du temps, parfois je la passais à jouer avec mes amis au foot, au billard, aux jeux vidéo. À l'âge de 14 ans, ma famille décide de quitter le pays pour des raisons économiques.

Je me suis jamais senti seul ou en manque de quelque chose pourtant je faisais plein de bêtises. Je les faisais tout le temps avec 2 potes à moi avec qui j’ai grandi : Ali Houssaini et Tariq Bajji. Ils ont le même âge que moi et le même niveau scolaire aussi. Un jour, je suis parti avec Tariq dans une usine abandonnée, je me rappelle qu'on était montés sur une barre de fer et on a commencé à sauter plusieurs fois dessus jusqu’à finir par la casser. On voulait la prendre pour la vendre, mais quelqu’un a appelé le gardien et Il nous a attrapés, aprés il a appelé la propriétaire, elle a appelé la police. Elle a porté plainte contre moi, mais pas contre mon pote et je ne sais pas comment il a fait pour sortir de cette histoire. Ma mère n’était pas au courant de ce qui s’est passé. Le lendemain, vers 15h30, quelqu’un lui raconte ce qui s'est passé.

Près de la maison, je vois ma mère venir vers moi, elle avait l’air d’un aveugle qui cherche la route. Elle m'a giflé 2 fois et elle m'a dit de rentrer à la maison le temps qu’elle parle avec l’agent de sécurité de l’usine. J’ai été puni de 3 jours sans sortir ou même parler avec mes potes. Le soir, mon grand frère rentre. Il était déjà au courant. Il était énervé. Il m'a demandé pourquoi j’avais fait ça. Une semaine plus tard, j’avais un “meeting” entre amis de notre groupe de la ville. Après le concert, je rentre avec mes potes. Tariq était là lui aussi. Je prends un truc a boire et je m’amuse avec mes copains, quand je reçois un appel de ma mère qui me dit que je dois la rejoindre au commissariat. Je pars au commissariat et je reconnais l’agent de sécurité et la propriétaire de l’usine. Je rentre pour parler avec le commissaire.

Bonjour, le petit aventurier quitte son pays où il vit depuis l‘enfance pour un voyage sans destination, avec un ami qui s‘appelle Aliou et qui était plus agé. Je m‘appelle Boiro Alseny, j‘ai 19 ans, et je suis né en Guinée. Mon beau pays Guinée&nbsp;est un état de l‘Afrique Occidentale qui représente le château d‘eau de l‘Afrique de l‘Ouest parce que plusieurs fleuves prennent leur source en Guinée. J‘ai quitté mon pays en 2017 avec mon ami Aliou qui est plus grand que moi. On arrive au Sénégal où on reste un mois et deux semaines. Puis on file au Mali où on reste 2 semaines. Traverser le pays était un grand risque à cause de la guerre et de la rébellion. C‘était vraiment catastrophique. Ensuite, on a traversé le désert pour arriver en Algérie. En Algérie, c'était facile de trouver la nourriture, mais difficile de trouver du travail et un logement. Moi, je ne travaillais pas à cause de mon âge. C'est la seule raison qui nous poussait à vivre en communauté et entre migrants.

Je m'appelle Sandra. Je suis née à Reims, il y a presque 40 ans. J'ai fait ma maternelle dans le quartier Saint-Anne, puis mes parents ont déménagé dans la banlieue rémoise. Reims, j'y ai vécu, pour ainsi dire toute ma vie. Je suis en sortie scolaire, je suis en maternelle, je tiens la main de ma maîtresse, il y a beaucoup de monde et j'ai peur de me perdre. On est dans une sorte de file d'attente et tout le monde est grand autour de moi. Je vois 2 grandes personnes qui s'interpellent du coude, l'une d'entre elle fait un signe de tête en ma direction pour me désigner, puis il tire ses yeux avec ses doigts. Je ne comprends pas ce qu'il veut dire. Je baisse la tête parce ce que je me dis que je dois avoir quelque chose de bizarre.

Je vais manger chez les grands-parents de mon petit ami. Je suis contente de les voir car ça fait un moment que je ne les ai pas vus. On s'embrasse, on se dit bonjour, on se met à table et là, la grand-mère me dit qu'elle et son mari sont allés manger au restaurant chinois il y a quelques jours et qu'ils se sont régalés. J'ai souri poliment, mais je ne comprends pas pourquoi ils m'ont dit ça. Je suis d'origine vietnamienne, mais je suis née en France, je ne parle que le français. La Chine et le Viêt-Nam, c'est comme la France et l'Angleterre. Historiquement, ces pays se sont fait la guerre, ont collaboré, et se sont influencés au fil des siècles dans certains domaines tels que la langue et le plan culinaire. Si on dit à un Anglais que c'est un Français et que ça ne fait aucune différence, ou le contraire, je pense que ces personnes seraient vexées.

Chapitre 1 Alors dans mon village Ejigbo (à côté de Lagos au Nigeria), tous les ans, on fête le "Carnival Festival" en rassemblant tout le village. Et nous, les jeunes du village, on prépare le plan de fête, par exemple : - Quels groupes de musique on peut faire venir, ça, c'était le travail de Malik. - Quels habitants peuvent se représenter sur scène, ça, c'était le travail de Kabiru. - Pour payer les musiciens, une entreprise qui fabrique des vêtements nous en avait donnés pour les revendre et gagner de l'argent, ça, c'était Rokibu qui les vendait. - On a aussi fait une collecte d'argent auprès des riches pour préparer le manger, ça, c'était Toheeb qui s'en occupait. - Moi, je m'occupais des enfants qui voulaient danser et je leur apprenais une chorégraphie. Deux mois plus tard, tous les plans de fête sont faits, moi et mes amis (Adura, Malik, Kabiru, Rokibu, Toheeb), on sait ce qu'on a à faire.

Chapitre 2 Cinq jours avant la fête, on fait une réunion avec tout le monde pour finir de l'organiser. Chacun sait ce qu'il a à faire. On prépare le lieu et le matériel, et on demande à tous les jeunes qui veut aider pour la fête. La fête est commencée depuis deux jours. Tout se passe bien, tout le monde est assis, calme, et on rigole en regardant ensemble les spectacles. C'est vivant et joyeux. Le spectacle de musique va bientôt commencer. Il manque un musicien qui est en retard. Un autre musicien est prêt à prendre sa place. Le musicien en retard est bloqué par la sécurité à l'entrée. Il frappe pour passer. Il arrive énervé sur scène et veut une explication. Il devient violent. Mes amis et moi on essaie de le calmer mais il fait tomber des chaises. La police a été appelée par la sécurité.

Je reviens de l'école à pied avec mon fils. Nous passons devant un groupe de collégiens qui attendent à un arrêt de bus. Dans mon dos, j'entends des ricanements et des «&nbsp;tching tchong&nbsp;». Mon sang ne fait qu'un tour. Je suis en colère car j'ai vécu ça toute mon enfance et aujourd'hui mon fils de 6 ans est confronté à la même bêtise. J'aurais été toute seule, j'aurais laissé couler, mais là, je veux montrer à mon fils que ce comportement n'est pas normal, je retourne voir le groupe de jeunes, je sors mon téléphone et les prends en photo. Je bluffe en disant que je vais envoyer les photos à la police et porter plainte contre eux. Ils ont pris peur et ont détalé en courant.

Dès la maternelle et jusqu'en primaire, certains parlent de moi en disant la «&nbsp;chinetoque&nbsp;», je ne comprends pas ce que ça veut dire mais je sens que c'est comme une insulte. Ils me font comprendre que je ne suis pas comme eux mais je ne comprends pas exactement en quoi. Quand ma mère me parle en vietnamien dans la rue, ou devant l'école j'ai un sentiment de honte et je lui demande de me parler en français. À la maison, je parle de moins en moins vietnamien. Aujourd'hui, je ne sais plus le parler et je le regrette.

Puis on est arrivé au Maroc en passant par les grillages marocains et les caniveaux algériens. C‘est une frontière très dangereuse et très sécurisée par les forces de l‘ordre des 2 pays. C‘est une frontière sans passage.&nbsp;&nbsp; On a traversé la Méditerranée avec un groupe de 40 personnes dans un zodiac pneumatique. Il n'y a pas eu de morts ni de blessés. Je suis entré en Europe en aout 2018, à Motril, en Espagne&nbsp;où j'ai passé 4 mois. J'ai travaillé 2 semaines au jardin Palos de la Frontière, on plantait des fraises. J'ai été viré par le patron en raison de ma minorité. Quand j'ai été payé, j'ai décidé de venir en France. C'était un peu compliqué pour moi de rester en Espagne à cause de ma difficulté à communiquer avec eux. J'espère qu'en France ce sera plus simple pour moi.

Mon fils rentre en maternelle. J’assiste à la réunion de début d’année. La directrice nous annonce que la classe de petite section va accueillir un petit japonais qui arrive du Japon, car ses parents ont été mutés en France. On sait que la maman parle un peu français, mais le petit garçon, sa grande sœur et leur papa ne le parlent pas du tout. A ce moment-là, un parent d’élève se tourne vers moi et me demande si je ne parle pas un peu. Je suis abasourdie, je balbutie que non et tente d’oublier très vite ce moment très gênant. La réunion se poursuit et nous abordons le sujet de l’apprentissage de l’anglais. Ce même parent se retourne de nouveau vers moi et dit «&nbsp;mais de toute façon vous êtes bons pour apprendre des nouvelles langues&nbsp;». J’ai l’impression d’être sur une autre planète. Personne n’a l’air choqué de ses propos et la réunion se poursuit.

Je suis formatrice en anglais. C’est le jour de la réunion de pré-rentrée. Nous rencontrons notre nouveau directeur. En fin de réunion, ce monsieur vient saluer un à un tous les formateurs. Arrive mon tour, il se penche vers moi et me demande «&nbsp;d’où venez-vous&nbsp;?&nbsp;». Je lui réponds que je viens de Reims. Il insiste «&nbsp;non, mais en vrai, vous venez d’où&nbsp;?&nbsp;». Là je comprends, qu’il me demande mon pays d’origine. Je le trouve très maladroit alors je fais mine de ne pas comprendre et réitère que je suis marnaise et que je viens de Reims.

Seul à l’étranger

Dans mon livre ou plutôt mon combat, je vais vous raconter ce que j’ai vécu. Ma vie a commencé au Maroc dans une petite ville. Je suis le fils d’un ex-militaire et d’une femme au foyer, j'ai deux frères et une sœur et je suis le tout petit de la famille. Je suis né le 8 septembre 2002, à Khénifra, ma mère m’a dit que je suis né 2 mois avant, mais je n'ai pas été déclaré pour des raisons d’études. Depuis mon enfance, je me rappelle que je ne quitte jamais la rue, tout le temps dehors, devant chez moi en train de jouer au foot, à cache-cache... J’ai encore des souvenirs qui donnent envie de revivre tout ça. Je n'ai jamais rêvé de quitter le Maroc ou juste ma ville. Après avoir commencé l’école, à 8 ans, je commence déjà à comprendre la vie, mais ma mère était toujours là pour moi et mon grand frère aussi.

Ecrit par: Tabaai Haytam

DIALLO ALSEINI depuis mon enfance on m'appelle Poulet

Cité Bambeto À l’âge de 10 ans, à peu près, parce qu’avant d’arriver en Europe, je n’avais pas conscience de mon âge et du temps qui passe, j'ai reçu mon premier bon vélo. J'avais demandé un vélo, parce que tous mes copains en avaient un et s'amusaient avec&nbsp;. Et un jour à mon&nbsp;retour de l’école juste devant la maison j’ai vu un bmx vert et bleu. Au départ, je me suis demandé pour qui il était. J'ai demandé à ma mère&nbsp;: -&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Nene, c'est à qui le vélo qui est là&nbsp;? &nbsp;Elle ma répondu&nbsp;: -&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Il est à toi J'ai pris le vélo pour l'essayer, j'étais très content, je suis allé voir mes potes et on est partis faire un tour.

Il commence a me poser des questions. Je lui montre mes bulletins de notes et je lui dis que je n'ai pas fait exprès de casser la barre de fer... A la sortie du commissariat, il y avait la propriétaire, ma mère m'a demandé d'aller lui embrasser la tête parce qu'elle m'avait pardonné. Je repars au "meeting" et je finis ma soirée avec mes potes.

La même vie continue et une autre journée recommence…

Contenus multimédias : Tous les contenus multimédias proviennent des élèves ou sont des images libres de droit. Tout contenu publié pourra être retiré sur demande de l’auteur. Bibliographie: Chartres Fanny, Le ciel est à tout le monde, L'école des loisirs, 2021 Faye Gaël, Petit Pays, Grasset, 2016 Gaudé Laurent, Eldorado, J'ai lu, 2009

Remerciements: * À tous les auteurs pour le courage qu'ils ont eu de voyager et de raconter. * À Mélanie CASAJUS qui nous a gentiment accueillis à la médiathèque. * À l'auteure Fanny CHARTRES pour son aide précieuse et attentionnée lors de sa venue au lycée.

KING FADIYA 224 Une histoire de Amadou SOW

Je viens de Fadiya dans la région de Dinguiraye, en Guinée Conakry. Un jour, avec mes amis, on a organisé un tournoi de foot au village. 35 équipes étaient présentes ce jour-là, c'était en 2017. Mon équipe s'appelle Espoir paikoun Fadia BLZ POBOM. On a commencé et on est allé jusqu'à la finale. On a sorti 4 équipes de Fadia. Donc on a eu la chance de jouer la finale contre l'équipe qui s'appelle FC Fogo. On a remporté la finale. J'avais l'habitude d'organiser des tournois mais là il y avait beaucoup de monde comme supporters et de tous les âges. On était super contents, on a organisé une soirée où on a fêté la victoire, c'était vraiment agréable. Je suis arrivé en France, en 2018. Je suis sur Reims depuis 2019 et j'ai commencé le foot cette année-là dans le club de Cormontreuil. J'étais en U19, j'étais bien placé au championnat. Depuis cette année, je joue à Sainte Anne avec l'équipe sénior. Ce sport m'a permis de connaitre beaucoup de gens, de créer des relations parce que je suis arrivé seul de Guinée.

Je pense parfois à faire l'armée, mais je ne suis pas encore sûr de ce que je veux faire. Ce qui compte pour le moment, c'est ma mère. Une fois qu'elle sera de retour en Arménie, tout s'éclaircira. Peut-être...

A Paris ce n'est pas facile de se balader, chose qui ne m'était jamais arrivée avant. La nuit s'approche, il fallait trouver un endroit pour se reposer et dormir. Alors on est partis dans un magasin pour acheter une tente et l'installer dans un parc à côté de l'hôpital. Le lendemain matin, on prend le train pour aller à Lille, car à Paris, trouver un bon endroit pour dormir ce n'était pas possible. Fatigués, sans manger sans dormir, on prend le train pour Lille. À notre arrivée, on a croisé une très bonne personne qui est devenue mon beau-père aujourd'hui. Il nous a beaucoup aidés, il a essayé de nous trouver un foyer ou autre chose pour qu'on se repose et qu'on s'installe, mais sans résultat. Le soir, on a monté de nouveau la tente pour dormir. Le lendemain, on se réveille en espérant trouver un logement au foyer pour nous accueillir, mais toujours pas de résultat. Pendant deux semaines, jour après jour, sans s'arrêter, on cherche sans réussite.

Désespérés, on décide de partir de Lille et de venir à Reims. À Reims, on a fait l'inscription au CADA, le centre d'accueil pour demandeurs d'asile, de la Croix Rouge, puis on a installé la tente dans un parc en face du CADA. A Reims, je me suis fait de nouveaux amis très sympas. Après trois mois, une bonne nouvelle est arrivée. Un déménagement pour aller dans un foyer à Troyes. Très contents, ma famille et moi, on prend la route pour y aller. On s'installe dans un foyer pour les réfugiés. Au foyer, on était très bien accueillis. Le foyer aubois était un grand foyer, il y avait des cuisiniers, des responsables, un directeur ... L'assistante sociale nous a inscrits à l'école. La premier jour d'école en France, c'était très spécial pour moi , car je ne savais pas parler français. Je ne connaissais personne, mais mes camarades étaient très sympas avec moi.

La vie est belle d' Ikram Anani

Bonjour , c'est ikram , j'ai 19 ans, aujourd'hui je veux vous raconter une histoire de ma vie. Avant, moi, j'étais en Algérie avec ma famille dans la ville de Chlef. J'ai une sœur, Assia, et deux frères, Mohamed et Youcef. C'est une belle vie avec mes parents en Algérie. C'était mon rêve de venir en France pour réussir ma vie, pour avoir un bel avenir. Et après plusieurs jours, j'ai fini par oublier ce rêve. Une fois, j'étais avec mon père et ma mère. Mon père dit: "Ma fille c'quoi ton rêve ?". Je lui dis avec un grand sourire : " Moi, je voudrais aller en France." Au début, il n'a pas accepté. C'était dur pour lui. Puis avec le temps, il accepte. Et il a tout préparé pour que je réalise mon rêve, et j'étais heureuse . Le jour où j'ai quitté mes parents, j'avais 14 ans, c'était très dur pour moi et ma famille, et en plus c'était mon choix de venir au France. Là, maintenant je vis ici en France avec ma tante, j'étudie aussi et je crée mon avenir pour plus tard, pour être la meilleure.

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