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Nouvelles, illustrations et audio des 4èmes A et B.

by Francesca RIVIERE

Cover

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Année 2020/2021
Lycée Français de Jakarta
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F. Rivière
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Ecriture en classe 4ème
Nouvelles, illustrations et audio
Nouvelles réalistes à chute... ou à chutes ?

Thought Bubble
L'écriture de la nouvelle suppose une concision qui est une vraie gageure !!

Et bien, nos classes de 4ème s'y sont essayé à partir de deux nouvelles contemporaines que vous allez découvrir ou redécouvrir.

Mais la fin ayant été tronquée, nous vous en proposons quelques-unes de notre crû !

A vous de trouver celle de l'auteur originel.
Cyann A.D.
Montage pour "Credo".
Octobre 2020
Il avait toujours été fasciné par la publicité à la télévision. Il n'en manquait jamais aucune, les jugeait pleines d'humour, d'invention, et même les films l'intéressaient moins que les coupures publicitaires dont ils étaient lardés. Et pourtant la pub ne le poussait guère à la consommation effrénée, loin de là. Sans être avare, ni particulièrement économe, il n'associait pas du tout la publicité à la notion d'achat. 
Jusqu'au jour où il abandonna son apathie d'avaleur d'images pour prendre quelque recul et constater que la plupart des pubs ménagères, alimentaires, vacancières ou banalement utilitaires étaient toutes, d'une façon ou d'une autre, fondées sur la notion du plus, de la réussite à tous les niveaux, de la santé à toute épreuve, de l'hygiène à tout prix, de la force et de la beauté obtenues en un seul claquement de doigt. 
Or, il avait toujours vécu avec la conscience d'être un homme fort peu remarquable, ni bien séduisant ni tellement laid, de taille moyenne, pas très bien bâti, plutôt fragile, pas spécialement attiré par les femmes et fort peu attirant aux yeux de ces mêmes femmes. Bref, il se sentait dans la peau d'un homme comme tant d'autres, anonyme, insignifiant, impersonnel. 
Il en avait souffert parfois, il s'y était fait à la longue. Jusqu'au jour où, brusquement, toutes les publicités engrangées lui explosèrent dans la tête pour se concentrer en un seul flash aveuglant, converger vers une volonté bouleversante qui pouvait se résumer en quelques mots : il fallait que ça change, qu'il devienne une bête de consommation pour s'affirmer un autre, un plus, un must, un extrême, un miracle des mirages publicitaires. 
Il consacra toute son énergie et tout son argent à atteindre ce but: se dépasser lui-même. Parvenir au stade suprême: celui d'homme de son temps, de mâle, de héros de tous les jours, tous terrains, toutes voiles dehors. 
C'est sur le rasoir Gillette qu'il compta pour décrocher la perfection au masculin et s'imposer comme le meilleur de tous en tout dès le matin. La joie de vivre, il l'ingurgita en quelques minutes grâce à deux tasses de Nescafé. Après s'être rasé, il s'imbiba de Savane, l'eau de toilette aux effluves sauvages qui devaient attirer toutes les femmes, à l'exception des laiderons, évidemment.
Nouvelle réaliste proposée en classe de 4B
Et pour mettre encore plus d'atouts dans son jeu, en sortant de son bain, il s'aspergea de City, le parfum de la réussite. Sans oublier d'avaler son verre d'eau d'Évian, la seule qui devait le mener aux sources pures de la santé. Il croqua ensuite une tablette de Nestlé, plus fort en chocolat, ce qui ne pouvait que le rendre plus fort dans la vie. Puis il décapsula son Danone se délectant de ce yaourt spermatique, symbole visuel de la virilité. Et termina par quelques gorgées de Contrex, légendaire contrat du bonheur. Il eut la prudence de mettre un caleçon Dim, celui du mâle heureux. Sa chemise avait été lavée par Ariel qui assurait une propreté insoutenable repérable à cent mètres. Il rangea ses maigres fesses dans un Levi's pour mieux les rendre fascinantes à chaque mouvement. Il enfila ses Nike à coussins d'air, avec la conscience de gagner du ressort pour toute la journée. Son blouson Adidas lui donna un supplément d'aisance, celle des jeunes cadres qui vivaient entre jogging et marketing. Il eut la prudence de mettre un caleçon Dim, celui du mâle heureux. Sa chemise avait été lavée par Ariel qui assurait une propreté insoutenable repérable à cent mètres. Il rangea ses maigres fesses dans un Levi's pour mieux les rendre fascinantes à chaque mouvement. Il enfila ses Nike à coussins d'air, avec la conscience de gagner du ressort pour toute la journée. Son blouson Adidas lui donna un supplément d'aisance, celle des jeunes cadres qui vivaient entre jogging et marketing. 
Avant de sortir pour aller au bureau, il vida une bouteille de Coca-Cola pour sentir lui couler dans les veines la sensation Coke, il croqua ensuite une bouchée Lion qui le fit rugir de bonheur et le gorgea d'une bestiale volonté de défier le monde de tous ses crocs. Il ne lui restait plus qu'à poser sur son nez ses verres solaires Vuarnet, les lunettes du champion, et d'allumer une Marlboro, la cigarette de l'aventurier toujours sûr de lui, que ce soit dans la savane ou sur le périphérique. 
Lesté, des yeux aux pieds, de tous ces ingrédients de choc, il aborda sa journée de morne travail aux assurances en enlevant avec brio quelques affaires en suspens depuis des semaines et constata que plusieurs employées se retournaient sur son passage dans les corridors, sans compter que l'une d'elles lui avait adressé quelques mots. 
Il quitta le bureau au milieu de l'après-midi pour aller dans un pub voisin où il commanda un Canada Dry, le dégustant avec la mâle assurance du buveur de whisky certain de ne pas dévier dans l'ivresse. Et rien qu'en jetant un vague regard derrière lui, il repéra immédiatement une jeune femme qui lui parut digne de se donner à lui. Elle était très joliment faite, un peu timide sans doute, mais l'air pas trop farouche et fort mignonne. Pour un homme peu habitué à la drague, il avait eu du flair et le coup d'œil. Grâce à Pink, Floc, Crash, Zoung, Blom ou Scratch sans doute.
 Sans hésiter, il l'invita à prendre un verre à sa table.[...]

Jacques Sternberg,”Credo”, Histoires à dormir sans vous, 1990.
1
Ellipse;
La jeune femme le dévisagea de haut en bas avec un air inquiet et curieux à la fois puis accepta l’invitation avec plaisir.
Ils discutèrent ensemble pendant des heures : de leurs familles, leurs amis, leur travail, leurs passions. 
Il apprit qu’elle avait deux sœurs aînées et un petit frère, qu’elle avait fait des études d’art à Paris et que son père était le patron d’une grande marque de café. 
C’est à ce moment-là qu’il se décida à lui avouer qu’il était passionné par les publicités, qu’il n’en manquait aucune et qu’il les jugeait pleines d’humour et d’invention, et elle partageait son avis.
A peine une vingtaine de minutes plus tard, il se retrouvait avec elle dans son petit appartement.
Il lui servit du café et ils se mirent à discuter de tout et de rien. En plein milieu de la conversation, la jeune femme lui demanda :
Quelle est donc la marque de ce café ? Il est absolument succulent ! 
Ceci est la marque Folliet, j’étais sûr que vous alliez adorer ! dit-il fier de son choix.
- Comment osez-vous ?! hurla-t-elle. Folliet est le plus grand concurrent de mon père et son pire ennemi !
Il fut tellement abasourdi qu’il eut à peine le temps de répondre tandis qu’elle passait le seuil de la porte en la claquant violemment.
2
Ellipse;
          La jeune femme lui fit un clin d'oeil avec ses cils Kiss magnetic lashes , puis, intimidée, baissa ses yeux qui maintenant regardaient sa paire de chaussures Birkenstock. Elle voulut s’avancer vers lui mais remarqua que la rue était pleine de voitures Audi et Fiat. Elle préféra donc marcher sur le trottoir. Elle passa devant des boutiques Mazda, Thule, Noknok et Bellarom quand soudain elle trébucha sur une canette Jarritos. La voyant basculer, le jeune homme se précipita pour venir l’aider. Il la releva de justesse en l’attrapant par son T-shirt DDP. 
          Mais au lieu de le remercier, elle le gifla avec ses Gants Thaisma en criant ”COMMENT OSES-TU TOUCHER À MON T SHIRT DDP ?!!! ”. Puis elle sortit de nulle part une batte de baseball Wilson et le frappa si violemment que même un séjour chez Mayo Clinic ne pourrait le sauver. 

Ensuite, elle quitta les lieux et se fit renverser par une voiture Hyundai Tucson... Carmax, je suppose...
3
Ellipse;
   La jeune femme l’examina longuement et s’approcha doucement de sa table. Il s'empressa de lui tirer une chaise pour qu’elle puisse s'asseoir, en parfait gentleman prenant exemple sur les jeunes hommes galants et bien coiffés de toutes les publicités. Elle le regarda, impressionnée, et finit par s’assoir. Il engagea la conversation parlant de choses et d’ autres. La jeune femme finit par se détendre et ils continuèrent de papoter ainsi longtemps encore. Il lui proposa alors de sortir faire un tour avec lui. Il lui tendit la main et, conquise, elle l’accepta. Sortant du pub, il inspira profondément, bombant le torse à la manière de cet homme dans les annonces pour les produit Febreze. Tandis qu’ils marchaient tous deux main dans la main, la rue commença à se remplir de passants et de voitures. La sortie du travail provoquait toujours un extraordinaire remue-ménage. 
    Dans les publicités pour les bijouteries, l’homme faisait toujours sa déclaration dans un beau parc au coucher du soleil. Il appela donc un taxi, un de ces taxis pour les gens avec une belle bourse. Il donna au chauffeur l’adresse du plus beau parc de la ville. 
    Guidant la belle au milieu des allées désertes, il l’invita à s'asseoir sur un petit banc. Le ciel s’empourpra peu à peu à l’approche du crépuscule. C’était là un coucher de soleil somptueux, digne des publicités les plus réussies. La jeune femme se blottit contre lui et il l’entendit humer son parfum avant de sourire, satisfaite et impressionnée. Il affichait un air radieux quand il sortit une délicieuse barre de Lion de la poche intérieure de son blouson Adidas pour en proposer la moitié à la délicate jeune femme assise à ses côtés. Mais celle-ci se leva brusquement, le regard fixé sur la barre chocolatée. Elle avait l’air sidéré, tandis qu’il affichait une expression de surprise mêlée d’incompréhension. 
L’homme de ma vie en est encore à manger des Lion ?! s’exclama-t-elle. Tu ne sais donc pas que ce sont les Mars qui sont en vogue en ce moment ? 
   Elle tourna ensuite les talons, et s’en alla sans se retourner, le laissant seul, hébété, sur le banc où ils s'étaient aimés.
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