C'est l'histoire d'Alicia qui découvre ses origines gabonaises à 19 ans et va effectuer le voyage retour de rio de Janeiro à Libreville, à la rencontre du père inconnu et de sa culture Bantoue.




Le Voyage d'Alicia

- Page 11: 5/- Palmiers (Palmiers sur la plage). <a href="https://lh3.googleusercontent.com/zaAvxJy9V6WWRDCU_Sg9uStENBoXE1vdhelDNgo5qCGtQvu8XHydj5d0kmVW9VyWYTrikw=s85">https://lh3.googleusercontent.com/zaAvxJy9V6WWRDCU_Sg9uStENBoXE1vdhelDNgo5qCGtQvu</a> <a href="https://lh3.googleusercontent.com/zaAvxJy9V6WWRDCU_Sg9uStENBoXE1vdhelDNgo5qCGtQvu8XHydj5d0kmVW9VyWYTrikw=s85">8XHydj5d0kmVW9VyWYTrikw=s85</a>. DROITS RESERVES - Page 14: Point ( Image de l'enveloppe ouverte). <a href="https://www.francaislangueseconde.fr/sequences-flsorbonne/sequences/attachment/image-ecrire-une-lettre/">https://www.francaislangueseconde.fr/sequences-flsorbonne/sequences/attachment/image-ecrire-une-lettre/</a>. DROITS RESERVES. - Page 16: Croquis (Femmes lisant). https://media.istockphoto.com/illustrations/woman-reading-a-letter-at-the-table-with-lamplight-in-19th-century-illustration-id1148915898?s=612x612. DROITS RESERVES. - Page 19: Photographie de la plage à billes, tirée de: Wonga-Wongué/Jean Pierre Vande Weghe; Agence Nationale des Parcs Nationaux (ANPN), Libreville, 2012 - Page 21: Dessin de F. Grébert (Débarquement) - Page 24: Dessin de F. Grébert (Femmes à l'abri d'un arbre) - Page 26: Dessin de F. Grébert (Boulevard du bord de mer)

Ce matin la fut très particulier. je me réveillai et ne vit pas mes parents. Je décidai donc de déjeuner devant la plage de Copacabana. Le bleu azur de la mer et le jaune du soleil me rappelaient&nbsp;la robe de ma mère le jour de mon 19ème anniversaire. Le bruit des oiseaux me réveilla plusieurs fois. Ma mère n’était toujours pas là, alors je partis voir la chambre de mes parents. A&nbsp;ma plus grande surprise, je ne pus observer mes parents dans leur lit couvert d’une couette rose. En sortant de la chambre, j’observais une boite sous le lit en bois. Cette boite était identique à celle que ma mère m’avait offerte lors de mon 10ème anniversaire. Je l’ouvris et au même instant ma maman entra dans la chambre avec une boite de chaussure en main. Surprise, elle me vit avec une boite à la main, nous lâchons nos boites qui tombèrent au sol. Elle était tellement en colère, que j’ai eu extrêmement peur. Sa peau métissée est passée au rouge. Dans la fameuse boite s’y trouvaient des lettres et des pendentifs. Mais seule une lettre captivait mon attention, elle était en cœur. J’étais tellement concentrée sur ce que je regardais que j’oubliai ma mère. Je pris alors rapidement la lettre pendant que cette dernière se rinçait le visage. Je voulais la lire, mais malheureusement pour moi ma mère réapparut.&nbsp;Je n’ai eu que la possibilité de lire le nom inscrit sur cette lettre. C’était «&nbsp;Ogoulou, j’espère que tu prends&nbsp;soin d’elle et que tu prends soin de toi.&nbsp;» avec un gros cœur. Voyant la lettre dans mes mains, ma mère se remit en colère, une colère très profonde qu’elle me déclencha une gifle, qui me fit sursauter de douleur.

- Mais maman, tu vois bien qu'il est trop vieux pour moi, il a presque l'âge de mon père. Cela ne peut se faire, maman! Et puis, tu sais bien que j'aime un autre homme. Malgré sa situation sociale et ses origines, c'est lui que j'aime… non je refuse! Hurla la jeune femme, car la déception était grande. Elle courut vers sa chambre en pleurant de rage. Ses larmes ne cessaient de couler le long de ses joues rondes et satinées. Sa peau métissée changea de couleur pour passer au rouge. Dans sa tête, tout était sens dessus-dessous. Elle voyait son rêve d'épouser l'homme de sa vie se briser. Elle avait une seule envie qui hantait son esprit: fuir avec son amoureux loin de Libreville. Mais, hélas, rien ne se fit dans ce sens, bien au contraire. Et Ogoulou était déjà menacé de mort par trois hommes engagés par la mère de Salareen Le jeune homme est obligé de changer de quartier et surtout d'oublier celle qu'il aime éperdument, afin de préserver sa vie. Il garde toutefois un contact avec Salareen par l'entremise d'une amie très proche d'elle.

Une fois dans la forêt, les jeunes femmes vécurent durant trois jours et trois nuits presqu'à jeun, ne consommant que de la banane pilée avec du poisson fumé, le tout dans une sauce très pimentée. Les jeunes dames étaient tenue de respecter un régime à base de bain de feuilles fraiches sacrées bouillies, pour commencer la purification du corps. Puis, elles recevaient des bains à base de boue, qui marquaient un processus de retour ou d'appartenance à la terre ancestrale. Le quatrième jour en forêt, elles devaient consommer des décoctions et des potions qui devaient les faire voyager dans l'au-delà, dans un état second, dans le monde des esprits. C'est le jour de prédilection de Maroundou, c'est elle même qui officie la cérémonie Le 4e jour, Maroundou arriva très tôt à l'aube tenant une torche indigènes, objet le plus sacré du rituel, qui représente la lumière et la connaissance des choses cachées. Elle avance en esquissant des pas de danse saccadés, laissant penser qu'à un seul faux pas, elle pourrait tomber. Elle était suivie de ses enfants, les triplées, qui se tenaient autour d’elle. Les jumeaux Koumba et Mboumba étaient derrière et leur sœur, Andoumou devant, en tête de file. Elle était la porteuse de Cithare, un instrument à cordes qui accompagne souvent les initiés. Maroundou demanda à ses jumeaux de commencer le rituel final, qui consistait à faire manger des colas puis de l'Iboga à Alicia.

Chapitre 4: En route pour le village Mayoumba

J'ai fini par croire qu'il m'avait oublié et mis un trait sur notre amour. Je me suis donc résignée à accepter d'aimer ton père Diégo. Mais hélas, malgré le nombre d'années passés ici et à ses côtés, mon cœur est toujours resté au pays. Et Ogoulou continue d'occuper une place de choix. Sans te mentir ma fille, je continue à penser à lui, à nos promenades et sorties au bord de la place et dans notre beau quartier, La Pointe Denis. Ces souvenirs me reviennent comme si c'était hier. - Je te comprends ma petite maman, je t'aime. Lui dit Alicia, tout en s'agrippant à sa mère, en lui faisant plein de bisous. Salareen reprit la parole pour dire à sa fille qu'elle ne voudrait pas rater cette occasion de l'accompagner au pays de ses ancêtres.

Certainement qu'à votre arrivée au village, vous serez accueillies par le trio magnifique, c'est comme cela que les jeunes de la contrée les appelle. Ce sont eux qui vous installent dans les maisons dédiées aux visiteurs venant de loin. Ils vous amènent faire faire le tour du propriétaire, qui vous disent quoi faire et vous montrent comme le faire. Toutes les questions propres aux femmes, c'est Andoumou qui en est la charge d'y répondre. Quand c'est le tour des hommes, le jumeaux en sont chargés d'y répondre. Ici, pas de mélange des genres. Ah j'oubliais..., une dernière chose, surtout ne pas chercher à contrarier ou à décevoir Maroundou, vous risquerez de le regretter fort bien. Bien, mesdames, nos chemins se séparent ici, je vais devoir repartir de l'autre côté de du fleuve, peut-être que quelqu'un aurait aussi besoin de mes services. Je vous souhaite bonne route et à bientôt! Que ce pourquoi vous avez effectuer un aussi long voyage vous satisfasse. - Nous vous remercions, Akéwa (merci en langue locale), pour tout ce que vous venez de nous dire, vous n'en étiez pas obligé. Répliqua Salareen. Alicia était déjà très affaiblie par la maladie et le voyage. Les deux femmes prirent leurs effets et se dirigèrent, à pièds, vers le village.

La route en direction de Mayoumba ne sera pas de tout repos. En effet elle sera ne pas facile car nous devrions surmonter toutes les péripéties qui se présenteront à nous, de plus je ralentissais à cause de cette satanée maladie qui m’empêchait de bien respirer. Mais je ne compte pas baisser les bras&nbsp;! Direction le sud, pour la province de la Nyanga&nbsp;! On marchait plus lentement, ce qui me fit extrêmement du bien que j’en oubliais presque ma maladie. &nbsp;Nous avons pris, ma mère et moi, un mois pour sortir de la forêt. Nous voilà maintenant devant un grand et puissant fleuve, le fleuve Nyanga. Il y avait énormément de courants, vraiment trop. Le piroguier nous attendait sur son embarcation pour la traversée. Pendant que nous le traversons, notre pirogue est propulsée par d'intenses courants d'eau en furie, le piroguier perda toute sa technique et vit sa pirogue s'écraser contre un gros rocher. Heureusement pour lui, la pirogue résista aux flots du fleuve et s'en sortit avec une petite fissure au milieu. Ma mère a le reflexe de s'accrocher avec une main au rocher et l'autre me tenant fortement pour me ramener à elle. Soudain, la tête d'un hippopotame sortit de l'eau. Nous voici toutes les deux agrippées à une partie de la roche. Ouf, nous sommes saines et sauves. Cet instant traumatisant restera à jamais marqué dans ma mémoire. -Alicia, ma chérie, comment te sens-tu&nbsp;? me demanda-t-elle tout en sanglot. -Je vais bien, répondis-je entre mes pleurs et le bonheur de se savoir en vie.

une personne frappa à la porte et ma mère alla ouvrir. C’était mon père, il revenait du dépôt de marchandises avec des légumes, des fruits et du rhum, il m’avait fait une surprise… - Un cadeau pour toi Alicia, cria-t' il en rebondissant sur le grand fauteuil du salon. - Oui papa, j'arrive! Je répondis timidement à son appel. Après m'avoir remis son cadeau, il voulut m’approcher pour me faire un câlin, mais je le repoussai. - Qu'est ce que tu as? questionnât 'il. &nbsp;&nbsp;- Tu as obligé ma mère pour qu’elle se marie avec toi et que je puisse être ta fille. Tu es manipulateur, je ne veux plus te revoir, ! Déclare Alicia, exténuée. Ma mère lui fit un signe de la tête avant de lui avouer que j'avais découvert la boite aux lettres. Mon père m’expliqua alors que s’il ne m’avait pas dit la vérité c’est parce que j’étais trop jeune et incapable de comprendre. Sauf que j’ai compris absolument tout à 19 ans. Et j'allais dans ma chambre, en claquant la porte malgré le fait qu’ils m’ont dit de ne pas m’énerver.

- Maman, explique moi, comment cela a pu se faire? - Ton papa, Diego, n'est pour rien, il est une victime , tout comme moi. Mes parents savaient que leur ami brésilien, bien que riche, ne pouvait avoir d’enfant car il était stérile. Sachant que j'étais enceinte, ils m'ont forcé à me marier à lui .&nbsp;Mes parents avaient trouvé là, une opportunité pour faire un bon placement et mettre leur descendance à l'abri du besoin. Après un semblant de mariage coutumier mal organisé au domicile de mon oncle paternel, à la Pointe Denis, Diego et moi embarquions pour Rio de Janeiro. Quelques 5 à 6 mois, tu venais au monde. - Mais maman, comment s'est passée votre séparation? demanda la jeune femme. - Mes parents ont tout fait pour éloigner Ogoulou de moi. Je n'ai pas vraiment pu lui dire aurevoir, juste le temps de lui annoncer que j'étais en grossesse et que mes parents ne voulaient entendre parler de lui. - C'est grâce à notre amie en commun, que le contact a pu se faire avant de se rompre définitivement quelques mois plus tard. Pendant deux ans nous nous sommes écrit plusieurs fois. Et, comme tu l'a découvert, je rangeais toutes ses lettres dans la boîte. Et, c'est sur sa dernière que tu es tombée, elle m'est parvenue, il y a aujourd'hui exactement 17 ans. Depuis lors, plus rien, pas de nouvelles venant de ton père.

Suite à cela, suivant le rythme de la Cithare, Alicia commença à danser en faisant des mouvements contorsionnés du bassin et agitant de la main une maraca. Sa danse était destinée au masque qui représentait le totem du village. Alicia est entrainée par le son de la cithare et par le rythme endiablé des tambourins. Pendant qu'elle dance, les jumeaux lui font avaler une poudre verdâtre issue d'une transformation d'une écorce sacrée. Aussitôt, la jeune Alicia est emportée dans une transe assez violente et brouillant. Elle a des visions qu'elle ne peut décrypter. Tombée en extase sur sa natte d'initiation, Alicia voit le film de sa vie défiler dans sa conscience, depuis sa naissance jusqu'à son arrivée à Mayoumba. Son identité n'est pas en reste: les esprits lui révèlent clairement le nom de son père, le nombre des frères et sœurs qui composent son clan. Elle découvre également que les triplés sont ses frères et sœur, et que plusieurs enfants de son père ne voient pas de bon œil son arrivée au village. C'est également dans cet état que les esprits viennent confirmer sa guérison totale de la pneumonie, et les événements imminents dans le village. Pour ramener la jeune Alicia sur terre, Maroundou lui verse une cruche d'eau froide sur la tête. C'est la suite du serment d'allégeance au rite de Maroundou, que celle ci déclare Alicia digne de faire désormais partie de la grande famille des initiées du village.

Sources multimédias (suite): D: Les enregistrements audios des élèves -&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Page 12&nbsp;: Rébecca, 5e A -&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Page 15&nbsp;: Audrey, 5e A -&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Page 23&nbsp;: Sylvain, 5e B -&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Page 29&nbsp;: Ashley, 5e C -&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Page 39&nbsp;: Ivy, 5e C -&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Page 46&nbsp;: Thaïra, 5e B -&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Page 51&nbsp;: Owner, 5e B -&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Page 53&nbsp;: Maud, 5e A

Cela faisait déjà un mois que ma mère et moi étions en route pour le village Mayoumba. Nos efforts continuent à porter leurs fruits. Il nous faut maintenant traverser la grande forêt équatoriale, bien que riche et variée, elle nous procure la peur, surtout que nous marchons parfois sur les pistes d'éléphants. Nous marchions à notre rythme et nous étions presque arrivées à la fin de notre tronçon, lorsque plusieurs éléphants surgirent de devant nous. Ils étaient certainement à la recherche d'un point d'eau pour assouvir leur grand besoin. Pour ne pas attirer leurs attentions, nous nous cachions derrière les arbres et reprenions notre route comme si de rien n’était. C’était la première fois que j’en voyais et dire qu’il ne me faisait pas peur serait mentir. Mais la beauté du paysage, la gentillesse des peuples, le soleil qui prend une couleur un peu orangé est splendide le soir à son coucher. Je n’étais jamais venue dans cette partie du monde, mais je n’ai qu’une chose à dire, ce pays est magnifique, j'en suis fière d'en être une ressortissante. &nbsp;Il nous a fallu encore 2 jours pour que nous arrivions au bout du village. La joie et la peur m’envahissaient d’un coup. J’étais à la fois heureuse d’être arrivée et apeurée car j’appréhendais la rencontre avec mon père. A l'entrée du village, les enfants jouent aux jeux de cuire entre eux.

Eh bien, saviez-vous que la grande Maroundou est née dans une famille de tradithérapeutes. Son père, le père de son père et ainsi de suite, étaient tous initiés et plongés dans l'art de la guérison par les plantes. Etant le seul enfant de son père, Maroundou était contrainte d'assumer la charge de responsable du culte ancestral. De son père, la guérisseuse avait appris les techniques de soins, les plantes médicinales, l'interprétation des rêves et songes, et même la divination. En effet, rien qu'en te touchant, elle est capable de lire dans les pensées des gens. Elle a la capacité de prédire les grand événements qui pourraient se produire dans la village. Maroundou est destinée à vivre sans jamais se marier, parce que consacrée à sa tradition. Une femme ayant un tel pouvoir, une telle autorité... ne peut vivre sous le toit d'un homme. Malgré le sort qui lui était réservé, Maroundou rencontra un jeune et bel homme, venant de la tribu rivale, du même village qu'elle. D'ailleurs, ce jeune est devenu le roi de cette tribu il n'y a pas si longtemps. De cette relation éphémère, le temps d'une réconciliation entre tribus, Maroundou donna naissance aux triplés: deux garçons et une fille. Leur naissance fut très énigmatique, surtout pour les jumeaux.

Cette idée trottait sans cesse dans ma tête, tellement que je la partageais à ma mère, qui elle ne manqua pas de me réprimander&nbsp;: -Si tu penses que je vais faire demi-tour maintenant saches que tu te trompes, me réprimanda-t-elle. En aucun cas je ne partirai pas après avoir parcouru tous ces kilomètres, tu comprends? Alors continuons de demander aux inconnus s’ils connaissent ton père&nbsp;! On demandait en vain, mais tout le monde nous ignorait. Nous décidâmes de faire une pause de quelques minutes pour nous reposer, puis nous recommençâmes à questionner les personnes. Mais seule une personne nous accorda quelques minutes de son temps et répondit à notre question. Cette personne nous révéla qu'il était devenu roi d'un village dans la Nyanga, sans donner le nom de ce village. Maman remercia l’inconnu en le bénissant, comme à son habitude. &nbsp;Nous étions tellement obsédées par lui que l’on oubliait l’autre raison pour laquelle nous étions venues&nbsp;: me soigner de cette pneumonie qui m'accablait depuis quelques semaines déjà. Nous devions nous rendre chez la puissante et célèbre guérisseuse Maroundou, sous le conseil des autres tradithérapeutes Librevillois, incapables de guérir ce mal qui me rongeait. Comme par hasard, la guérisseuse vit également dans la Nyanga. Il leur faut continuer le voyage en direction du pays profond.

Le lendemain de ce jour mémorable, Alicia se réveilla de bonne heure. Il était à peu près vers les cinq heures et demie du matin. C’était un matin frais et d’un léger brouillard sur le toit de chaume de toutes les cases du village. Cela présageait d’une journée ensoleillée. Le chant des coqs résonnait depuis les branches et feuillus des arbres fruitiers bordant le village.&nbsp; Désormais tout le village sait qu’Alicia est la fille ainée, non connue, du roi Ogoulou. Ce dernier a déjà été informé de la nouvelle, les jumeaux ont bien pris le soin d’aller le dire à leur père aussitôt la nouvelle parue, telle une trainée de poudre, dans le village et même dans toute la contrée&nbsp;: ‘’la fille ainée du roi est arrivée au village de son père’’, ‘’une autre princesse est comptée dans le village’’. Ce matin-là, Alicia fut invitée à aller rencontrer le roi, son père. La jeune femme fut du moins toute surexcitée, certainement des sentiments d’anxiété, de colère&nbsp;… traversaient son être. Elle ne connaissait pas la personne qu’elle allait voir, et quelle réaction elle aura quand elle s’approchera de lui… Des mauvaises pensées commencèrent à s’installer dans son cœur. Alicia se prépara pour y aller. Elle porta sa plus belle robe ramenée de Rio de Janeiro. Elle était brodée de fleurs. Elle fit des nattes dans ses cheveux et les attacha avec des rubans au bout de chaque tresse. Salareen, qui ne manque pas l’occasion d’accompagner sa protégée, était vêtue d’une chemise brodée en toile fine et d’une longue jupe qui couvrait même ses pieds.

Avant de sortir de la case dans laquelle elles étaient logées, les deux femmes engagèrent une conversation. -&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Alicia, es-tu prête à voir ton père&nbsp;? Questionna Salareen. -&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Non maman, à vrai dire, pas tout à fait prête&nbsp;! Répondit Alicia. -&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Bon, nous sommes parties de très loin pour vivre ce moment tant attendu, et maintenant tu te dis que tu n’es pas prête&nbsp;! Tu sais, nous pouvons aussi repousser ce rendez-vous à demain, si tu le veux. -&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Alicia, ravalant une bouffée d’oxygène, dis&nbsp;: ‘’non maman, j’ai comme une angoisse qui me traverse, mais je reste déterminée à le voir. Ne t’inquiète pas maman, ça va aller.’’ -&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;‘’Je suis avec toi, ma fille, prends ton courage et fonce’’ Répliqua la mère. La jeune Andoumou était déjà au seuil de la porte, quand elles entendirent, le son de sa voix qui les appelait. Elle est venue les chercher pour les conduire auprès du roi. Tout en marchant, les deux filles discutaient et chacune racontait sa vie. Le père avait déjà tout apprêté&nbsp;: ses serviteurs et ses servantes venaient la passé la nuit au palais, car ils avaient à tout préparer avant. Le roi prépare&nbsp;un festin à l’honneur de sa fille. Tout devait y être.&nbsp;

Hommage à Fernand GREBERT. Ces dessins sur le Gabon du début du XXe siècle nous ont beaucoup servi dans l'illustration de notre récit.

Source: Collection du Musée d'ethnographie de Genève, département des affaires culturelles; Editions D, Genève, 2003. Ouvrage publié avec le soutien de la société des amis du musée d'ethnographie de Genève.

-Bonsoir madame, connaissez-vous un certain Ogoulou&nbsp;? demanda ma mère à une inconnue. Mais celle-ci ne répondit pas et passa son chemin. -Bonsoir petit, demandais-je d’une voix douce et calme mais il s’enfuit en courant et en criant qu’il avait vu une sorcière. Ce qui ne m’étonna pas vu mon allure&nbsp;; mes vêtements étaient sals et mes cheveux en pagaille. Peut-être que l’on devrait abandonner nos recherches sur mon père et rentrer dans mon pays natal. De toute façon ce n’est pas si grave que ça, ne pas voir mon géniteur ne me fait en aucun cas mal, surtout que j’ai passé plusieurs années de ma vie sans son existence et son rôle dans ma vie.

Sources multimédias (suite): C: Les sons -&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Page 15&nbsp;:&nbsp;Bruit de vagues <a href="https://www.youtube.com/watch?v=q1095iL7tQM">https://www.youtube.com/watch?v=q1095iL7tQM</a> -&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Page 27&nbsp;: Bruit d’hippopotame <a href="https://www.youtube.com/watch?v=QqnsqBXTL7w">https://www.youtube.com/watch?v=QqnsqBXTL7w</a> -&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Page 31&nbsp;: Bruit d’orage <a href="https://www.youtube.com/watch?v=ljx-kwWIV8Y">https://www.youtube.com/watch?v=ljx-kwWIV8Y</a>

<a href="https://lh3.googleusercontent.com/zaAvxJy9V6WWRDCU_Sg9uStENBoXE1vdhelDNgo5qCGtQvu8XHydj5d0kmVW9VyWYTrikw=s85">https://lh3.googleusercontent.com/zaAvxJy9V6WWRDCU_</a> <a href="https://lh3.googleusercontent.com/zaAvxJy9V6WWRDCU_Sg9uStENBoXE1vdhelDNgo5qCGtQvu8XHydj5d0kmVW9VyWYTrikw=s85">Sg9uStENBoXE1vdhelDNgo5qCGtQvu8XHydj5d0kmVW9VyWYTrikw=s85</a>

Introduction

Notre histoire se déroule en Afrique Centrale, plus précisément dans l'ancienne colonie française, le Gabon du XIXe siècle. Un détour est fait sur le continent américain, à Rio de Janeiro au Brésil, où est née notre personnage principal. Alicia est une demoiselle de couleur, âgée de 19 ans en 1860. Les années 1839 à 1860 voient la belle et téméraire Alicia, conçue à Libreville, née à Rio et révélée à Mayoumba, passée d'une enfance paisible à une jeunesse palpitante, riche de péripéties. Elle est amenée à effectuer un long voyage pour retrouver son père et ses racines africaines car elle est d'origine bantoue du Gabon. Pour cela, Alicia et sa mère, Salareen ,doivent affronter toute forme d'austérité. Le père inconnu, Ogoulou, est resté sans donner signe de vie depuis plus de 16 ans. Salareen ne sait pas ce qu'il est devenu. Les deux femmes se posent en elles mêmes beaucoup de questions : est-il toujours à Libreville? S'est-il marié? A-t-il d'autres enfants ? Pense-t-il me revoir et voir sa fille ? Voudra-t-il me rencontrer ?

Sources multimédias (suite): B: Les images - Page de couverture: Dessin de F. Grébert. - Page 2: Photographie et couverture du livre de Fernand Grébert. Livre ayant servi à illustrer en grande partie notre ebook. DROIT RESERVES - Page 3: Croquis du Gabon dans l'Afrique Equatoriale Française (AEF), (Auteur, F. Grébert). DROITS RESERVES. - Page 4: Carte du Gabon, (Auteur, Google Map). DROITS RESERVES. - Page 8: Dessin de F. Grébert (Bateau accosté).

Gabon Femmes Akélé pratiquant le culte Bwiti; Photo de Michel Huet, entre 1950 et 1953.

Sources multimédias: A: La vidéo - Page 36: Cérémonie Niembé <a href="https://www.youtube.com/watch?v=a_YEOZbPvdE">https://www.youtube.com/watch?v=a_YEOZbPvdE</a>

Après quelques jours de marche, Alicia et sa mère arrivèrent enfin chez la guérisseuse. Une fois au village, les deux femmes furent installées dans une petite chambre où on pouvait voir un lit de bambou et des nattes installées au sol. La chambre était plutôt bien rangée, on pouvait voir une table basse et un tabouret, au-dessus de la porte il y avait une relique destinée à l’initiation des femmes. A l’extérieur la guérisseuse donnait juste des consignes à des servantes pour veiller à ce qu’Alicia et Salareen puissent passer une bonne nuit. Andoumou était la coordinatrice de toutes les servantes de sa mère. D'ailleurs, les bruits courent dans tout le village qu'à la mort de Maroundou, ce serait sa fille qui la succèderait en tant que grande prêtresse de la région. Ce qui serait normal, car la jeune fille avait déjà reçu la formation nécessaire. Mais cela ne se fera pas de si tôt, Maroundou a encore toute sa vigueur et son charisme qui n'a d'égal que sa personne. Samedi matin, le jour se leva très tôt, l’air était doux et frais, quelques rayons de soleil pénétraient la pièce à travers des ouvertures dans les murs faits en paille et en terre cuite. Alicia se sentait mieux que la veille, elle n’avait plus de fièvre et se sentait revigorée. Elle eut envie de sortir prendre de l’air et voir quel était ce lieu avec lequel elle se sentait si connectée.

Une fois à l’extérieur, elle a à peine eu le temps de prendre une grande bouffée d’air frais et d’apprécier le calme qui n'était perturbé que par le chant des oiseaux et par le bruit des vagues venues de l'autre côté de la lagune. Lors de cette courte promenade, Alicia, qui était sortie sans dire à qui que ce soit, croisa une femme d'une cinquantaine d'année, bien parée en costume traditionnel porté par les femmes dépositaires du savoir ancestral, celui de la guérison par les plantes, écorces, peaux de bêtes, et autres breuvages. Malgré cette vive allure, Alicia garda sa tête haute et n'eut même pas une petite peur, comme les autre jeunes de son âge. La vielle dame avait un regard perçant, une démarche imperturbable. Elle était en réflexion, et cherchait quelque chose dans la broussaille qui s'y trouvait. Certainement qu'elle cherchait des provisions pour un grand événement. Sans le savoir Alicia venait de faire la rencontre de la grande Maroundou. Elle fit à Alicia un geste de la main, lui demandant de s'approcher, et cette dernière s’exécuta sans trop se poser de question.&nbsp; - Bonjour madame, m'avez-vous appelé? Lui demanda Alicia, qui venait, intuitivement, de poser son genoux droit au sol devant l'inconnue.&nbsp; - Jeune femme, sais-tu qui suis-je? Demanda la guérisseuse à Alicia. Elle continua en disant : - Je sais ce qui t’amène, les esprits de mes ancêtres m'ont déjà révélé l'objet de ton séjour ici.

Source: Exposition: Musée Dapper, Paris 20/09/2006 - 22/07/2007; Commissaire de l'exposition, Christiane Falgayrettes-Leveau. Edtions Dapper, Paris, 2006. Tous droits réservés En plan 1: Punu du Gabon, masque mukuyi, bois et pigments, H.: 34 cm. En plan 2: Kota - Ndassa du Congo, figure de reliquaire, bois cuivre et laiton, H.: 59 cm.

En repensant aux mots de cette lettre, je pleurais de nervosité, non pas parce-que ma mère m’avait giflé mais parce-que je me posais plein de questions : qui est cet&nbsp;Ogoulou&nbsp;? Pourquoi met-il des cœurs à la fin de la lettre&nbsp;? Et la question fatale qui me fit le plus mal: est-ce que ma mère trompe mon père&nbsp;? Je stressais tellement que j'ai fini par m’évanouir. Quelques heures plus tard, je me réveillai, il était environ 19 heures, car le soleil s’était couché et les vagues de la mer devenaient de plus en plus faibles. Ma mère, inquiète, demeurait à mon chevet. Lorsque je me réveillai bien, je demandai avec une voie fébrile à ma mère&nbsp;: -&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Maman, qui est cet Ogoulou&nbsp;? - Attends que je te raconte toute la vérité concernant mon passé,me répondit-elle. Alors elle me raconta son passé avec Ogoulou, son amour&nbsp;: -Vois-tu, moi, j’ai été obligée de me marier alors que j’étais enceinte de toi. Ton père et moi vivions heureux à Libreville, car nous étions très amoureux l'un de l'autre. - Je ne comprends plus rien… Ogoulou est mon vrai père, et se trouverait au Gabon? et papa Diego alors? Qui est-il donc pour moi?

Après la cérémonie traditionnelle de mariage, Salareen réussit à retrouver Ogoulou dans un champs de manioc de sa grande mère. C'est leur amie en commun, Catherine, qui a arrangé ce rendez-vous ultime, car Salareen partait le lendemain pour une terre lointaine: le Brésil. C'est lors de cette rencontre, loin des regards indiscrets, qu'Ogoulou est informé de la grossesse de sa dulcinée. - Mon cœur, j'ai quelque chose de très important à te dire… Je suis enceinte, nous attendons un bébé! - Quoi, tu blagues, n'est-ce pas? Demanda Ogoulou sur un ton mêlé de joie et de tristesse. - Je ressens beaucoup de vertiges, je suis fatiguée à longueur de journées, le comble est que je suis obligée de courir tout le temps derrière la case pour y vomir et cracher. Mon cœur, je suis obligée de partir, mais compte sur moi, je ne pourrais t'oublier: je porte notre enfant et notre amour ne mourra pas. - J'espère avoir la force de t'attendre et de prendre notre enfant dans mes bras…

Le palais du roi était la belle maison traditionnelle, sa cour occupait le quart de tout le village. Pendant que les convives, Alicia et sa mère, accompagnées d’Andoumou, se dirigeaient vers la demeure du roi, celui-ci se tenait debout, au centre de la cour. Tout de suite, le roi reconnu Salareen et devina que la demoiselle qui se tenait à ses côtés était belle et bien sa fille. Le roi demanda à Alicia d’approcher. Il posa un genou à terre, baisa la main droite de sa fille, qui lui supplia de se relever. Dans une étreinte inlassable, le père et sa fille s’en lassèrent pendant un bon moment, tout en sanglotant. Alicia fit couler beaucoup de larmes sur les vêtements d’Ogoulou, qui en prenait plaisir. Ensuite, il serra fort bien Salareen dans ses bras. Il les supplia de lui pardonner sa lâcheté, son silence… Il leur demanda d’entrer dans sa maison et de s’y installer pendant que les servantes s’activaient à apporter le festin sur la table. Plusieurs questions taraudaient la tête d’Alicia. Elle brulait d’envie de poser la question à son père&nbsp;: -&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;‘’Peux-tu me dire pourquoi nous-as-tu abandonné au point que nous nous retrouvions au Brésil’’&nbsp;? Pendant qu’elle parlait, tout son corps était toit tremblant. -&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Mon enfant, je ne saurais tout t’expliquer en ce jour, laisse le temps cicatriser nos blessures. Répondit Ogoulou en promettant à sa fille de tout lui raconter le lendemain. Pour Ogoulou, l’heure est à la fête, il vient de retrouver Salareen, et surtout, sa fille Alicia. Pour lui, c’est comme un renouveau dans sa vie de cinquantenaire. Tout le village voulait se réjouir avec son chef, chacun apportait ce qu’il avait pour rendre la fête plus belle.&nbsp;

Quelques jours, avant le mariage précipité, Salareen est prise d'un malaise. Dans la cuisine de sa mère, elle ressent d'étranges vertiges, au point d'aller renverser les ustensiles et des vomissures à répétition. En femme expérimentée, sa mère se rend vite compte que sa fille est sans nul doute enceinte. Pour la jeune femme, son état allait annuler ce mariage que seuls ses parents voulaient. Mais pour eux, bien contraire, cette situation a arrangé leurs intérêts, étant donné que leur ami Diego n'avait toujours pas d'enfant malgré ses multiples relations. Diégo est avancé en âge, il avoisine la cinquantaine, et n'a toujours pas de descendants. Cette offre de mariage est une opportunité sur laquelle il va sauter, surtout qu'il s'apprête à quitter le pays et repartir au Brésil.

Sommaire Introduction <a href="bookcreator://page/XI-G93Z2RmCOf7gBvwL0rA">Chapitre 1: La séparation</a> <a href="bookcreator://page/mM03uujQRKS0AA-ma82_iQ">Chapitre 2: La vérité</a> <a href="bookcreator://page/PlPZKSLRSk6MGGxirwz-tA">Chapitre 3: Le retour aux sources</a> <a href="bookcreator://page/9IQdQ1c0QY2RAtMFlBiejg">Chapitre 4: En route pour l'initiation</a> <a href="bookcreator://page/wgXy3X14Q-iEPupEbOQMBg">Chapitre 5: L'initiation d'Alicia</a> <a href="bookcreator://page/9lBt3OxDQweHkVrq0nh4nw">Chapitre 6: La rencontre avec le père</a> <a href="bookcreator://page/hBU_VNUyTuu1oZAOORxzKw">Bibliographie</a> <a href="bookcreator://page/T7p2CFNzQce1mg0Aatxotg">Sources multimédias</a> <a href="bookcreator://page/5Ttn63qgTuixx9bkNLynjQ">Projet Hors IDF</a>

Salareen, une jeune femme d'une vingtaine d'années, attire tous les regards de sa contrée, tellement elle était belle. Son père, un riche commerçant hollandait, venu s'installer au Gabon au début des années 1800, l'avait eu avec une autochtone de la côte gabonaise. Elle était la nièce du grand chef traditionnel de la localité. A 16 ans, Salareen était en âge d'être mariée, selon la coutume en terre africaine. Ce sont les parents qui choisissent le futur mari de leur fille, et elle est tenue d'y obéir et de s'y conformer. Pour les parents de Salareen, l'homme choisi est un autre commerçant venu faire fortune dans l'estuaire au Gabon. Il s'appelait Diégo et venait du Brésil. La mère de Salareen avait réussi à convaincre son mari de donner leur fille à Diego. Pour elle, cela arrangerait les affaires de son homme. Mais la jeune et belle Salareen est amoureuse d'un jeune de sa génération, Ogoulou, venant d'un milieu modeste. Tout le clan réunit à l'insu de Salareen a déjà pris une décision: organiser le mariage de leur fille et nièce avec le brésilien. Sa mère est chargée de l'en informer. Revenue à la maison, la mère, l'air assez sévère, appelle sa fille. - Salareen! Où es -tu? Peux-tu venir, j'ai à te parler. - Oui maman, je suis là, que veux tu me dire? répondit Salareen, le visage froissé par la situation qu'elle subit. - La famille s'est réunie cet après-midi à ton sujet et, la décision est claire: Tu épouseras Diégo, que tu le veuilles ou pas.

Seul le retour en terre ancestrale pourrait leur apporter des réponses. Le voyage est donc la seule alternative, quoi que cela est très dangereux elles vont refaire la grande traversée. Nous avons choisi d'illustrer notre travail avec les croquis et dessins du pasteur et missionnaire Fernand Gerbert, présent au Gabon au début du XXe siècle. Toutes les images scannées sont de lui et tirées de son ouvrage "Le Gabon: 1813 - 1850". Nous lui rendons hommage pour son travail remarquable sur le Gabon.

- Page 28: Dessin de F. Grébert (Piroguier de dos) - Page 33: Dessin de F. Grébert (Village en pleine forêt) - Page 35: Culture Gabonaise (Procession de femmes en file indienne). <a href="https://www.google.com/search?sa=G&amp;hl=en&amp;sxsrf=ALeKk011_TNpTld_kvWh9kMXjbSFHQtiAw:1622884110001&amp;q=culture+du+gabon&amp;ved=2ahUKEwiJjI23koDxAhUI8hQKHQaKAqEQvQ4oAHoECAEQMA&amp;biw=1366&amp;bih=625">https://www.google.com/search?sa=G&amp;hl=en&amp;sxsrf=ALeKk011_TNpTld</a> <a href="https://www.google.com/search?sa=G&amp;hl=en&amp;sxsrf=ALeKk011_TNpTld_kvWh9kMXjbSFHQtiAw:1622884110001&amp;q=culture+du+gabon&amp;ved=2ahUKEwiJjI23koDxAhUI8hQKHQaKAqEQvQ4oAHoECAEQMA&amp;biw=1366&amp;bih=625">_kvWh9kMXjbSFHQtiAw:1622884110001&amp;q=culture+du+gabon&amp;ved</a> <a href="https://www.google.com/search?sa=G&amp;hl=en&amp;sxsrf=ALeKk011_TNpTld_kvWh9kMXjbSFHQtiAw:1622884110001&amp;q=culture+du+gabon&amp;ved=2ahUKEwiJjI23koDxAhUI8hQKHQaKAqEQvQ4oAHoECAEQMA&amp;biw=1366&amp;bih=625">=2ahUKEwiJjI23koDxAhUI8hQKHQaKAqEQvQ4oAHoECAEQMA&amp;biw</a> <a href="https://www.google.com/search?sa=G&amp;hl=en&amp;sxsrf=ALeKk011_TNpTld_kvWh9kMXjbSFHQtiAw:1622884110001&amp;q=culture+du+gabon&amp;ved=2ahUKEwiJjI23koDxAhUI8hQKHQaKAqEQvQ4oAHoECAEQMA&amp;biw=1366&amp;bih=625">=1366&amp;bih=625</a>. DROITS RESERVES - Page 38: Dessin de F. Grébert (Chambre à coucher au XIXe - XXe siècle) - Page 41: Dessin de F. Grébert (Danseuse masquée) - Page 44: Femmes Akélé pratiquant le culte Bwiti. DROITS RESERVES - Page 47: Dessin de F. Grébert (Concession du roi) - Page 52: Masques du Gabon. Source: Exposition: Musée Dapper, Paris 20/09/2006 - 22/07/2007; Commissaire de l'exposition, Christiane Falgayrettes-Leveau. Edtions Dapper, Paris, 2006. DROITS RESERVES

A l’écoute de ce que disait Maroundou, tout le village toussa des cris de lamentation et pleura à chaudes larmes son roi. Plusieurs filles parmi les invités du roi s’évanouirent, d’autres se roulèrent à même le sol, tellement cette nouvelle les bouleversait. &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Malheureusement, ce qu’avait prédit Maroundou arriva, le roi rendit l’âme, au premier chant du coq. Au petit matin, le plus âgé des conseillers du roi tint une réunion avec tous les membres présents au village. L’ordre du jour cette rencontre porta sur les funérailles du roi et, évidemment sur sa succession. Comme il était de coutume, quand il y a plusieurs prétendants au trône, il faut que les anciens du village consultent les esprits afin de connaître l’heureux élu. En effet, le roi Ogoulou avait eu une dizaine d’enfants dont Alicia. Après un bref rituel de consultation, les esprits choisirent la belle et grande Alicia, car elle s'est montrée courageuse, brave et intelligente durant tout le long et difficile voyage. Ce choix déplu aux jumeaux et leur sœur… Mais cela est une autre histoire.

Sa mère, Salareen, qui l'avait rejoint au sanctuaire le dernier jour de l'initiation, était fière de voir sa fille enfin rattachée à ses origines. Elle poussait des grands cris joie, que tous ceux qui étaient arrivés assister à la cérémonie entendaient.&nbsp; Le dernier moment du rituel correspondait à la remise des vêtements à la nouvelle l'initiée. Un pagne blanc en guise de pureté, qu’elle portait autour de la taille. Maroundou lui mit les insignes de son clan sur le front. À la fin de la cérémonie, elle dû brûler ses anciens vêtements. La torche indigènes dans la gauche, Alicia était devenue une nouvelle personne, une nouvelle identité. Son voyage était presque arrivé à son terme. Mais, la jeune Alicia avait encore une chose à élucider: aller rencontrer ce père qui n'était plus très loin.

Bibliographie: 1/- Le Gabon de Fernand Grébert: 1913 - 1932. Publié avec le soutien des amis du Musée d'ethnographie de Genève. Collection Sources et témoignages; Musée d'ethnographie, ville de Genève - Département des affaires culturelles. Editions D, Genève, 2003. 29cm x 25cm. 2/- Gabon: présence des esprits. Exposition du Musée Dapper à Paris. Commissaire de l'exposition: Christiane Falgayrettes-Leveau. Editions Dapper, Paris, 2006. 33cm x 25cm. 3/- Wonga-Wongué/Jean Pierre Vande Weghe. Agence Nationale des Parcs Nationaux (ANPN) du Gabon. Libreville, 2012. 27cm x 25cm.

Le lendemain, au petit matin, Salareen et sa princesse se préparèrent à pénétrer la forêt interdite aux profanes. Elles doivent s'habiller, se saupoudrer et mettre tout type de relique en ossements, en plumes ou en peau. Le moment était déjà venu pour toutes les convives de se déguiser avec du kaolin et des huiles d'amande pour le corps. La cérémonie d'initiation féminine va bientôt commencer. Chaque participante sort de sa case pour aller rejoindre les autres femmes devant la grande case de maman Maroundou. La cérémonie d'initiation chez Maroundou commence toujours par une procession en direction de la forêt sacrée située à quelques encablures du village. Au son du sifflet d'Andoumou, Alicia bondit de son tabouret pour aller dehors, rattraper sa mère qui y était déjà. En moins de 5 minutes, la cours se remplit de plusieurs autres jeunes femmes vêtues à l’identique. Elles se mirent en fil indienne et prirent le chemin de la clairière. La guérisseuse était en tête de fil, au passage de chaque filles, juste à l'entrée de la forêt sanctuaire, elle leur remettait une torche indigène, faite à partir de la résine d'Okoumé et des écorces.

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- Vous êtes la grande Maroundou, n'est-ce pas? - Dis donc, qui penses-tu que Je suis ? N'as-tu pas pris la peine de te renseigner, jeune fille? Je suis la maîtresse ici! - Je me disais bien que c'est la maîtresse des lieux qui se tenait là, excusez-moi pour mon intrusion dans votre sanctuaire. Alicia s'agenouilla à nouveau, et baisa la main de la radiothérapeute. - Relève toi mon enfant, tu as trouvé grâce aux yeux des ancêtres. Nous nous verrons demain lors de la cérémonie d'initiation. Rejoins ta case, et pour demain, n'oublies surtout pas de porter le raphia blanc teinté de rouge sur la bordure qui est sous ton lit. Tu diras à ta mère de porte simplement le pagne blanc. Alicia retourna trouver sa mère, qui commençait à la chercher. Elle lui raconta sa rencontre avec la guérisseuse lors de sa promenade impromptue. Elle n'oublia pas de lui donner les consignes que Maroundou avait édictées.

Les hommes ramenaient des boissons fermentées, telle que le vin de palme, le vin de canne à sucre, le vin de maïs. Les femmes, quant à elles apportaient du poisson fumé, des paquets de concombre, de la pâte d’arachide… Pendant que tout le monde se réjouissait dans la cour du roi, des personnes malintentionnées entrèrent furtivement dans la pièce dédiée à stocker toutes les boissons et introduirent un poison très mortel dans la calebasse réservée à Ogoulou. Pendant la soirée de réjouissances, le roi se laissa un peu aller. Il consomma du vin de palm, accompagné d’un plat de sardine fumées à l’odica, dans lequel on y avait mis des chenilles grillées. Au milieu de la nuit, le roi voulu présenter solennellement sa fille à tous les convives. Il invita Alicia au centre de la cour, attrapa la main droite de sa fille pour la relever. Après avoir prononcé&nbsp;«&nbsp;J’ai l’immense honneur et le privilège de vous présenter la princesse Alicia&nbsp;!&nbsp;» Ogoulou, qui se tenait débout avec sa fille, se retrouva brutalement au sol&nbsp;: il venait d’être foudroyé par un malaise d’une rare violence. Ses gardes le transportèrent dans sa chambre, aussitôt, on fit appeler Maroundou de toute urgence. Elle consulta le roi et compris qu’il avait été victime d’un empoisonnement. Tout le village était en émoi, tellement la tristesse se lisait sur les visages. La guérisseuse sorti pour communiquer sur l’état de santé du roi&nbsp;: «&nbsp;Notre roi vient d’être empoisonné et je suis au regret de vous dire qu’il ne verra pas la lueur du jour, tellement le poison est très puissant, et il n’y a pas d’antidote possible&nbsp;»&nbsp;

source: Wonga-Wongué/Jean Pierre Vande Weghe; Agence Nationale des Parcs Nationaux (ANPN), Libreville, 2012

En effet, le jour de la naissance des jumeaux, Mboumba et Koumba, il pleuvait des cornes, tellement les éclaires et le tonnerre ne semblaient s'arrêter. Le ciel s'était, tout d'un coup, assombri alors que le jour venait de se lever. C'est au petit matin du jour qui a suivi que la fille, Andoumou est née. C'est juste après sa naissance que le temps est devenu plus clément. La naissance des triplés présageait certainement, un événement futur: Lequel?! Seul l'avenir nous en dira. L'arrivée des triplés apporta une accalmie dans le village. En effte, les relations, autrefois très tendues entre les deux tribus se normalisèrent. Elles avaient, à nouveau, l'engouement de partager les mêmes zones de péche et de chasse, les mêmes espaces culturaux. Les mariages intertribaux se contractèrent, à nouveau... Aujourd'hui, ces triplés ont grandit et jouent un rôle très important auprès de leurs mère lors des cérémonies traditionnelles, mais aussi auprès de leur père, le roi de Mayoumba, en tant que conseillers. Auprès de leur mère, les jumeaux sont chargés des travaux nécessitant un effort physique, tandis que leur sœur accompagne la mère dans tous les rites et cérémonies d'initiation des femmes.

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Linguiste : Jean-Marie Hombert Ethnologue : Thierry Nzamba Nzamba Image et fils : Luc-Henri Fage Montage : Caroline Laurent Sorosoro vous avez emmené à la découverte d'une rite initiatique punu (Gabon) : le niembé. Ce rite, exclusivement féminin, est invoqué à l'éducation des jeunes femmes et placé sous le signe d'une transmission mère-fille. En savoir plus :<a href="https://www.youtube.com/redirect?event=video_description&amp;redir_token=QUFFLUhqbU1SR0p4SVBRcGlhQ0d5d3pjN1RjcHhoOEhZUXxBQ3Jtc0trMTdRcDdka2hzcFQtQWh2Vll2eTdydU9lYUpIZkc2QjU0MUVFY0IwSjhvX09NYm1lTFl5YzUyd21LU1M2cXJSdTNmSXBuc3N6MWtYUzk0OGlUT01Xb2NQdUtTREI4cWs0Z3pBXzl0MUNBMlF4SVVwSQ&amp;q=http%3A%2F%2Fwww.sorosoro.org%2Fceremonie-du-niembe-chez-les-punu-du-gabon">http://www.sorosoro.org/ceremonie-du-...</a>

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Entre temps, le piroguier venait de regagner le rivage, nous abandonnant sur le rocher situé en plein milieu du cours d'eau. Il avait certainement raison, car la pirogue commençait à se remplir d'eau à cause de la fissure. Maman et moi continuons la traversée à la nage avec une partie de nos effets. Une fois arrivée sur terre ferme, maman me fit un gros bisou sur le front et me pris dans ses bras comme à l’époque quand j’étais encore une petite fille et pas une jeune femme comme aujourd'hui. Je ressers son étreinte en pleurant toutes les larmes de mon corps.&nbsp;En remerciant le ciel de nous avoir sauvé la vie. A cause de cette baignade obligatoire, la fièvre et les étouffements commencèrent à reprendre de plus belle manière. La fameuse pneumonie était encore là. Après avoir réparé sa pirogue, le piroguier fit un grand feu sur le rivage. Il nous y invita, et, pendant que effets étaient en train de sécher, il profita de nous raconter l'histoire de la guérisseuse chez qui nous nous rendions. En effet, Maroundou était très connu et craint dans tout le pays, et ce, grâce à ses pouvoirs de guérisseuse. Le piroguier nous regarda d'un air un peu songeur et dit. - Connaissez-vous la grande Maroundou que vous allez voir? -Non, pas encore. On nous a seulement dit qu'aucune maladie ne peut résister à ses traitements. Avons-nous répondu d'une même voix. - Beh, je vais vous la raconter avant de repartir sur l'autre rive. Ajouta le piroguier, qui pris place à nos côtés autour du feu.

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