Chut !

SOMMAIRE

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“Allons-y !”
Nous étions séparés depuis trop longtemps pour ne pas agir. Il était temps pour nous de devenir maîtres de notre destin. Depuis toujours, d’autres choisissaient pour nous, depuis toujours nous devions nous contenter de subir les décisions des autres. Jamais nous n’avions été libres de nos mouvements et cela devait suffire !
Malgré le risque, Mathilde, Manon et Marie surnommées les “3 M” décidèrent de partir à l’aventure.
Les cheveux châtains, lisses et peignés en arrière de Mathilde se mariaient très bien avec le visage rond, le teint bronzé et les joues potelées de Margaux qui s'avérait être plus rusée qu'elle le laissait croire. Manon contrastait avec ses deux amies, cheveux blonds, bouclés, peignés en raie et soutenus par une jolie pince en perles mauve.
Les trois filles se retrouvèrent, rapidement, devant deux immenses murs aux parois aussi lisses qu'une perle de nacre, l'un rouge, l'autre jaune. Derrière eux, s'étalait une vaste forêt aux multiples dangers. Prises de panique, Mathilde et Manon reculèrent .
Margaux dit : “Enfin les filles ! Nous n’avons pas fait toute cette route pour rebrousser chemin. Nos vies doivent désormais surmonter les peurs qui nous assaillent. Nous devons traverser la forêt de bois rose et oublier les légendes que nos parents nous ont racontées. Alors peut-être nous décrocherons le Graal qui nous attend de l’autre côté. Si cet autre côté existe…”

Grâce à la détermination de Margaux, nous nous reprîmes en main et s'enfonçâmes, fébriles, dans la forêt. A peine y avions-nous posé un pied que nous fûmes plongées dans un univers aux mille et unes couleurs. Au-dessus d'elles étincelait une myriade d'étoiles multicolores. Les jeunes filles furent subjuguées devant ce spectacle. Mais Mathilde ne s'attarda guère car elle avait aperçu, au loin, une issue possible. Les deux autres, bien qu'indécises , la suivirent d'un pas hésitant. A mi-chemin celle qui était jusque-là la meneuse revint en courant, apeurée. Des cadavres gisaient au sol en plein milieu du chemin prétendait-elle. Ses camarades s’élancèrent aussitôt vers la scène. Elles restèrent longtemps paralysées par l'effroi devant l'horreur de la scène. Leur instinct de survie les poussa, néanmoins, à fuir à toutes jambes.
Dans leur course insouciante, les trois filles trébuchèrent, glissèrent et tombèrent dans le vide. Lorsqu'elle se releva, Mathilde se trouva nez à nez avec un tigre colossal à l’œil vitreux et à l'oreille déchiquetée, autour du cou duquel pendait une tétine énorme. Effrayées, les amies hurlèrent et appelèrent à l’aide...
Sans comprendre ce qui leur arrivait, elles se retrouvèrent immergées dans une eau chaude délicatement parfumée où, à leur grande surprise, elles reconnurent les garçons qu'elles cherchaient à rejoindre et dont elles avaient été séparées de force. Ces derniers se prélassaient dans ce merveilleux lagon odorant.
C’est à ce moment-là que maman surgit dans la salle de bain en disant: «Mon amour il faut sortir du bain et n’oublie pas de sécher tes barbies et tes kens sur ta grande serviette rose. »

Jadis, dans un village à l’orée d’une forêt, vivait une femme dotée de pouvoirs surhumains. Son esprit omniscient lui permettait de visualiser tout le village dans les moindres recoins. Par ses capacités de télékinésie, elle pouvait élever des murailles à partir des éléments de la nature : ici un mur de glace, là une armure de roches, ou là encore un dôme de feu.
Artemisia avait les cheveux bruns, les yeux allongés, de couleur noir, et d’un éclat brillant. Son regard perçant laissait entrevoir son courage et sa vaillance. Son teint clair, blanc comme neige, contrastait avec sa chevelure. Combattante de Mimic depuis son plus jeune âge, elle avait appris toutes les techniques de ces créatures cruelles, et pouvait les battre sans subir une seule égratignure. Les villageois dormaient paisiblement cette nuit-là.
Mais Artemisia veillait, comme chaque nuit, à la protection de ses compagnons. Elle surveillait par la pensée les abords du village, elle contrôlait les bêtes sauvages tentées de piller les récoltes, et surtout elle guettait les signes du mal.
Tout à coup, l’une de ses visions la perturba, elle crut voir une silhouette malheureusement familière, un esprit cruellement dangereux qu’elle avait espéré ne plus jamais revoir dans les contrées de sa patrie. Elle s’efforça de garder son sang-froid et d’analyser rapidement et efficacement la situation. Pas de doute, après avoir changé de point de vue, après avoir zoomé, elle en était certaine, il s’agissait d’un Mimic. Ce dernier était en train de se transformer.

Car c’est là l’une des particularités de ces créatures : elles prennent l’apparence, la personnalité, la voix d’un individu.
La femme décida de protéger son village en élevant d'impénétrables remparts de ronces solides.
A partir de ce moment-là, elle combattit l’entité sans trop d’efforts. Elle croyait avoir vaincu, comme à chaque attaque depuis son plus jeune âge lorsque soudain, dans la pénombre, apparurent des centaines de ces Mimics ! L'affrontement devint alors plus rude mais Artemisia se débattit et livra un combat acharné. Ses ennemis prenaient de plus en plus de terrain laissant derrière eux des victimes de leur cruauté. Aussi, la femme décida de se replier pour trouver un plan et libérer le village. La fin du combat approchait, les villageois résistaient valeureusement aux côtés d’Artemisia, si bien que les Mimics semblaient vaincus, les rues étaient recouvertes du sang verdâtre des mimics mais aucune trace de leur protectrice. L'inquiétude se propageait lorsque tout à coup, les villageois aperçurent une silhouette ressemblant à celle de leur protectrice. Derrière elle, dans la pénombre, un corps gisait, inerte. Artémisia décomposa chacun des derniers mimics. L'héroïne fut célébrée et acclamée pendant des heures. En son honneur, le conseil des villageois décida qu'une statue à son effigie serait érigée en plein cœur du village. Tout le monde se sentait invincible à ses côtés. Quelle chance d’avoir un être divin comme elle dans sa patrie !