NO raccord saison 2

Avertissement

Ce livre est la trace d'un atelier d'écriture qui s'est déroulé entre mars et avril 2019 dans le cadre d'un Atelier Relais avec des collégiens. Nous sommes partis d'un récit existant, No Raccord, écrit par une auteure méenne, Stéphanie Fouquet qui s'intéresse à l'écriture participative (voir le blog no-raccord.webnode.fr).

L'atelier d'écriture nous a permis d'écrire en collaboration avec l'auteure, la saison 2 de No Raccord, sous la forme d'un récit polyphonique. Les textes des élèves sont sous la forme audio ou écrits en italiques.

Chapitre I

ATELIER N°1

1- Se répartir autour de la grande feuille (fresque), prendre des mots dans les textes posés sur la table et les recopier sur la fresque. (20')
2- Lecture à tour de rôle puis aléatoire (à l'écoute) en changeant le rythme et l'intensité. (10')
3- Faire son marché (prendre dans les textes des passages qui nous plaisent, entourer ce que l'on prélève.) (10')
4- Faire une liste de mots et d'expressions et chercher à chaque fois son contraire (15')
5- Récré
6- Ecriture d'un premier texte. (10')
7- Affichage des textes et faire son marché dans les textes des autres (mots ou expressions) (15')
8- Réécriture (texte 2) : trois possibilités : continuer le premier texte, le ré-écrire en se servant de la collecte du marché, écrire un autre texte (15')
9- Lecture à voix haute (pas de jugement, la discussion vient après).
10- Bilan oral et collectif : comprendre ce qu'on vient de faire et à quoi ça sert.Tout le monde doit prendre la parole.
11- Bilan individuel (livret)
12- Dire d'où venaient les textes du début, présentation de Stéphanie Fouquet (l'auteur des textes qui sont en fait des extraits de son dernier livre) et du projet de création d'un e-book

C’est ici. Dans ce vallon, au bord de l’eau. Dans cette eau qui s'écoule dans l'eau. L'estuaire du Mont Corchu. C'est ici que la mer règne et lâche ses vapeurs.

Il va falloir accoster là, dans cet arrière fond de pays encore englué de croyances. A croire que le temps s'arrête !

C'est ici que tout a commencé... Mais les anciens sont morts. Ils ne pourront rien raconter. Le récit se construira donc au présent.

La mer est la présence, le reste grouille à sa surface, comme mouches autour de la carne. Au fond du vallon, le village dort. Les maisons alignées les unes auprès des autres se réservent le peu de chaleur de l'hiver. Des cheminées fument.

En amont le petit fleuve s’écoule. Il faut croire qu'il a été suffisamment puissant pendant des millénaires pour trouer la pierre. Il impose sa vallée au milieu du plateau calcaire.

Rien ne bouge ici, depuis des dizaines d'années. Les hommes ont construit leurs toits, leurs murs, leurs ponts, leur port.

Ce village est incertain. Il pourrait s'accrocher à des côtes normandes ou méditerranéennes. Il ne se retrouve pas sur les cartes IGN ou sur les relevés de GPS. Nommé Le Corchu par les habitants, il est peu mentionné sur les panneaux signalétiques. C'est un village reclus. Il entre par le trou du siècle dans son labyrinthe. Les hommes l'ont effacé de leur mémoire. Un mur barré en ferme la sortie. Tyrannie du mur et meurtre du trou. Ici règne le secret, prisonnier de la pierre.

Il nous faudra des plumes, de nombreuses plumes pour écrire ce livre. La mise en onde est une fantaisie de spécialistes. Mais l'évidence est morcelée. Et c'est de vie qu'il nous faut parler. Alors tout le monde a son mot à dire.

Le village dort dans la paix de son encre. La mer brasse les galets dans une humeur de désordre. Le ciel se remplit de poignards d'étoiles filantes et crache sa bruine sur les toits luisants et glissants.
On ne sait pas ce qui va se passer. On sent le vent, le souffle. Un secret de meurtre éclate. Et toujours, le retour à l'origine, la possible disparition du tout.

Un collectif d'auteurs-lecteurs découvreurs de mystères entreprend la création d'un livre, ailleurs, dans la dilatation du temps.
Mais où bat la vie ?