Book Creator

3ème- Les femmes rebelles au théâtre

by Domingues Sylvie

Pages 6 and 7 of 105

Loading...
LE MAGISTRAT. - Mais d'où vous est venue l'idée de vous mêler de la guerre et de la paix ?
LYSISTRATA. - Nous vous le dirons.
LE MAGISTRAT. - Dis donc vite, ou tu t'en repentiras.
LYSISTRATA. Écoute, et tâche de modérer tes gestes.
LE MAGISTRAT. - Je ne puis ; j'ai peine à me contenir, tant je suis en colère.
UNE FEMME. - Tu n'en auras que plus de regrets.
LE MAGISTRAT. – Garde pour toi ce triste présage ma vieille. (À Lysistrata.) Mais parle.
LYSISTRATA. - Je vais te satisfaire. Précédemment, dans la dernière guerre, nous avons supporté votre conduite avec une modération exemplaire ; vous ne nous permettiez pas d'ouvrir la bouche. Vos projets étaient peu faits pour nous plaire ; cependant ils ne nous échappaient pas, et souvent au logis nous apprenions vos résolutions funestes sur des affaires importantes. Alors, cachant notre douleur sous un air riant, nous vous demandions : « Qu'est-ce que l'assemblée a résolu aujourd'hui ? quel décret avez-vous rendu au sujet de la paix ? - Qu'est-ce que cela te fait ? disait mon mari : tais-toi ; » et je me taisais.
UNE FEMME. - Moi je ne me serais pas tue.
LE MAGISTRAT. - Il te serait arrivé mal de ne pas te taire.
LYSISTRATA. - Aussi me taisais-je. Une autre fois, vous voyant prendre une résolution des plus mauvaises, je disais : « Mon ami, comment pouvez-vous agir si follement ? » Mais lui me regardant aussitôt de travers, répondait : « Tisse ta toile, ou ta tête s'en ressentira longtemps ; la guerre est l'affaire des hommes ! »1
LE MAGISTRAT. - Par Jupiter ! il avait raison.
Loading...
LYSISTRATA. - Raison ? Comment, misérable ! il ne nous sera pas même permis de vous avertir, quand vous prenez des résolutions funestes ? Enfin, lasses de vous entendre dire hautement dans les rues « Est-ce qu'il n'y a plus d'hommes en ce pays - Non, en vérité, il n'y en a plus, » disait un autre ; alors les femmes ont résolu de se réunir, pour travailler de concert au salut de la Grèce. Car qu'aurait servi d'attendre ? Si donc vous voulez écouter nos sages conseils, et vous taire à votre tour, comme nous faisions alors, nous pourrons rétablir vos affaires.
LE MAGISTRAT. - Vous, rétablir nos affaires ? Tu dis là quelque chose de violent et d'intolérable.
LYSISTRATA. - Tais-toi.
LE MAGISTRAT. - Toi, scélérate, tu prétends me faire taire, toi, avec ton voile sur la tête ? J'aimerais mieux mourir.
LYSISTRATA. - Si c'est là ce qui t'offusque, tiens, prends ce voile, mets-le sur ta tête, et garde le silence. Prends aussi ce panier, mets une ceinture, et file la laine, mange des fèves : la guerre sera l'occupation des femmes.
Loading...
LYSISTRATA. - Raison ? Comment, misérable ! il ne nous sera pas même permis de vous avertir, quand vous prenez des résolutions funestes ? Enfin, lasses de vous entendre dire hautement dans les rues « Est-ce qu'il n'y a plus d'hommes en ce pays - Non, en vérité, il n'y en a plus, » disait un autre ; alors les femmes ont résolu de se réunir, pour travailler de concert au salut de la Grèce. Car qu'aurait servi d'attendre ? Si donc vous voulez écouter nos sages conseils, et vous taire à votre tour, comme nous faisions alors, nous pourrons rétablir vos affaires.
LE MAGISTRAT. - Vous, rétablir nos affaires ? Tu dis là quelque chose de violent et d'intolérable.
LYSISTRATA. - Tais-toi.
LE MAGISTRAT. - Toi, scélérate, tu prétends me faire taire, toi, avec ton voile sur la tête ? J'aimerais mieux mourir.
LYSISTRATA. - Si c'est là ce qui t'offusque, tiens, prends ce voile, mets-le sur ta tête, et garde le silence. Prends aussi ce panier, mets une ceinture, et file la laine, mange des fèves : la guerre sera l'occupation des femmes.