Sur les sentiers des Alpes-Maritimes, à la découverte de la Seconde Guerre mondiale dans les Alpes du Sud

Histoire locale : la bataille de l'Authion (10 - 25 avril 1945)

Théâtre d’affrontements militaires depuis la Révolution française, le massif de l’Authion est fortifié dès la fin du XVIIIe siècle. Dans le dernier quart du XIXe siècle, il s’intègre au système de défense conçu par le directeur du Génie, Raymond-Adolphe Séré de Rivières pour protéger la frontière orientale de la France, de Dunkerque à la Méditerranée. De cette époque datent les forts de la Forca, des Millefourches et la Redoute de la Pointe des Trois Communes. Dans l’entre-deux-guerres, un ouvrage Maginot est installé à Plan Caval mais reste inachevé lorsque la guerre éclate. Si quelques accrochages ont lieu sur l’Authion en juin 1940, au moment de l’offensive italienne, c’est surtout en avril 1945 que se déroulent les principales opérations. Ces dernières s’inscrivent dans la libération du département, encore partiellement occupé par l’ennemi. La première Division française libre, une des grandes unités des FFL, et le troisième Régiment d’infanterie alpine, issu des FFI, y affrontent des forces allemandes et italiennes, retranchées sur le massif. Dans des conditions particulièrement difficiles, liées au relief, à la météo et à la résistance de l’adversaire, les Français lancent l’offensive le 10 avril au matin et, deux jours plus tard, se rendent maîtres de l’Authion. Ils poursuivent alors les opérations dans la vallée de la Roya puis franchissent le col de la Lombarde, celui de Tende étant devenu impraticable en raison des destructions, et pénètrent en Italie. Le 3 mai, à la demande des alliés anglo-américains, de Gaulle donne l’ordre à la 1e DFL de cesser les combats. Le bilan est lourd. Sur le plan humain, la bataille de l’Authion a entraîné la mort de près de 300 soldats français, dont 273 pour la 1e DFL. Les destructions sont également considérables - ouvrages d’art, bâtiments…- et les pentes frontalières, couvertes de mines antipersonnel, nécessitent un déminage qui se prolonge jusqu’en septembre 1946. Mais ce sacrifice a permis la libération totale du département ainsi que la rectification des frontières franco-italiennes en 1947, décidée lors du traité de Paris (voir étape 7).

Distance : 205 km environ Dénivelé positif : 15 000 m environ Dénivelé négatif : 12 500 m environ Altitude minimale : niveau de la mer Altitude maximale : 2583 m

Ci-dessus : le fort de Rimplas (sommet au deuxième plan à droite)

Jour 14 D'Auron à Saint-Dalmas-le-Selvage GR5 Distance&nbsp;: 12,7 km Dénivelé positif&nbsp;: 716 m Dénivelé négatif&nbsp;: 856 m

Jour 15 De Saint-Dalmas-le-Selvage au col des Fourches GR5 Distance&nbsp;: 12,1 km Dénivelé positif&nbsp;: 1200 m Dénivelé négatif&nbsp;: 477 m

Jour 13 De Roya à Auron M61 jusqu'au Bourguet puis balisage jaune (possibilité de poursuivre jusqu'au hameau de Douans) et M69 Distance&nbsp;: 10,9 km Dénivelé positif&nbsp;: 671 m Dénivelé négatif&nbsp;: 578 m

Moulinet : l'inscription à l'entrée de la mairie

Col de Fenestre   fortifications italiennes

Les maisons reconstruites côtoient les ruines de l'ancien village incendié par les Allemands en 1944

Mise en perspective : la libération des Alpes-Maritimes

Avant même le débarquement allié en Provence, la libération des Alpes-Maritimes débute, en juillet 1944, par une insurrection des FFI qui permet de chasser l'ennemi de quatre villages du Haut-Var : Daluis, Guillaumes, Péone et Beuil. Les résistants poursuivent ensuite leur action dans l'arrière-pays et, malgré des contre-offensives allemandes, installent des CLL* dans plusieurs communes. De leur côté, les troupes alliées, débarquées sur les côtes provençales le 15 août 1944, progressent rapidement vers l'est jusqu'au Var, libérant, avant la fin du mois, Cannes, Grasse, Antibes et Vence. Pour les inciter à franchir le fleuve, un comité insurrectionnel organise le soulèvement de Nice le 28 août, ce qui contraint l'occupant à quitter les lieux le soir même. Deux jours plus tard, les Américains font leur entrée dans la ville, puis s'avancent&nbsp;en direction de l'Italie jusqu'à Menton, libérée à son tour le 6 septembre.Il faut toutefois attendre le 28/09 pour que la cuvette de Sospel, où des combats font rage pendant l'été, soit débarrassée de la présence nazie. Si un CDL* s'installe, dès le lendemain, à la préfecture, les Allemands résistent toujours sur le massif de l'Authion et dans la vallée de la Roya, épaulés par quelques Républicains fascistes italiens (voir page précédente) : c'est seulement le 25 avril 1945 que s'achève, avec celle de Saorge, la libération du département. CLL : Comité local de libération CDL : Comité départemental de libération

Le découpage proposé ci-dessous permet de disposer chaque soir d'un hébergement en gîte, hôtel ou refuge, sauf à Mollières où il faut prévoir un bivouac Le détail des trajets est disponible sur le topoguide La Traversée des Alpes, Le Mercantour, vallée des Merveilles, édité par la FFRP (Fédération française de randonnée pédestre).

Jour 1 De Menton à Sospel GR52 (depuis la gare de Garavan) Distance : 16,5 km Dénivelé positif : 1490 m Dénivelé négatif : 1143 m

Jour 2 De Sospel à Moulinet D2566 puis GR 52A Distance : 16,8 km Dénivelé positif : 1055 m Dénivelé négatif : 600 m

Jour 3 De Moulinet au col de Turini GR 52A Distance : 8,1 km Dénivelé positif : 1046 m Dénivelé négatif : 223 m

Stèle des maquisards de l'Albarea (cimetière de Sospel)

Entre le col de Turini et Saint-Martin-Vésubie (La Bollène-Vésubie, fort de Flaut, Venanson)

Mise en perspective : Les fortifications des Alpes-Maritimes

Dès le dernier quart du XIXe siècle, alors que les relations avec l’Italie et l’Allemagne se dégradent, les Français mettent en place un système de fortifications frontalières, de Dunkerque à la Méditerranée, le système Séré de Rivières. Dans les années 1930, commence la construction de la ligne Maginot, dont la partie la plus méridionale s’étend du col de la Bonette-Restefond à la mer. Cette Ligne alpine se déploie le long des vallées de la Tinée, de la Vésubie et de la Roya mais également autour de Sospel et à proximité du littoral mentonnais. De l’autre côté de la frontière, le système défensif italien appelé Vallo Alpino lui fait face. La Ligne alpine comprend 85 ouvrages qui s’échelonnent en profondeur sur plusieurs niveaux. Le premier est constitué des avant-postes, et, plus éloigné de la frontière, le second, dit «&nbsp;ligne principale de résistance&nbsp;», s’appuie sur de puissants forts. Ainsi, la baie de Menton est-elle protégée par l’avant-poste du pont Saint-Louis qui doit retarder l’avance ennemie, une mission dont il s’est acquitté en 1940 (voir étape 1), et, à distance, couverte par d’imposants ouvrages établis au Cap Martin et dans le village perché de Sainte-Agnès. Contrairement à la ligne Maginot du nord-est de la France, les fortifications des Alpes- Maritimes ne constituent pas un obstacle continu mais une série d'obstacles ponctuels&nbsp;; elles ont pour objectif de verrouiller les points de passage les plus importants, c’est-à-dire les cols, les débouchés des vallées et la route littorale. Une stratégie efficace que démontre la bataille des Alpes en juin 1940.

Menton Histoire locale : La bataille du Pont Saint-Louis Mise en perspective : La première bataille des Alpes (juin 1940) Sospel Histoire locale : Le maquis de l'Albaréa Mise en perspective : La Résistance dans les Alpes-Maritimes Moulinet Histoire locale : La déportation des habitants de Moulinet Mise en perspective : Les transferts de population dans les Alpes-Maritimes en 1940 et 1944. L'Authion Histoire locale : la bataille de l'Authion (avril 1945) Mise en perspective : la Libération des Alpes-Maritimes

Mise en perspective : La Première Bataille des Alpes (10 - 25 juin 1940)

La bataille des Alpes oppose l'armée des Alpes, une unité française dirigée par le général Olry, à des forces italiennes puis allemandes. Elle débute le 10 juin 1940 lorsque l'Italie déclare la guerre à la France et s'achève par un cessez-le-feu le 25 juin, au lendemain de l'armistice. Jusqu'au 20 juin, les opérations militaires restent limitées. Après avoir fait sauter les routes, ponts et tunnels susceptibles d'être utilisés par l'ennemi, les Français repoussent quelques attaques italiennes. C'est seulement le 21 juin, sur ordre de Mussolini, qu'une offensive générale est déclenchée. Les Italiens, beaucoup plus nombreux mais médiocrement équipés et entraînés, se heurtent à une forte résistance et sont mis en échec&nbsp;: la plupart des positions françaises se maintiennent à la frontière. Au même moment, les Allemands, descendus par la vallée de la Saône, franchissent le Rhône à Lyon et tentent de prendre en étau l'armée des Alpes. Arrêtés au seuil de Voreppe, ils ne parviennent pas à s'emparer de Grenoble et, si Aix-les-Bains, déclarée «&nbsp;ville ouverte&nbsp;», tombe entre leurs mains, leur offensive sur Chambéry échoue également. En ralentissant l'avancée allemande et en contenant les Italiens sur la frontière, la bataille des Alpes est un succès pour l'armée française au début de la Seconde Guerre mondiale. Il s'agit pourtant d'une bataille oubliée, très probablement occultée par la défaite de la France à cette époque.

Jour 4 Tour de l'Authion RD 68 et balisage jaune Distance : 14 km Dénivelé positif : 782 m Dénivelé négatif : 662 m

Jour 5 Col de Turini à Belvédère GR 52A Distance : 19,4 km Dénivelé positif : 919 m Dénivelé négatif : 1662 m

Jour 6 Belvédère à Saint-Martin-Vésubie GR 52A Distance : 15,5 km Dénivelé positif : 1035 m Dénivelé négatif : 976 m

Histoire locale : Le fort de Rimplas, ouvrage Maginot

Première réalisation de la ligne Maginot, l’ouvrage de la Madeleine – dénomination initiale de l’ouvrage de Rimplas – est construit dès 1928, puis complété ultérieurement par des forts secondaires comme celui de la Frassinea installé en contrebas. Réceptionné en 1937, il accueille, au début de la Seconde Guerre, une garnison de plus de 300 hommes. Sur la butte rocheuse qui surplombe le village à 1100 mètres d’altitude, le fort de Rimplas offre une vue plongeante sur le Val de Blore à l’est et sur la vallée de la Tinée à l’ouest&nbsp;; il a pour mission d’en verrouiller les accès tout en contrôlant la frontière italienne, alors située à quelques kilomètres. Il est composé de 5 blocs dotés de créneaux pour mortiers, canons ou mitrailleuses, et surmontés de cloches lance-grenade ou GFM (guetteur et fusil-mitrailleur). La partie souterraine, établie sur plusieurs niveaux, abrite les casernements, les stocks et même un hôpital avec bloc opératoire. Un téléphérique relie le fort à la vallée et permet d’assurer un approvisionnement régulier en vivres et munitions. Pratiquement inutilisé lors de l’offensive italienne de juin 1940, l’ouvrage de Rimplas est désarmé après l’armistice puis réarmé en 1947&nbsp;; il appartient au domaine militaire jusqu’en 1972 avant d’être vendu à la commune et finalement racheté par le Conseil général.

ETAPE 3 GOGON Goulven, «&nbsp;La ‘'déportation'’ des populations civiles des villages de la Bévéra et de la Roya en Italie du Nord&nbsp;», mémoire de maîtrise d’histoire, UFR LASH, Nice, 2004 GODON Goulven et JOSEPH Sylvain, «&nbsp;Du retour à la reconnaissance&nbsp;: la ‘'longue marche'’ des Moulinois vers la qualification juridique de leur déportation en Italie du Nord (1945-1987)&nbsp;», Patrimoine du Haut Pays, n°8, 2007, pp. 279-312 REY André, «&nbsp;La déportation des Breillois à Turin&nbsp;», Le Haut pays, n°3, 1985 ETAPE 4 Association AMONT, «&nbsp;L’Authion libéré&nbsp;!&nbsp;», Pays vésubien, n°6, 2005 DIANA Pascal et Sirvine Jean-Michel, 1945-2015, l’Authion pour mémoire[s], éditions de l’Amont,2015 GARBAY Pierre, «&nbsp;La première division française libre dans le massif de l’Authion (mars-avril 1945)&nbsp;», Revue historique des armées, n°3, 1975, pp.73-87. KLINGBEIL Pierre-Emmanuel, Le Front oublié des Alpes-Maritimes (15 août 1944 – 2 mai 1945), 2005 RICCIOLI J.L., «&nbsp;La deuxième bataille des Alpes, printemps 1945&nbsp;», Cahiers de la méditerranée, n°52, pp. 93-118, 1996 ETAPE 5 CAVAGLION Alberto, Les Juifs de Saint-Martin-Vésubie, 1995 CAVAGLION Alberto, «&nbsp;Saint-Martin-Vésubie, un refuge des Juifs, fin 1942- 8 septembre 1943&nbsp;», Archives juives, n°1 et 2, pp.29-34 PANICCACI jean-Louis, "Les Juifs et la question juive dans les Alpes-Maritimes de 1939 à 1945", Recherches régionales, n°4, 1983, pp. 239-331

De Saint-Etienne à Saint-Dalmas-le-Selvage

De Saint-Etienne-de-Tinée à Saint-Dalmas-le-Selvage

Pistes bibliographiques et sitographiques

INFORMATIONS GENERALES (la Seconde Guerre mondiale dans les Alpes-Maritimes) «&nbsp;La Deuxième Guerre mondiale dans les Alpes-Maritimes&nbsp;», catalogue de l’exposition itinérante, Conseil général des Alpes-Maritimes, 2006 <a href="https://www.departement06.fr/documents/Import/decouvrir-les-am/deuxiemeguerre.pdf">https://www.departement06.fr/documents/Import/decouvrir-les-am/deuxiemeguerre.pdf</a> PANICCACI Jean-Louis, Les Alpes-Maritimes dans la guerre 1939-1945, 2013 ETAPE 1 «&nbsp;Avant-poste de Pont-Saint-Louis&nbsp;», Wikipedia <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Avant-poste_de_Pont-Saint-Louis">https://fr.wikipedia.org/wiki/Avant-poste_de_Pont-Saint-Louis</a> PANICCACI Jean-Louis, «&nbsp;La campagne de juin 1940 dans les Alpes-Maritimes&nbsp;», Recherches régionales, n°3, 1974, pp.38-52 PLAN Etienne et LEFEVRE Eric, La Bataille des Alpes, 10-25 juin 1940&nbsp;: l’armée invaincue, 1982 SCHIAVON Max et LE MOAL Frédéric, Juin 1940, la guerre des Alpes, enjeux et stratégies, 2010 ETAPE 2 «&nbsp;Le maquis franco-italien de l’Albarea et le drame de Sospel&nbsp;», musée de la Résistance azuréenne <a href="http://resistance.azur.free.fr/dossier/sospel.htm">http://resistance.azur.free.fr/dossier/sospel.htm</a> ANACR, Les Alpes-Maritimes dans la Résistance, 1983 GAZIELLO Benoît, «&nbsp;Le maquis franco-italien de l'Albarea&nbsp;», Bulletin de la Société d'art et d'histoire du Mentonnais, n°46, 1988, pp. 15-23 LACROIX Jean-Bernard, PANICACCI Jean-Louis, BOYET Pierre, La résistance azuréenne, 1940-1945, Catalogue de l'exposition, Nice, 1994 PANICCACI Jean-Louis, GARCIN J., GIRARD J., GUILLON Jean-Marie, La Résistance azuréenne, Nice, 1994

A la découverte de la Seconde Guerre mondiale dans les Alpes du Sud

Texte et photographies : Odile Lacaille d'Esse

Histoire locale : Saint-Martin-Vésubie, "village des Justes de France"

Dès 1941,&nbsp;des Juifs étrangers sont assignés à résidence à Saint-Martin-Vésubie, d’abord par le gouvernement de Vichy, puis par les autorités italiennes à partir de novembre 1942. En 1943,&nbsp;300 familles, venues pour la plupart d’Europe centrale et orientale, soit un millier de personnes environ, ont trouvé un refuge provisoire dans les hôtels, pensions et villas de ce bourg de la Haute-Vésubie. Si elles n’ont pas l’autorisation de sortir du territoire de la commune, elle bénéficient d’une assez grande liberté et même d’un lieu de culte. Mais la capitulation italienne du 8 septembre 1943 entraîne le départ des occupants transalpins et leur remplacement par les Allemands. Plusieurs dizaines de Juifs sont alors arrêtés à Saint-Martin, tandis que la plupart d’entre eux décident de s’enfuir en Italie en traversant les Alpes. Partis les 9 et 10 septembre, ils franchissent, dans des conditions extrêmement difficiles, le col de Cerise ou celui de Fenestre puis se dispersent dans la péninsule ou se dissimulent dans les montagnes. 340 d’entre eux sont toutefois capturés par les Allemands à Borgo San Dalmazzo&nbsp;; conduits à Nice puis transférés à Drancy, ils sont déportés à Auschwitz-Birkenau et presque tous exterminés. L’Institut international pour la mémoire de la Shoah, Yad Vashem, a décerné le titre de «&nbsp;Juste parmi les nations&nbsp;» à 10 Saint-Martinois qui ont caché et aidé des Juifs, leur permettant d'échapper aux rafles nazies. En 2016, plusieurs stèles ont été érigées dans le village pour commémorer ce tragique épisode de l’histoire locale et la commune fait désormais partie du réseau des «&nbsp;Villes et Villages des Justes de France&nbsp;».

Histoire locale : Mollières, un village italien devenu français

En 1860,&nbsp;lorsque le comté de Nice devient français, en vertu de l’accord secret signé à Plombières l’année précédente par Napoléon III et Cavour, le hameau de Mollières, qui fait partie du domaine de chasse de Victor-Emmanuel II, reste&nbsp;piémontais et se trouve rattaché à la province de Coni. Proche de la frontière, il est surplombé, au début de la Seconde Guerre mondiale par une série de fortins italiens qui suivent la ligne de crête entre le col de la Valette et le col Mercière. Le 10 juin 1940, l’entrée en guerre de l’Italie provoque l’évacuation immédiate de la population du hameau. A pied, les habitants de Mollières traversent les montagnes encore enneigées et rejoignent Terme di Valdieri avant d’être dispersés dans différentes communes&nbsp;; ils ne rentrent chez eux qu’après la signature de l’armistice du 24 juin. Le 7 septembre 1944, un bataillon allemand incendie le village&nbsp;; d’abord accueillis à Saint-Sauveur-Sur-Tinée, les Molliérois s’installent également à Roubion, Roure, Valdeblore… Rentrés au printemps suivant, certains d’entre eux participent à la reconstruction, mais beaucoup décident de quitter définitivement les lieux pour rejoindre le littoral. La mise en service, en 1964, de la piste carrossable, qui relie Mollières à la route du col de Salèse, précipite cet exode rural&nbsp;: le hameau se dépeuple totalement pendant la mauvaise saison. En raison des modifications du tracé frontalier décidées au moment du Traité de Paris, Mollières devient français en 1947&nbsp;: sont ainsi validés les plébiscites de 1860 et de mai 1945, au cours desquels les habitants avaient opté, à l’unanimité, pour leur rattachement à la France.

Mise en perspective : Les transferts de populations dans les Alpes-Maritimes en 1940 et 1944

Alors que la menace italienne se précise puis se confirme avec la déclaration de guerre du 10 juin 1940, les autorités françaises évacuent la population de 23 communes frontalières avant que l’armée ne détruise préventivement les principaux points de passage vers l’ouest. L’opération commence à Menton dont le général Olry, commandant de l’armée des Alpes, prépare l’évacuation depuis fin mai. Du 3 au 5 juin, plus de 15000 personnes rejoignent Cannes et Antibes, emportant seulement quelques bagages. Conduites ensuite dans les Pyrénées-Orientales, beaucoup reviennent s’installer dans le Var et les Alpes-Maritimes à partir d’octobre&nbsp;; mais l’annexion de Menton par les fascistes et son italianisation forcée dissuadent la plupart d’entre elles de retourner dans leur ville. Décidée dans la précipitation, l'évacuation des 22 villages du Mentonnais, de la Roya, de la Haute-Tinée et de la Haute-Vésubie, s’avère plus difficile. Elle se déroule dans la nuit du 10 au 11 juin, obligeant de nombreux habitants à franchir des cols élevés, marcher de longues heures voire à abandonner leur bétail. Rapatriés à partir de début juillet, ils retrouvent souvent leurs maisons démolies et pillées. En 1944, les transferts de populations reprennent dans le département à l'initiative des Allemands, désireux de se débarrasser des civils à l'arrière du front. Les habitants de Moulinet, Breil-sur-Roya, Fontan et Saorge sont ainsi «&nbsp;déportés&nbsp;» en Italie. Ils ne reviennent chez eux qu'à partir du printemps 1945. D’autres communes, qui restent la cible de l'artillerie allemande déployée dans la vallée de la Roya, comme Menton, Castillon ou Isola, sont évacuées, sur décision des alliés, après leur libération en septembre 1944.&nbsp;

Saint-Martin-Vésubie Histoire locale : Saint-Martin-Vésubie, "village des justes de France" Mise en perspective : Les Alpes-Maritimes, une terre d'asile pour les juifs (novembre 1942-septembre 1943) Mollières Histoire locale : Mollières, un village italien devenu français Mise en perspective : Les modifications de la frontière franco-italienne Rimplas Histoire locale : Le fort de Rimplas, ouvrage Maginot Mise en perspective : Les fortifications des Alpes-Maritimes Le Bourguet Histoire locale : Le Bourguet, un hameau "annexé" par l'Italie en 1940 Mise en perspective : L'occupation italienne dans les Alpes-Maritimes Le Camp des Fourches Histoire locale : Le Camp des Fourches Mise en perspective : Les unités du front alpin

A plus de 2000 m d’altitude, le camp des Fourches se découvre subitement sur la route du col de la Bonette, 8 km avant d’arriver à son sommet. Une trentaine de petits bâtiments en pierres de taille ont hébergé, pendant un demi-siècle, un bataillon de chasseurs alpins vivant en quasi-autarcie. Achevés en 1896, et en cours de rénovation depuis 2016, ils abritent logements, poste de commandement, mess des officiers, cuisines, écuries pour les mulets, et même une gare de téléphérique permettant d’assurer l’évacuation des blessés et de ravitailler directement le camp depuis le hameau du Pra. Des peintures murales, réalisées par les occupants des lieux, témoignent du quotidien des chasseurs alpins. Surnommés les «&nbsp;diables bleus&nbsp;», en raison de leur uniforme et de leur vaillance, ces fantassins français, spécialistes du combat en montagne, dépendent alors des 14e et 15e corps d’armée qui assurent la sécurité des Alpes. A l’instar du fort, qui le surplombe au sud, le camp des Fourches s’inscrit dans le système défensif dit système Séré de Rivières. Ce dispositif, mis en place dans le dernier quart du XIXe siècle pour protéger la frontière française, est complété, dans les années 1930, par des ouvrages Maginot, en l’occurrence un avant-poste installé au dessus du vallon de Salso Moreno à proximité des baraquements. Constitué de six blocs reliés entre eux par des galeries souterraines, cet avant-poste participe aux combats de la Seconde Guerre en s’opposant à l’avance italienne en juin 1940 et aux offensives des troupes allemandes en septembre 1944.

Long de plus de 200 km, ce parcours correspond à la section méridionale de la Grande Traversée des Alpes (GTA). A l'exception de quelques détours - pour découvrir l'Authion, Mollières ou Le Bourguet -, il emprunte le GR 5 et ses variantes, GR 52 et GR 52A. S'il ne présente pas de difficultés techniques particulières, sa durée et l'importance des dénivelés cumulés le réservent à des personnes pratiquant régulièrement la randonnée en montagne et dotées d'une bonne condition physique. Certaines étapes, comme Menton - Sospel, peuvent être parcourues au printemps ou à l'automne, voire par de belles journées d'hiver, mais une grande partie du trajet ne peut s'effectuer qu'à partir du mois de mai, ou même de juin lorsque les altitudes dépassent 2000 m. Il convient alors d'observer la plus grande prudence en traversant les zones d'alpages, en raison de la présence, à cette époque, de troupeaux surveillés par des chiens de défense, les patous. Ce périple, qui relie la côte méditerranéenne aux plus hauts sommets du département, permet de découvrir toute la diversité des milieux naturels dans les Alpes-Maritimes, et d'apprécier pleinement la richesse du patrimoine historique... qui ne se limite pas à celui de la Seconde Guerre mondiale !

Entre Saint-Dalmas et Mollières (les lacs de Millefonts)

Histoire locale : la déportation des habitants de Moulinet (1944)

En septembre/octobre 1944, alors que le littoral des Alpes-Maritimes est déjà libéré, des combats très durs opposent toujours les Américano-Canadiens aux Allemands dans la cuvette de Sospel. Aussi, le général Lieb, de la Wehrmacht, décide-t-il de transférer en Italie les populations des villages situés en arrière du front pour des raisons de sécurité militaire. Les civils, susceptibles de fournir des informations aux Alliés ou de participer à des exfiltrations, représentent, en effet, un danger pour l’occupant. Le 29 septembre, 454 Moulinois sont, ainsi, rassemblés par la garnison allemande, et conduits à pied, par le col de Brouis, jusqu’à Breil-sur-Roya&nbsp;; le 1er octobre, ils partent pour Tende puis rejoignent Cuneo où ils sont logés dans des casernes. Le 28 octobre, jour de la libération de Sospel, l’ennemi quitte Moulinet en procédant à de multiples destructions. Le village, bombardé, ravagé et pillé successivement par les soldats allemands et américains, donne, à la fin de la guerre,&nbsp;«&nbsp;l’aspect d’une désolation profonde&nbsp;» d’après le rapport au préfet du général Goudot, délégué de l’Entraide française. Devenu inhabitable (194 immeubles détruits) et rendu dangereux en raison de l’installation par les Allemands de plus de 2500 mines, il est déclaré partiellement sinistré et ses habitants ne sont rapatriés qu’en août 1945. Ayant perdu 39% de sa population d’avant-guerre, la commune de Moulinet reçoit la Croix de guerre quelques années plus tard.

Une plaque en italien en mémoire des victimes des guerres

Au hasard de ses pérégrinations près de la frontière franco-italienne, le randonneur maralpin a souvent l’occasion d’apercevoir des vestiges, plus ou moins imposants, de la Seconde Guerre mondiale. Impressionnants ouvrages Maginot ou discrètes casemates, baraquements en ruine, stèles et monuments commémoratifs rappellent un peu partout un aspect presque oublié du conflit&nbsp;: l’importance du front alpin. Convoitées par les fascistes italiens puis soumises au joug nazi, les Alpes du Sud sont pourtant le théâtre d’épisodes militaires glorieux lors de la campagne de France ou de la Libération. Difficiles d’accès, elles abritent également une résistance active dès 1940. Elles deviennent enfin, tour à tour italiennes et françaises au gré des modifications frontalières. De nombreuses raisons donc de s’intéresser au sujet&nbsp;! Réalisé à la suite d’une traversée pédestre du département, de Menton au col des Fourches, ce petit livre propose un itinéraire pour découvrir la Seconde Guerre mondiale au fil des sentiers maralpins. Neuf étapes permettent d’aborder les divers aspects du conflit, à l’aide d’un exemple local mis en perspective. S’il semble cibler particulièrement les randonneurs un peu aguerris, cet ouvrage s’adresse également aux promeneurs occasionnels, qui peuvent raccourcir les étapes à leur gré, voire aux adeptes des transports motorisés… et même à tous les sédentaires qui souhaitent cheminer en pensées et en images dans le décor magnifique des Alpes du Sud.

Le maquis franco-italien de la ferme de l'Albaréa

Mise en perspective : Les modifications de la frontière franco-italienne

Lors du rattachement du comté de Nice à la France en 1860, la frontière est établie à l’aval de la ligne principale de crête, et laisse à l’Italie plusieurs territoires situés sur le revers méridional de cette crête&nbsp;: les vallons de Chastillon et de Mollières dans la vallée de la Tinée, ceux du Boréon, de la Madone de Fenestre et une partie de la Gordolasque dans la Haute-Vésubie, ainsi que les communes de Tende et de La Brigue en Haute-Roya. Ce tracé, qui permet au roi Victor-Emmanuel II de conserver la jouissance de ses terrains de chasse, assure aussi la sécurité du nouvel Etat transalpin en respectant la ligne historique de défense du Piémont. A la fin de la Seconde Guerre, six communes maralpines, proches de la frontière, revendiquent la rectification de ce tracé, tandis que le Comité de rattachement de Tende et la Brigue réclame l’annexion à la France des deux villages. Les troupes françaises, après avoir repoussé les Allemands au printemps 1945, occupent alors la Haute-Roya et la partie occidentale de la province d’Imperia, ce qui génère des tensions avec les alliés anglo-américains, soucieux de conserver de bonnes relations avec l’Italie. Finalement, sous la pression de ces derniers, de Gaulle ordonne l’évacuation du Piémont et de la Ligurie jusqu’à la frontière de 1939. Une administration italienne est remise en place. Le Traité de Paris (10 février 1947), qui établit la paix avec plusieurs pays vaincus dont l’Italie, valide, en partie, les revendications territoriales françaises et déplace la frontière sur la ligne de partage des eaux. Les Alpes-Maritimes s’agrandissent de 560 km² et gagnent plusieurs villages&nbsp;: Tende, La Brigue, mais aussi les hameaux de Mollières (voir page précédente) et, au sud de la vallée de la Roya, de Piène-Haute, Piène-Basse et Libre.&nbsp;

Les stèles commémoratives de Saint-Martin-Vésubie

Plaque commémorative à la Résistance au pont Saint-Louis

Mise en perspective : Les unités du front alpin

Alors que l'Italie, récemment unifiée, met en place très tôt des unités formées pour le combat en montagne, les Alpini, la France tarde à protéger efficacement sa frontière alpine. Les premiers bataillons, qui y sont envoyés, en 1879, sont issus des chasseurs à pied, fantassins légers créés à l'époque de Louis-Philippe dans le cadre de la conquête coloniale. Mais il faut attendre la loi du 24 décembre 1888 pour qu'apparaissent de véritables troupes de montagne, avec des combattants spécialisés, reconnaissables à leur large béret : la "tarte". Parmi eux, les chasseurs alpins, organisés en 1940 en demi-brigades (DBCA), sont des formations mobiles qui parcourent la montagne, équipés d'un matériel assez léger. A l'inverse, l'infanterie alpine, regroupée en régiments (RIA), occupe des postes fixes tout au long de l'année. Ces deux types d'unités sont réunies, avec de l'artillerie, dans les 8 divisions d'infanterie alpine (DIA) dont la France dispose au début de la Seconde guerre. A ces troupes de montagne s'ajoutent, à partir de 1935, les demi-brigades alpines de forteresse (DBAF) qui ont pour mission la défense de la ligne Maginot : la 157e est affectée au Secteur du Dauphiné, dont dépendent le camp et le col des Fourches, et la 58e au Secteur fortifié des Alpes-Maritimes (SFAM) qui protège le reste du département. Toutes ces unités alpines se dotent, dans les années 1930, de formations d'élite, les sections d'éclaireurs skieurs (SES), qui sont chargées de la couverture des points stratégiques. Cette organisation militaire, complète et efficace, contribue à la victoire de l'armée des Alpes en juin 1940.

Histoire locale : le Bourguet, un hameau "annexé" par les Italiens en 1940

En Haute-Tinée, l’entrée en guerre de l’Italie, le 10 juin 1940, provoque l’évacuation immédiate des villages par les autorités françaises. Dans des conditions extrêmement difficiles, la population de Saint-Etienne et de ses hameaux rejoint la vallée du Var puis est conduite à Saint-André-les-Alpes où elle est hébergée chez l’habitant pendant plusieurs semaines. Les sections d’éclaireurs-skieurs, élite des troupes alpines françaises, affrontent alors la division «Livorno» à laquelle elles s’opposent violemment à diverses reprises autour du hameau du Bourguet. Ainsi, les 19 et 20 juin, puis le 24, et même le 25, après la signature de l’armistice, les éclaireurs-skieurs, au prix de durs combats, parviennent à contenir les fantassins italiens sur la rive gauche de la Tinée. Soutenus par l’artillerie installée à Beuil et Valberg, qui tire par-dessus les crêtes, ils tiennent en respect un adversaire pourtant bien supérieur en nombre mais ne peuvent l’empêcher de s’emparer des hameaux de Douans et du Bourguet. La convention d’armistice prévoit le maintien des troupes sur les positions tenues au moment de sa signature et Le Bourguet se retrouve donc dans la zone d’occupation italienne dès 1940. Cette occupation, qui s’apparente à « une véritable annexion » d’après le maire de Saint-Etienne (commune située en zone libre), se traduit par la nomination d’un commissaire civil italien qui contrôle les autorités et les fonctionnaires français ; elle génère de nombreuses difficultés pour communiquer avec le reste de la vallée, une intense propagande et débouche même, en 1941, sur l’ouverture d’une école placée sous l’autorité d’un instituteur transalpin… toutefois remplacé, dès mars 1942, par un prêtre français.

ETAPE 6 Mollières, Wikipedia <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mollières">https://fr.wikipedia.org/wiki/Molli%C3%A8res</a> Texte intégral du traité de Paris signé avec l'Italie le 10 février 1947 (Centre virtuel de la connaissance sur l'Europe, université de Luxembourg) <a href="https://www.cvce.eu/obj/traite_de_paix_avec_l_italie_10_fevrier_1947-fr-0eaf4219-d6d9-4c35-935a-6f55327448e7.html">https://www.cvce.eu/obj/traite_de_paix_avec_l_italie_10_fevrier_1947-fr-0eaf4219-d6d9-4c35-935a-6f55327448e7.html</a> ETAPE 7 Ouvrage de Rimplas, Ministère de la défense <a href="http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/ouvrage-de-rimplas">http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/ouvrage-de-rimplas</a> BARDE Yves, Sentinelles des Alpes&nbsp;: citadelles et fortifications, 2010 RAYBAUD Jean-Claude, Les Fortifications françaises et italiennes de la dernière guerre dans les Alpes-Maritimes, 2002 ETAPE 8 GALLEAN Etienne, Histoire de Saint-Etienne-de-Tinée, 1977 BOURDON Robert, Saint-Etienne-de-Tinée jadis et aujourd’hui, 1991 SOART Paul, «&nbsp;11 novembre 1942, l’armée italienne occupe le comté de Nice&nbsp;», Nice historique, n°4, octobre-décembre 2002, pp.207-220 PANICCACI Jean-Louis, "L'occupation italienne et ses ambiguïtés : l'exemple des Alpes-Maritimes", Recherches régionales, n°190, juin 2008, pp. 65-82 ETAPE 9 BECKER Cyrille, Aux origines de l’alpinisme militaire, 2018 LEON Marie-Hélène, Les Chasseurs alpins&nbsp;: mythe et réalité des troupes de montagne, 1997 MARTIN Jean-Pierre, Les Chasseurs alpins, troupes de légende, 2013

Le fort de la Frassinea (commune de Rimplas)

Mise en perspective : L'occupation des Alpes-Maritimes par les Italiens

Signé à la villa Incisa près de Rome, l’armistice franco-italien du 24 juin 1940 établit une «ligne verte» qui définit la zone d’occupation transalpine ; elle correspond à peu près aux territoires conquis par le Regio Esercito depuis la déclaration de guerre du 10 juin : au total, 11 000 hectares dans les Alpes-Maritimes, incluant Menton, Fontan et trois hameaux au sud de Saint-Etienne-de-Tinée, pour une population d’environ 22 000 habitants. S’y ajoute une zone démilitarisée de 50 km de large qui englobe la quasi-totalité du département. Le statut des territoires occupés est établi par un décret du Duce publié le 10 août 1940. L’occupation italienne, traduite par la présence d’une garnison dans chaque localité, entraîne une immixtion systématique des autorités transalpines dans l’administration et une italianisation de Menton et Fontan, annexées de fait à la péninsule : utilisation de la lire et de la langue, rues rebaptisées, propagande intensive, encadrement de la jeunesse par des organisations fascistes et des professeurs italiens… Elle s’accompagne d’une forte agitation des irrédentistes, menés par Ezio Garibaldi, qui revendiquent la possession de l’ancien comté de Nice dans leur journal Il Nizzardo. Alors que les Allemands envahissent la zone libre en novembre 1942, les Italiens étendent leur zone d’occupation jusqu’au Rhône (à l’exception de Lyon, Avignon, Marseille et Aix-en-Provence) ; les troupes de la quarta Armata du général Vercellino investissent alors tout le département et la police politique, l’OVRA, s’installe à Nice. Si une répression sévère s’abat sur les résistants, le processus de discrimination antisémite est, quant à lui, partiellement interrompu (voir étape 5).&nbsp; L’occupation italienne prend fin à la suite de l’armistice de Cassibile, rendu public le 8 septembre 1943, et les troupes fascistes quittent le département, remplacées par les soldats de la Wehrmacht. Une administration française est rétablie à Menton et Fontan… sous contrôle allemand.

Créé en juin 1944, le maquis du Grammondo est installé sur le flanc de la montagne du même nom,&nbsp;en retrait du littoral, au nord-ouest de Vintimille. Il réunit une cinquantaine de jeunes Italiens et Français qui trouvent refuge dans d’anciennes casernes désaffectées à 1400 m d’altitude. Contraints de quitter les lieux en juillet à la suite d’une attaque conjuguée de troupes allemandes et fascistes, certains maquisards traversent la frontière et se regroupent dans une ferme de la forêt de l’Albarea au-dessus de Sospel. Probablement dénoncés, ils sont repérés par les forces occupantes qui, début août, cernent le maquis. Au cours de l’attaque, deux partisans trouvent la mort, quinze sont capturés. Ces derniers sont conduits à la caserne Salel à Sospel et sauvagement torturés pendant plusieurs jours malgré une intervention du maire de la commune. Au cours d’un simulacre de procès, un tribunal militaire, créé pour l’occasion, les condamne à mort. Conduits&nbsp;en charrette dans la cour de la coopérative, située derrière la gare ferroviaire, ils sont fusillés le 12 août vers 15 heures puis enterrés dans une fosse commune au cimetière&nbsp;: une stèle portant les noms et les photos des victimes rappelle cet épisode tragique de la Seconde Guerre mondiale que commémore également chaque année la ville de Sospel à la date anniversaire de l’exécution.

Vallon de Salso Moreno vu du col des Fourches

Jour 8 De Saint-Dalmas à Mollières GR 52 puis balisage jaune Distance : 13,5 km Dénivelé positif : 1329 m Dénivelé négatif : 1044 m

Jour 7 De Saint-Martin-Vésubie à Saint-Dalmas GR 52A Distance : 6,3 km Dénivelé positif : 577 m Dénivelé négatif : 260 m

Jour 9 De Mollières à Saint-Dalmas Balisage jaune puis GR 52 Distance : 13,5 km Dénivelé positif : 1044 m Dénivelé négatif : 1329 m

Le hameau de Mollières n'est accessible qu'à pied ; trois itinéraires sont possibles : par le col de Salèse (au-dessus du Boréon), par le vallon de Mollières (au-dessus de Saint-Sauveur-sur-Tinée) ou au départ de Saint-Dalmas.

Histoire locale : La bataille du Pont Saint-Louis (20 - 25 juin 1940)

Située au sud de la ligne Maginot à proximité immédiate du littoral, l'avant-poste du Pont Saint-Louis fait face à la frontière franco-italienne. Construit au début des années 1930, il est équipé d’un canon, de mitrailleuses et fusils-mitrailleurs et protégé par une barrière antichar. A l’arrière, un dispositif de mines pour détruire la route qui descend sur Menton constitue une protection supplémentaire en cas d’invasion. 9 soldats, du 96e Bataillon alpin de forteresse (BAF), dirigés par le sous-lieutenant Gros (à partir du 17 juin), assurent la défense des lieux. Le 10 juin 1940, l’Italie déclare la guerre à la France. Le soir même, la barrière antichar est déployée au pont Saint-Louis tandis qu’un détachement du génie rend impraticable la route littorale en faisant exploser les mines préventives. Quelques jours plus tard, les Italiens tentent une première approche, suivie de négociations qui restent sans effet. Le 20 juin, les premiers accrochages commencent&nbsp;: épaulé par les tirs d’artillerie de l’ouvrage du Cap Martin, installé à l’ouest de Menton, l’avant-poste résiste et l’ennemi se replie après avoir récupéré ses blessés. Alors que les Italiens parviennent à s’infiltrer dans Menton au soir du 22 juin, en traversant les crêtes frontalières plus au nord, la casemate reste aux mains des soldats français, qui font preuve d’une grande détermination face aux attaques répétées de l’ennemi. L’armistice, signé deux jours plus tard, n’est annoncé au sous-lieutenant Gros que le 25 juin et la garnison évacue les lieux le lendemain. Elle est citée à l’ordre de l’armée&nbsp;: une façon de rendre hommage à sa vaillance.

Mise en perspective : Les Alpes-Maritimes, une terre d'asile pour les juifs ?

Jusqu'en novembre 1942, la politique antisémite de l'Etat français s'applique dans les Alpes-Maritimes, alors majoritairement situées en zone libre&nbsp;; elle se manifeste par l'obligation de recensement, des spoliations de biens, des assignations à résidence et l'arrestation des juifs étrangers&nbsp;; ainsi, les 26 et 27 août 1942, un millier d'entre eux sont rassemblés à la caserne Auvare (Nice) avant d'être transférés à Drancy et Rivesaltes puis déportés par la Gestapo à Auschwitz. L'occupation italienne du département (novembre 1942- septembre 1943) marque un coup d'arrêt à cette politique. Malgré les mesures antisémites, établies en Italie par les lois raciales de 1938, l'attitude de l'occupant s'avère plutôt tolérante à cet égard. Les autorités militaires, le chef de la police et le consul lui-même, refusent de procéder aux arrestations réclamées par Vichy ou les Allemands et mettent les juifs en résidence forcée à Saint-Martin-Vésubie. Les Alpes-Maritimes deviennent alors une véritable terre d'asile pour ces populations persécutées. Mais la situation se dégrade brutalement avec l'arrivée de l'occupant allemand en septembre 1943 et la Gestapo organise alors une traque systématique des juifs selon un plan établi par l'officier SS Aloïs Brunner.&nbsp;Malgré l'aide apportée par des particuliers, comme l'évêque de Nice&nbsp;Monseigneur Rémond ou le pasteur protestant Edmond Evrard, et par le Réseau Marcel, qui se donne pour mission de sauver les enfants israélites, 3612 juifs sont déportés sans retour avant la Libération.&nbsp;&nbsp;

La vallée de la Tinée vue depuis le fort de Rimplas

Pour une approche chronologique des événements

Hors de la frise : l'achèvement de la construction du camp des Fourches en 1896

Jour 10 De Saint-Dalmas à Saint-Sauveur-sur-Tinée GR5 Distance&nbsp;: 12,9 km Dénivelé positif&nbsp;: 409 m Dénivelé négatif&nbsp;: 1117 m

Jour 12 Du refuge de Longon à Roya GR5 Distance&nbsp;: 19,2 km Dénivelé positif&nbsp;: 985 m Dénivelé négatif&nbsp;: 1364 m

Jour 11 De Saint-Sauveur-sur-Tinée au refuge de Longon GR5 Distance&nbsp;: 13 km Dénivelé positif&nbsp;: 1598 m Dénivelé négatif&nbsp;: 195 m

Sur les sentiers des Alpes-Maritimes A la découverte de la Seconde Guerre mondiale dans les Alpes du Sud

Mise en perspective : la Résistance dans les Alpes-Maritimes

Dès 1940, la Résistance commence à mener des actions d’information et de propagande dans les Alpes-Maritimes et, dès octobre, un groupe de patriotes se constitue au lycée de garçons de Nice. Les premiers réseaux en lien avec la France Libre et les alliés anglo-saxons, comme Alliance ou F2, se mettent en place la même année. Puis la Résistance se structure en mouvements&nbsp;; en 1941, plusieurs d’entre eux s’implantent dans le département&nbsp;: Combat, Libération-Sud, Franc-Tireur (gaullistes), le Front national (communiste) et, deux ans plus tard, l’ORA. Envoyé par de Gaulle en France en 1942 afin d’unifier les différentes organisations, Jean Moulin ouvre à Nice la galerie de peinture Romanin pour couvrir ses activités clandestines. La Résistance s’étoffe surtout à partir de 1943&nbsp;lorsque les défaites de la Wehrmacht mettent à mal le mythe de son invincibilité&nbsp;; à la même époque, l’instauration du STO, qui contraint les jeunes Français à partir travailler deux ans en Allemagne, en incite certains à rejoindre les maquis qui se créent dans plusieurs communes maralpines de l’arrière-pays au printemps. Mais l'action des résistants se heurte à une répression sévère, orchestrée par les polices politiques italienne, puis allemande, qui installent des centres de torture sur la colline de Cimiez , procèdent à plus d’un millier d’arrestations dans les Alpes-Maritimes et 129 condamnations à mort. Peu avant le débarquement allié en Provence, la pendaison publique de deux jeunes résistants, à proximité de la place Masséna, traumatise la population niçoise, contrainte d’assister à l’exécution. En 1944, les forces armées de la Résistance, à l’exception des Francs-Tireurs et Partisans, communistes, fusionnent au sein des FFI&nbsp;: elles&nbsp;deviennent, à la fin de l’année, le Groupement Alpin Sud, puis, au printemps suivant, le 3e Régiment d’infanterie alpine, et s’intègrent à l’armée régulière. Ces forces participent activement à la libération du département (voir étape 4)

Les plaques commémoratives sur le lieu d'exécution des maquisards de l'Albaréa

Name

Safari may block some audio or video from playing automatically and ‘read to me’ will skip these. You can configure this in Safari’s preferences.