Le Journal de Suzanne aux Pipes Ropp

Bonjour, Je m’appelle Suzanne. Aujourd’hui, j’ai dix ans et je suis heureuse de commencer mon journal intime. J’espère pouvoir lui confier mes petits secrets tout au long de ma vie.

Je suis née aux Pipes Ropp où mes parents habitent et travaillent. J’ai deux frères plus âgés que moi.

Visite de l’usine Genod par le groupe des Cafés Connectés La dernière ouvrière des Pipes Ropp nous fait une démonstration.

Je me faufile à mon poste de polisseuse, j’enfile ma blouse et ma journée commence. A 8h45, nous avons le quart d&apos;heure de pause casse-croûte et à 9 heures, nous reprenons le travail jusqu&apos;à midi. J’ai la chance d’habiter sur le site des Pipes Ropp. Par contre, certains de mes camarades repartent sur Baume les Dames à pied ou à vélo. Avant 14 heures tous les ouvriers repassent devant la pointeuse et terminent leur journée à 18 heures.

Au moment des vacances, le patron offre une journée détente aux ouvriers. On part en bus visiter les alentours. J’ai ainsi découvert le saut du Doubs, le Lac St Point, le château de Joux... Pour cette journée, les enfants sont gardés par les grands-parents. Le restaurant nous est payé. Pendant le voyage, tout le monde chante, rit, raconte des histoires… Chaque année, j’attends ce jour avec impatience, j’en garde plein de bons souvenirs.

Je suis affectée au polissage. Durant la première semaine, la cheffe me forme; puis la semaine écoulée, je suis capable d’effectuer seule cette tâche. Le travail est difficile mais je m’habitue progressivement.

Chaque jour, je remets le relevé de mon travail au service comptabilité. Ces renseignements servent à l’élaboration de ma paye car je suis rémunérée à la tâche. En général, chaque jour, je produis une centaine de pipes. Monsieur Ropp est un des premiers industriels, en 1937, à instaurer la couverture maladie au sein de l’entreprise. Le récapitulatif mensuel nous donne tout le détail du salaire.

Une secrétaire vient s’installer sur un tabouret dans l’atelier et assure la distribution du salaire en espèces : chacun de nous reçoit une enveloppe en main propre.

Ensuite comme beaucoup d’enfants d’ouvriers, après avoir obtenu mon certificat d’études, je commence à travailler à l’usine. J’ai 13 ans.

Voilà la photo de mon école, où je suis restée jusqu&apos;à mes 13 ans. Nous sommes tous réunis en une classe unique. La maîtresse, madame Curty nous enseigne toutes les matières et nous prépare au certificat de fin d&apos;études. Elle nous fait également le catéchisme. Madame Ropp et la maîtresse organisent des répétitions de spectacles dans la salle des fêtes à l’intérieur de l’usine à l’occasion de Noël, Carnaval, Pâques. Je suis fière de chanter, jouer un rôle sur scène. Pour Noël, nous sommes gâtés par des cadeaux, un goûter.

Ce matin, je suis arrivée à l’usine en me précipitant devant la pointeuse pour sept heures quarante, où je retrouve mes camarades qui arrivent aussi à la dernière minute.

Tous les soirs, vers 18h, le fermier vient à l’entrée de l’usine avec le lait tout chaud et mousseux de la traite du soir. Alors je prends le bidon et je cours rejoindre mes copains et copines qui sont eux aussi de service. Depuis que j‘ai 6ans j’y vais seule et je suis fière de ramener à la maison mon bidon de lait sans en culbuter une goutte !

Quelques années plus tard, ma dernière photo avec les filles de l’atelier, avant de partir avec mon mari. Je l’ai suivi à Saint -Claude où il est devenu maître-pipier.

Livre numérique réalisé par le groupe des Cafés Connectés 2021-22, d’après le témoignage d’anciennes ouvrières, d’anciens ouvriers et de personnes ayant vécu et grandi sur le site des Pipes Ropp de Baume les Dames.

Chaque écrin contient une collection de pipes au nom différent, que les représentants montreront aux futurs acheteurs, les bureaux de tabac. L’ensemble des écrins est disposé dans de grandes valises Ropp fabriquées par le menuisier.

M. EugèneLéon Ropp est arrivé en 1892 à Baume les Dames. Il s’installe au bord du Cusancin, au moulin Sicard avec quelques ouvriers venus de Bussang (Vosges) pour profiter de la matière première (merisier), de la force motrice de l’eau, de la proximité de la frontière suisse et allemande.. Quelques années après, en 1896, l’usine sort de terre. Des logements pour le personnel sont construits. Une ferme est rachetée et permet aux ouvriers de bénéficier de produits frais (fruits et lait). En 1915, l’école est créée pour les enfants des employés. L’usine s’agrandit petit à petit. Jusqu’à cent quarante ouvriers y travaillent. Il y fabriquera, jusqu’au 11 mars 2000, les célèbres pipes ROPP.

Le jeudi, je joue autour de l’usine, avec mes copains, mes copines. Les grands surveillent les plus petits. Les enfants font des cabanes dans les bois en-dessous de la Fente de Babre ou pêchent dans le Cusancin.

Mon papa m’a raconté que divers événements ont perturbé la vie aux Pipes : inondations , incendies…

Afin de présenter les collections des pipes, un endroit est réservé à la fabrication des écrins. Cet endroit s’appelle : la gainerie. Une de mes amies y travaille et j’aime aller la regarder faire ces gestes très minutieux. Je souhaiterais pouvoir accéder à ce poste où le produit est mis en valeur et représente bien le prestige des pipes Ropp. Les coffrets et les empreintes sont fabriqués sur place par le menuisier. Ensuite, des petites mains les recouvrent de satin et feutrine.

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