(copy) Cahier d'activités îlot 2

by Marie Soulie

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Cahier d'activités de classe

Claude Gueux
îlot 1
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Tâche 1
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Mission: Tu es journaliste à la Gazette. Ton rédacteur en chef ne veut pas publier
ce texte de Victor Hugo car il te rappelle une règle fondamentale: La neutralité du journaliste. Mais quel est donc le problème? Tu peux annoter, surligner, écrire sur ton cahier si tu le souhaites.
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Pourquoi certains mots du texte sont en rouge?
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Ton champ d'investigation. Voici le texte à observer.
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Il y a sept ou huit ans, un homme nommé Claude Gueux, pauvre ouvrier, vivait à Paris. Il avait avec lui une fille qui était sa maîtresse, et un enfant de cette fille. Je dis les choses comme elles sont, laissant le lecteur ramasser les moralités à mesure que les faits les sèment sur leur chemin. L’ouvrier était capable, habile, intelligent, fort maltraité par l’éducation, fort bien traité par la nature, ne sachant pas lire et sachant penser. Un hiver, l’ouvrage manqua. Pas de feu ni de pain dans le galetas. L’homme, la fille et l’enfant eurent froid et faim. L’homme vola. Je ne sais ce qu’il vola, je ne sais où il vola. Ce que je sais, c’est que de ce vol il résulta trois jours de pain et de feu pour la femme et pour l’enfant, et cinq ans de prison pour l’homme.
L’homme fut envoyé faire son temps à la maison centrale de Clairvaux. Clairvaux, abbaye dont on a fait une bastille, cellule dont on a fait un cabanon, autel dont on a fait un pilori. Quand nous parlons de progrès, c’est ainsi que certaines gens le comprennent et l’exécutent. Voilà la chose qu’ils mettent sous notre mot.
Poursuivons.
Arrivé là, on le mit dans un cachot pour la nuit, et dans un atelier pour le jour. Ce n’est pas l’atelier que je blâme.
Claude Gueux, honnête ouvrier naguère, voleur désormais, était une figure digne et grave. Il avait le front haut, déjà ridé quoique jeune encore, quelques cheveux gris perdus dans les touffes noires, l’œil doux et fort puissamment enfoncé sous une arcade sourcilière bien modelée, les narines ouvertes, le menton avancé, la lèvre dédaigneuse.
C’était une belle tête. On va voir ce que la société en a fait.
Ton rapport:
Qu'as-tu appris lors de cette investigation? Crée ta trace écrite ci-dessous.
Tâche 2
Mission: Tu es avocat de La Défense de Claude Gueux, tu souhaites utiliser le style d'écriture de Victor Hugo. Mais saurais-tu l'imiter? En te servant du tableau ,découvre les figures de styles qui sont présentes dans ce texte.
Ressources à consulter
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Ton champ d'investigation. Voici le texte à observer.
Examinez cette balance : toutes les jouissances dans le plateau du riche, toutes les misères dans le plateau du pauvre. Les deux parts ne sont-elles pas inégales ? La balance ne doit-elle pas nécessairement pencher, et l’état avec elle ?
Et maintenant dans le lot du pauvre, dans le plateau des misères, jetez la certitude d’un avenir céleste, jetez l’aspiration au bonheur éternel, jetez le paradis, contre-poids magnifique ! Vous rétablissez l’équilibre. La part du pauvre est aussi riche que la part du riche.
C’est ce que savait Jésus, qui en savait plus long que Voltaire.
Donnez au peuple qui travaille et qui souffre, donnez au peuple, pour qui ce monde-ci est mauvais, la croyance à un meilleur monde fait pour lui.
Il sera tranquille, il sera patient. La patience est faite d’espérance.
Donc ensemencez les villages d’évangiles. Une bible par cabane. Que chaque livre et chaque champ produisent à eux deux un travailleur moral.
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Ton rapport:
Qu'as-tu appris lors de cette investigation? Crée ta trace écrite ci-dessous.
Tâche 3
Mission: Tu es témoin de la scène et prends note sur un carnet des arguments de Claude en faveur du geste criminel et des éléments contre ce geste criminel. Compare
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Une fois que les surveillants les eurent laissés seuls, Claude se leva debout sur son banc, et annonça à toute la chambrée qu’il avait quelque chose à dire. On fit silence.
Alors Claude haussa la voix et dit :
— Vous savez tous qu’Albin était mon frère. Je n’ai pas assez de ce qu’on me donne ici pour manger. Même en n’achetant que du pain avec le peu que je gagne, cela ne suffirait pas. Albin partageait sa ration avec moi ; je l’ai aimé d’abord parce qu’il m’a nourri, ensuite parce qu’il m’a aimé. Le directeur, M. D., nous a séparés. Cela ne lui faisait rien que nous fussions ensemble ; mais c’est un méchant homme, qui jouit de tourmenter. Je lui ai redemandé Albin. Vous avez vu, il n’a pas voulu. Je lui ai donné jusqu’au 4 novembre pour me rendre Albin. Il m’a fait mettre au cachot pour avoir dit cela. Moi, pendant ce temps-là, je l’ai jugé et je l’ai condamné à mort*. Nous sommes au 4 novembre. Il viendra dans deux heures faire sa tournée. Je vous préviens que je vais le tuer. Avez-vous quelque chose à dire à cela ?
Tous gardèrent le silence.
Claude reprit. Il parla, à ce qu’il paraît, avec une éloquence singulière, qui d’ailleurs lui était naturelle. Il déclara qu’il savait bien qu’il allait faire une action violente, mais qu’il ne croyait pas avoir tort. Il attesta la conscience des quatre-vingt-un voleurs qui l’écoutaient :
Qu’il était dans une rude extrémité ;
Que la nécessité de se faire justice soi-même était un cul-de-sac où l’on se trouvait engagé quelquefois ;
Qu’à la vérité il ne pouvait prendre la vie du directeur sans donner la sienne propre, mais qu’il trouvait bon de donner sa vie pour une chose juste ;
Qu’il avait mûrement réfléchi, et à cela seulement, depuis deux mois ;
Qu’il croyait bien ne pas se laisser entraîner par le ressentiment, mais que, dans le cas où cela serait, il suppliait qu’on l’en avertit ;
Qu’il soumettait honnêtement ses raisons aux hommes justes qui l’écoutaient ;
Qu’il allait donc tuer M. D., mais que, si quelqu’un avait une objection à lui faire, il était prêt à l’écouter.
Une voix seulement s’éleva, et dit qu’avant de tuer le directeur, Claude devait essayer une dernière fois de lui parler et de le fléchir.
— C’est juste, dit Claude, et je le ferai.
Huit heures sonnèrent à la grande horloge. Le directeur devait venir à neuf heures.
Une fois que cette étrange cour de cassation eut en quelque sorte ratifié la sentence qu’il avait portée, Claude reprit toute sa sérénité. Il mit sur une table tout ce qu’il possédait en linge et en vêtements, la pauvre dépouille du prisonnier, et, appelant l’un après l’autre ceux de ses compagnons qu’il aimait le plus après Albin, il leur distribua tout. Il ne garda que la petite paire de ciseaux.
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