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Le regard des autres

by vaucencours 37

Pages 2 and 3 of 41

Collectif
Le regard des autres
Editions Vaucanson
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Les textes qui suivent ont été écrits par quelques élèves de Première, dans le cadre de l'enseignement de spécialité HLP et plus précisément dans le cadre de la problématique "l'homme et l'animal".

Ils sont un hommage au roman Anima écrit par Wajdi Mouawad et publié en 2012.
Pholcus phalangioides
  Pendue à mon fil, je l’observais. Il s’est approché de moi, a pris un vieux livre poussiéreux se trouvant près de moi et a détruit une partie de mon dur labeur. Il s’est assis sur un fauteuil et a ouvert le livre ; son regard semble s’être perdu dans les pages jaunies de celui-ci. Je le voyais tourner les pages à un rythme très lent. Je l’observais et le voyais fatigué. Je l’observais somnoler. Je l’observais dormir. Il semblait à présent inanimé. Pendant qu’il dormait, j’ai reconstruit ce qu’il a détruit de mon piège redoutable. Quelques proies sont restées coincées dessus. Je me suis emparé de l’une d’entre elles à l’aide de mes huit pattes velues et lui ai injecté des enzymes pour faciliter son absorption. Je voyais le livre qui était encore entre les mains de celui qui le tenait glisser pour finalement tomber au sol. Il est encore endormi. Parfois lorsqu’il faisait tomber quelque chose, il sursautait, mais cette fois ci, il est resté dans un sommeil profond. J’ai cessé de le regarder et lorsque je l’ai observé à nouveau, je l’ai vu éveillé.
Pan troglodytes
Une nouvelle journée vient de commencer, mon soigneur toujours ponctuel me réveille par un bonjour respectueux. Il ouvre la cage dans laquelle je passe mes nuits pour que j’aille dans le parc qui m’est attribué. Mais aujourd’hui, il n’est pas comme d’habitude, son sourire quotidien n’est pas présent, son regard n’est plus le même. Il a l’air inquiet et me scrute méticuleusement. En effet, hier, après un saut entre les branches des arbres, je suis tombé et maintenant je boite. Ma démarche semble le préoccuper. Je ne suis pas qu’un travail pour lui, il y a une relation fusionnelle entre nous. J’ai l’impression d’être de sa famille. Il est comme un père avec son enfant. Plein d’attention et aux petits soins. Mes pas l’interrogent, suis-je blessé ? Quelques minutes suffissent à le rassurer. En m’auscultant il se rend compte rapidement que ce n’est rien de grave. Je vois dans l’expression de son regard toute l’attention qu’il me porte. Oui, je marche normalement sans aucune séquelle de ma mésaventure. Son large sourire qui s’étend sur son visage est de retour, il me fait d’ailleurs prendre conscience de l’amour qu’il me porte.
Une nouvelle journée vient de commencer, mon soigneur toujours ponctuel me réveille par un bonjour respectueux. Il ouvre la cage dans laquelle je passe mes nuits pour que j’aille dans le parc qui m’est attribué. Mais aujourd’hui, il n’est pas comme d’habitude, son sourire quotidien n’est pas présent, son regard n’est plus le même. Il a l’air inquiet et me scrute méticuleusement. En effet, hier, après un saut entre les branches des arbres, je suis tombé et maintenant je boite. Ma démarche semble le préoccuper. Je ne suis pas qu’un travail pour lui, il y a une relation fusionnelle entre nous. J’ai l’impression d’être de sa famille. Il est comme un père avec son enfant. Plein d’attention et aux petits soins. Mes pas l’interrogent, suis-je blessé ? Quelques minutes suffissent à le rassurer. En m’auscultant il se rend compte rapidement que ce n’est rien de grave. Je vois dans l’expression de son regard toute l’attention qu’il me porte. Oui, je marche normalement sans aucune séquelle de ma mésaventure. Son large sourire qui s’étend sur son visage est de retour, il me fait d’ailleurs prendre conscience de l’amour qu’il me porte.
Vulpes vulpes crucigera
J'étais là. Assis. Depuis quelques minutes, peut-être trois, ou peut-être quatre. Même cinq. Je le regardais, et je le regarde encore. Une dizaine de mètres seulement nous sépare, mais je reste immobile, toujours caché derrière une souche en bois foncé recouverte de feuillages de toutes sortes. Je sais qu'il ne me voit pas, mais je sais qu'il me cherche. Il est à l’affût, tout comme moi, mais je sais que nos intentions sont particulièrement différentes. A la vue de ses bottes en caoutchouc, à la vue de son épais manteau marron, à la vue de son solide fusil, je le sais. Mais je ne m'enfuis pas, je reste assis là, à le regarder, à le contempler. Quelque chose en lui m'intrigue, mais surtout m'appelle. Je me trompe peut-être, pourtant, je suis toujours là. Je n'ai pas peur, comme à mon habitude dans ces moments-là, je ne ressens ni colère ni haine envers celui qui va sans doute m'ôter la vie s'il me voyait ne serait-ce qu'un seul instant. Je me trompe peut-être.
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