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Il n'y a plus d'après À Saint Martin des prés Il y eut un avant Avant les pierres tombées Avant la racine embrassant la stèle Quand le chœur vibrait des cantiques De paroissiens endimanchés Quand les briques étaient des murs Il n'y a plus d'après À Saint Martin des prés Dans l'ombre humide De l'Omignon Sous le lierre Enfoui Un hier Enfui Abandonné

Devons-nous nous taire Quand le coq chante ? Que devons-nous faire Quand les loups hurlent ? Qu'ai je renié ? Qui a cousu mes lèvres ? Sans doute Devons-nous parler. Dire ce que nous savons. La tête entre les mains Pierre n'a pas fini de pleurer.

Une pierre lancée A la tête des vagues Par un pêcheur Que la mer a trahi Sous l'oeil medusé Des guillemots Plastron blanc Accrochés à leur rocher La première jetée Dans la mer abîmée Il n' a pas pardonné Le fils emporté Cap Fréhel 15/02/22

Marquenterre Désert de Namibie Ici même la mer a soif Je l'ai cherchée L'assoiffée Elle s'est dissoute Dans le bleu épais du ciel Accablée de chaleur Pointe de Saint Quentin Le sable plante ses crocs Sur le banc de l'îlette Sous nos pieds en feu Après la dune, le Kalahari, le Sahara, J'entends le pas des dromadaires, Les caravanes avant l'oasis, J'espère, les yeux piquants, Un peu d'ombre le long de la Maye Le Crotoy ondule au loin Bercé par l'air salé et brulant Ronflent les moteurs Des tracteurs qui ramènent Leurs charges de moules Sur des routes de sable Marquenterre Skeleton coast Ici même la mer a soif

Elishéba disait à Miriam Iohanan, mon grand Ira devant Sera avant Il grandira en force Et en joie Le verbe facile Et le cœur impétueux Miriam lui répondait Iéshoua, mon petit Viendra après Sera l’après Il ira par les routes Viendra à sa rencontre Ils se reconnaîtront L’un l’autre Le long du fleuve Les deux femmes savaient Qu’ils s’aimeraient Savaient qu’un jour L’après serait l’avant, Le petit devant le grand Elles le sentaient Quand en elles Ils bougeaient Impatients

Un jour bleu Bleu comme le spleen indéfinissable D'un monde inquiet, tourmenté Bleu comme cet après-midi De février Si doux Si clair Si calme J'attends un peu Une bête, un museau, Une écaille, une aile Quelque chose, un mouvement, Un cri Une plainte Un frôlement Un oiseau bleu qui passe Un martin pêcheur

Comme un saule J'ai pris racine Sur la terre fragile des marais Comme un saule J'ai puisé ma force Dans l'eau trouble Des étangs opaques Je n'ai jamais été très solide Mais je suis toujours là Je n'ai jamais été bien ancré Mais je m'agrippe Et j'ai tenu bon Et ma tête a touché le ciel Il y avait des matins Je me sentais immortel Les années se suivent Alors je me rappelle Elles vont, elles viennent Nous désolent ou nous consolent Une année ancienne est Chassée par une nouvelle Qui ne sera ni meilleure ni pire que celle Qu'on aimera maudire Et qu'on voudra oublier Les années me poursuivent En vagues perpétuelles La ronde des saisons Et le temps qui nous harcèle

Une année ancienne a été Chassée par une nouvelle Qui ne sera ni meilleure Ni pire que celles Qui nous ont fait souffrir ou rire Et qu'on croyait éternelles Je pensais avoir Le monde sur mes épaules J'étais tombé sur le chemin J'ai perdu mes racines J'ai épuisé mes forces J'ai tenu Me suis agrippé Je n'ai jamais été si peu solide Comme un saule Il est des soirs Où je me découvre mortel L'année nouvelle Ami fidèle Sera très belle Belle à pleurer Belle à vivre Et sans nul doute, Ni meilleure ni pire que celle Qui s'enfuit à tire d'aile Avec toutes les autres.

J'irai en pèlerinage Sur l'îlot Saint Michel J'irai par le tombolo Et ses cordons de moules Pour lancer ma prière Comme une bouteille à la mer Avant que la marée soit haute Erquy le 16/02/22

Ici coule la bière Et virevolte Yan den Houtkapper Ici vibrent les Flandres Et danse Jacobus Aujourd'hui nos cœurs Battent à l'unisson Sur la route aux moulins Nos jambes de coureurs Portées par leurs chansons Tournent sur les chemins Ici coule la bière Et virevolte Jean le bûcheron Ici vibrent les Flandres Et danse Jacobus La nuit descend avec le brouillard Sur la petite place On suspend l'instant Juste pour un soir Le temps d'une danse Ici coule la bière Et virevolte Jean le bûcheron Ici vibrent les Flandres Et danse Jacobus A Steenvoorde Fanfare et tintamarre A Steenvoorde Fanfare et tintamarre

Entre chien et loup Les saules ont étendu Leurs bronchioles touffues Comme branchies En un souffle Ils expirent les jours passés A attendre l'accalmie Que l'avenir nous promet Entre chien et loup Battent les ailes Des anges déchus Leurs longues rémiges blanchies Avides de ciel Chassent, livides, l'année perdue A espérer la nuit Qui enfantera un jour Neuf et respirable

Géantes encombrantes Elles ont posé leur ombre Sur la plaine Une terre Où la guerre Affleure Sur leur Golgotha De béton armé Elles se tendent parfois Comme des christ en croix Dans des ciels de brumes Comme des linceuls Et pourtant elles tournent Lentes Pesantes Vrombissantes Comme des nuées d'abeilles Comme bourdons

Je les ai vues grandir S'épanouir Et quand reprend la bise Elles me regardent de haut Dans le brouillard humide De décembre Elles qui brassent l'air De leurs longs bras Sentinelles imposantes Anges ailés Veilleuses tranquilles Elles me parlent Des collines Et du vent

S’il y a des planètes Où les baobabs Rencontrent des enfants blonds, Au sud de Marseille Vers qui tend ce platane d’orient Géant blanchi par les ans ? Vers ce petit enfant brun Qui enjambe ses racines noueuses Qui plongent si loin Sous la Méditerranée Peut-être Du côté d’Alger, De Tunis ou Tanger Puisant sous le désert Tarissant l'oasis Il semble fort et solide Le vieil arbre A la vaste chevelure Aux branches comme Autant de voyages Ramures sinueuses, étendues, infinies Dans un ciel de courants d’air Livré au mistral Qu’il retient comme il peut Quand le sirocco au contraire Dépose son sable rouge Sur son tronc lisse Et sans couleur

Que dit-il à l’enfant qui joue De sa vie à venir, de ses rêves ? Lui parle -t-il de la fierté de son père De l’amour de sa mère ? Il lui livre un secret Il lui chuchote ses origines Le thé aux amandes La semoule safranée Et la lablabi chez Yassine Il lui dit quel adulte il sera Quel chemin il prendra Les mers qu’il traversera Les femmes qu’il aimera Les enfants qu’il aura Il lui dit tout Ne lui cache rien Il sait Il l’encourage Il l’aime

Les grenouilles ont la vie dure Surtout les plus envieuses Promises je vous assure A la mort la plus affreuse Exploser comme baudruche percée Grossir sans se dégonfler Et puis crever , dépecées Démembrées, vessies enflées Petits tas verdâtres Sacrifiées par leur auteur Dans un joyeux théâtre De viscères et d'humeurs. Pauvres amphibiens. Mais beau spectacle j'en conviens.

Petit zoo des réseaux. Animaux, végétaux, humains, petit monde animé. Mots jetés sur la toile. Le livre des visages. Ivre d'images. Photos téléchargées. Portable. Effets. Liberté. Imagier des réseaux sociaux. Petit f, GRAND F,... Mots abandonnés, gratuits, délivrent les visages, Paysages, mirages...mirages...mirages

Seuls les détails comptent Elle attend son roi Au delà de la forêt Un trône de velours Pour qui aura l'audace De traverser Il est pour moi c'est sûr Ce long tapis doré Habillant le chemin Si j'osais m'y aventurer J'irais bientôt me reposer Au delà de la forêt Sur le trône de velours Sous son cadre doré

Mais je n'ai pas osé Que font les princes aujourd'hui ? Qui attendent les trônes vides ? Je n'ai fait qu'hésiter Peut-être avais-je un peu peur Que le velours soit trop doux Que l'or soit trop pur Que la forêt soit trop belle Peut-être ai-je eu peur D'une vie En sous bois Assis sous la dépouille D'un canard bien trop Mort. Exposition Eva Jospin Paris, musée de la chasse le 15/01/22 A l'écoute Venus in furs, Velvet underground, 1968

A défaut de banquise Un ours polaire Se réveille au pied d'un sapin Il surveille nos ombres Sous les lampadaires Il se demande Où il sera demain Sur un morceau de glace Naufragé involontaire De notre dérive climatique Perdu sur la place En sentinelle Il espère un miracle Magie De Noël

Ta lumière m'attire, Me tire M'extirpe du sable Des vases bleues Ta lumière m'aspire Comme phalène sur le lampadaire Posé sur la mer Sur le Hourdel Ta lumière respire Soupire Je m'entends Me taire

Elles arrivaient du nord Par milliers. Je les voyais ces hordes Guerrières S'empaler sur l'éperon D'ardoises. Elles s'égrainaient Comme du pop corn Dans les champs céruléens. Figées sur la croix. Aubes de communiantes Masquant la noirceur De leur cœur Elles arrivaient splendides Et informes Livrées à elles-mêmes Au dessus De Combles. Cotonneuses augures Des orages à venir.

Georges se promène Face au Malgré tout Face aux Manises Et son long cortège Elle aime cette vallée Revin et ses trois cités En boucles de Meuse Plus loin Allons à Rocroi Dis Dessine-moi un mouton Pas dans une boîte Cette fois ci Mais dans une étoile Verte à jalouser l'espoir

Petits poèmes du net

Il serpente Posé au milieu Des bois ténus Encombré de noisetiers Et de cornouillers Il se creuse De bauges Boues noires Des marécages Il longe Les eaux vertes Où se regardent Les saules Où plongent Racines Cygnes Foulques Qui se faufilent Dans la jungle Des jussies Et des myriophylles Il se perd Quand le jour s’abime Quand le soleil tombe Et que la nuit s’affirme

Nous vivons tous dans une époque fantastique Dans le grand livre des visages De nouveaux amis à ton image Une toile tissée, tendue de tous ces liens factices Faite de nos propres égoïsmes De fausses nouvelles et de truismes Dans le réseau de nos angoisses élastiques On partage tous les mêmes mensonges La vie n’est plus qu’un triste songe Tu vois, le temps ici a une autre couleur, a une autre douleur Allons voir ailleurs Si le monde est plus lent S’il nous fait moins peur Ames virtuelles abandonnées par les artistes Faisons le même constat d’échec Aveugles et sourds et les yeux secs Nos mains baignant dans des océans de plastique Loin de nos transes virtuelles Dans une pestilence bien réelle Fixant l’écran, perdu, la tête entre les mains Je ne sais plus si ma terre pleure Mon monde est devenu un leurre Tu vois, la vie ici a une drôle d’odeur, a une drôle d’allure Allons voir petit Si ton monde est plus grand Et s’il existe encore Tu vois, ta vie ici sera faite de bonheur ou d’un plus grand malheur Réveille-moi petit Dis-moi ce qu’il faut faire Dis-moi ce que tu espères J’ouvre une fenêtre bleue sur ma planète pixélisée Je la reconnais à peine tant on me l’a changée.

UNE FENETRE BLEUE

Un tout petit oiseau Plutôt fragile Une mésange A frappé à la fenêtre Tapant du bec, agile Et inquiète Hésitante A la fin de l'hiver Elle réclame Quelques graines Dans une boule de suif Face au rouge-gorge Qui lui dispute quelques miettes Elle arbore fièrement son habit Tout de bleu et de jaune En quête d'un peu d'attention Tenace et obstinée En mars, mois guerrier Elle résiste

Au centre il y a l'eau Comme une mer Où jouent les poissons Du bleu à l'infini En son milieu Pousse un saule Racines tendues Un tronc ridé Et quelque part Sur sa berge Une vieille église Joue les rescapées Car avant l'eau, le saule et l'église Il y avait trois villages, Atlantides du Der, À jamais engloutis

J'aime les cygnes Posés sur l'eau Comme des nymphéas Glissant doucement Sur l'étang endormi Sans même toucher la surface Que font-ils ainsi Nonchalants, Flottant Comme des mouchoirs blancs ? Combien d'yeux rougis, De nez humides Ont-ils essuyés ? De chagrins d'enfants, De peines d'adolescents De tristesses d'adultes Ont-ils consolés ? Géants fatigués, endormis

On les regarde glisser Voguer sans but Voiliers immaculés D'un roi habité Barques fragiles D'un Dieu mourant Sorties d'un film de Luchino Visconti Ils tendent le cou Se courbent Et plongent leur tête Dans l'eau profonde. Ils entrainent avec eux Notre peine Noyée de mélancolie Petits cailloux blancs Tombés de la poche Du petit Poucet Ils nous montrent un chemin oublié.

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