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Nos éclats de vie

by Pascale Ansoux-Lama

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NOS ÉCLATS de VIE
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Ecrire à la façon de Philippe DELERM


ILCF- 2021-Groupe 14
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Nos Éclats de vie est un recueil de textes patiemment imaginés, rédigés et sculptés entre février et mai 2021.

Ils relatent de brefs instants de nos vies, des moments captés au fil du temps, décrits de telle sorte que tout lecteur, toute lectrice y saisira une image, une sensation qu'il-elle reconnaîtra comme sienne.

Ces textes sont une invitation à savourer, à saisir l'émerveillement dans les plus petits recoins de notre existence.

Bonne lecture!
« Une heure à la Gare de Lyon »



Montparnasse est loin et la Place de République est vide. Quelle heure est-il ? Où est-on ? Le temps est-il déjà perdu ? C’est le soir, avant l’arrivée d’un train à Lyon, dans un café à la Gare de Lyon. L’emploi de temps est bien prévu. Cette gare, située au Nord de la (rivière) Seine, dirige une vie parisienne vers le Sud autant qu’elle accueille la vie de la province au cœur de la capitale.

Même ce café est touché par cet échange à travers le temps entre la capitale, Paris, et les régions provinciales autour de Lyon. À l’intérieur du café, le décor de style Louis XVI coule partout. À la lumière d’un miroir grand en haut d’une cheminée, le café a l’air d’un salon bourgeois, pleine d’espoir, confiant en soi. Cette salle est vivante. Sur le mur se trouve une peinture de Pierre Bonnard, La Terrace à Vernon, où on voit une bouteille de vin sur la table. Édith Piaf et George Brassens chantent. Cette soirée est-elle dédiée à l’Auvergne ? Ou le Rhône, peut-être ?

Il semble que l’heure avant l’arrivée du train soit précieuse. La vision devient plus claire, on s’aperçoit du passage du temps du futur au passé. Le futur et le passé sont plus immédiats, car le temps du présent englobe les autres temps. Un paradoxe arrive selon lequel le temps s’arrête mais continue, on se souvient bien mais on oublie assez vite. On observe l’impermanence de ce qu’on entende dans le café : le bruit, le silence, les activités, les pauses. N’importe quelle question peut arriver dans ce temps du présent qui englobe tout. « Où va-t-on ? »
Une réponse à ce genre de question exige l’effort. Il faut chercher les mots. En même temps, certains mots sont déjà donnés, grâce à ceux qui ont utilisé ce lexique auparavant. Cela donne la direction. D’une certaine façon, la parole organise le temps. Sur le mur on lit, « liberté, égalité, fraternité ». Figé devant ces trois grands mots, est-il possible d’apprendre leurs sens en une heure, même dans une espace comme ce café de la Gare de Lyon, l’intérieur d’un intérieur, comme l’espace du Sainte des Saints ? On peut douter, mais un doute prend le temps.

La grande horloge à la Gare de Lyon rappelle qu’une heure est au centre de la vie. Illuminées par le soleil durant la journée, l’horloge brule assez fort pendant la soirée grâce à sa propre lumière. L’heure est omniprésente, comme des familles attendent leurs trains, comme les personnes seules sont assez attentives. Sous ce temps, ils restent ensemble. Durant la nuit, c’est la lune qui projette des ombres diverses sur le visage de l’horloge : l’ombre d’un arbre, d’un mur, d’un oiseau. Malgré la présence de ces ombrages, le temps continue à passer. Un jour suit une nuit, comme une nuit suit un jour. À la lumière ainsi que dans l’ombre, le temps reste omniprésent.
Justin
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