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Ali Baba et les 40 voleurs

by Raphaëlle Bobée

Pages 2 and 3 of 18

Ali Baba et les 40 voleurs
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 Il était une fois, dans une vieille cité persane, deux frères.

Kassim, l’aîné, avait épousé une femme fort désagréable, pour la seule raison qu’elle était très riche. Kassim devint gros et paresseux, et sa femme de plus en plus revêche. Le plus jeune, Ali Baba, était bûcheron, et il ne ressemblait pas du tout à son paresseux de frère. Il avait épousé une jolie et aimable jeune fille, et ils eurent un fils qu’ils appelèrent Ahmad. Une jeune orpheline, Morgiana, vivait avec eux pour les aider, et ils la considéraient comme un membre de la famille.
Ali Baba travaillait sans relâche pour subvenir aux besoins des siens et leur assurer un confort suffisant. Le gros Kassim et sa désagréable épouse auraient bien pu aider Ali Baba à s’acheter un nouvel âne ou à réparer le toit, mais ils étaient trop avares pour y songer une minute.
Un jour, Ali Baba partit couper du bois près d’un énorme rocher, dans une partie de la forêt qui ne lui était pas familière. C’était un endroit retiré, aussi, lorsqu’il entendit le galop d’un troupeau de chevaux venant dans sa direction, il décida aussitôt qu’il ne gagnerait sans doute rien à être découvert, seul, dans un tel lieu. Il cacha les ânes derrière un fourré et grimpa dans un grand arbre où il se dissimula dans le feuillage épais. A peine s’était-il caché qu’une bande de brigands à la mine patibulaire arriva devant le rocher. Ils étaient armés jusqu’aux dents de dagues et de longs cimeterres recourbés, et ils portaient de grandes capes noires. Ali Baba en avait compté trente-neuf, lorsqu’arriva au galop, sur un cheval noir hors d’haleine, un homme qui était manifestement leur chef. Tous les chevaux étaient lourdement chargés, et les hommes, ayant mis pied à terre, déposèrent leurs sacoches pleines à craquer au pied de la roche.
Puis le capitaine s’avança jusqu’au rocher. D’une voix terrible il cria :
« Sésame, ouvre-toi ! » et, sous les yeux stupéfaits d’Ali Baba, une brèche immense s’ouvrit dans l’épaisseur de la pierre. Les hommes s’y engouffrèrent et, lorsqu’ils furent tous à l’intérieur, le capitaine entre à son tour et cria : « Sésame, ferme-toi ! », et ce fut comme s’ils n’avaient jamais été là.
 Les genoux d’Ali Baba tremblaient. Pensant que le féroce capitaine ne montrerait aucune pitié à son égard s’il était découvert, il décida de rester caché, priant pour que ses ânes se tinssent tranquilles. A son grand soulagement, le rocher s’ouvrit à nouveau et les hommes sortirent, leurs sacoches vides à la main. Ils remontèrent à cheval, et toute la bande s’enfuit au galop aussi bruyamment qu’elle était arrivée. La poussière retomba, et le silence s’installa à nouveau dans la forêt.
Après avoir attendu qu’ils soient fort loin, Ali Baba descendit de l’arbre et courut voir ses ânes. Mais sa curiosité fut la plus forte. Que pouvait-il bien y avoir dans cette caverne ? Il marcha avec précaution vers le rocher. Sa paroi était aussi lisse que du marbre, et il ne put apercevoir la moindre fissure révélant une ouverture. « Il y a de la magie là-dessous, se dit-il, mais le capitaine n’a eu qu’à prononcer le nom d’une graine dont ma femme se sert pour faire des gâteaux », et il chuchota en tremblant :
« Sésame, ouvre-toi, s’il te plaît. » A sa grande stupéfaction, la porte d’ouvrit dans un calme roulement.
« Je vais juste jeter un coup d’œil », se dit-il en entrant dans la grotte.
 Lorsque ses yeux se furent habitués à la lumière qui filtrait à travers les fentes du plafond, Ali Baba eut le souffle coupé par la vision qui s’offrait à lui. Ce n’était pas une caverne lugubre et vide, mais une véritable chambre aux trésors. D’immenses coffres débordaient de plats et d’assiettes d’or et d’argent, ainsi que de pots et de gobelets finement ouvragés. Des pierres précieuses, rubis, émeraudes et saphirs, envoyaient leurs reflets irisés sur les parois du rocher, et des rangs de perles brillaient comme de minuscules lunes. Des sacs remplis de pièces déversaient sur le sol, des colliers de diamants et des couronnes délicatement ciselées étaient entassés n’importe comment. La grotte était sans aucun doute l’entrepôt des voleurs depuis plusieurs générations.
 Ali Baba resta un moment sans voix, puis il rassembla ses esprits. « Allah soit remercié, je vais désormais pouvoir faire vivre ma famille pour les années à venir ! Mais je dois me hâter avant le retour des voleurs », murmura-t-il. Le plus difficile était de choisir ! Ali Baba décida que le plus sûr était d’emporter quelques sacs de pièce d’or. Personne n’y prêterait attention s’il prenait soin de dépenser une pièce de temps à autre. Aussi prit-il deux petites bourses remplies d’or dans un grand sac qui se trouvait tout au fond de la grotte et il referma la porte derrière lui en disant :
« Sésame, ferme-toi ! » Après quoi, il rentra chez lui.

Ali Baba bouillait d’impatience : il avait hâte de raconter à son épouse son aventure. Elle fut, bien sûr, enchantée en entendant son récit, mais lorsqu’elle vit les pièces d’or s’échapper des bourses, elle s’inquiéta. « Cela représente bien trop d’argent pour que nous le laissions traîner ! Nous devons en garder un peu avec nous et enterrer le reste sous notre maison. Je vais aller emprunter une mesure à notre belle-sœur pour savoir combien nous en avons caché, dit-elle.
L’épouse de Kassim était une femme très désagréable, curieuse et avare. Si curieuse qu’elle ne put s’empêcher de se demander ce qu’Ali Baba pouvait bien posséder en telle quantité qu’il fallait le mesurer. Alors elle colla un petit morceau de cire sous le fond de la mesure, avant de la donner à sa belle-sœur.
Et ce fut ainsi que le secret fut découvert ! Ali Baba et sa femme pesèrent tout l’or et, après l’avoir enfoui, allèrent rendre la mesure à la femme de Kassim. Imaginez sa rage lorsqu’elle découvrit une pièce d’or collée dessous ! Elle courut voir son mari et lui dit qu’à coup sûr Allah les dédaignait, car pourquoi Ali Baba et sa famille seraient-ils en possession d’une telle richesse et pas eux ? Au lieu de se réjouir pour son frère, Kassim en devint vert de jalousie, et se précipita aussitôt chez Ali Baba, lui hurla dessus et le menaça d’aller raconter à tout le monde que son frère était un voleur si Ali Baba ne lui révélait pas l’origine de sa fortune.
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