Hīroga i Ahe Maru

Langue et numérique

A propos de cette publication

Semaine du 27 mars au 01 avril 2022

à Ahe

Les auteurs ont trouvé utile de retracer sous une forme originale une mission conjointe.

Tiere Tamariki Ahe Maru

Dans cette école paisible en bordure d'océan, les voix des enfants s'échouent sur le sable qu'ils foulent avec nonchalence.

Texte de J. Ragivaru et P. Peter

Une mission conjointe de l'Enseignante animatrice en langue et l'Enseignant référent pour les usages numériques peut parfois relever de la gageure, surtout lorsque celle-ci s'inscrit dans le cadre du "Hiroga".

Ce serait compter sans la détermination ni l'enthousiasme qui caractérisent les missionnaires de la Circonscription pédagogique des Tuamotu-Gambier. Ces formateurs inlassables habités par la volonté farouche de promouvoir leur domaine de compétences ne doutaient aucunement de la réussite de leur projet : concilier l'usage de la langue pa'umotu et le recours au numérique au service des apprentissages et des enseignements. Une promotion qui allait mobiliser petits et grands, élèves et enseignants dans un projet stimulant. Le tout avec le matériel disponible sur place.
Un défi qu'ils se sont fixés de relever.

Une histoire en 5 jours.

Patrick PETER

L'effort de dotation en matériel numérique que soutient le Ministère de l'Education permet aux élèves des écoles de Polynésie française de développer des compétences aux travers d'activités habituellement circonscrites à la largeur de leur cahier.

Le recours aux nouvelles technologies n'a pas pour vocation ultime de faire autrement. Non. Elle doit faire la preuve de plus-values indiscutables : les fonctions audio-vidéos seront sans doute les plus citées. L'élève est capable de s'enregisrer, se voir et s'écouter. Il pourra donc se lancer dans un processus d'amélioration de sa production, de ses performances.

Si ces appareils nomades participent à faire tomber les murs de la classe, sortons et explorons notre environnement ! Les parents curieux pouvaient observer avec étonnement les uns et les autres parcourir la cours de l'école, tablette en mains, prenant photos, donnant interviews, assis à saisir du texte... O tempora, o mores...

Une mission peu ordinaire

Ecole & Parents

A la rencontre des parents d'élève. Explication.

Par eRUN-C6

Aller à la rencontre des parents c'est accepter d'entendre leurs doutes, leurs joies, leurs peines. C'est un exercice redouté. Imaginez la situation lorsque, deux heures durant, c'est la langue locale qui est celle des échanges !

Présentation de la mission et de l'équipe
Arrivés au village par le vol du dimanche 27 mars, les missionnaires ne sont pas passés inapperçus. Ahe n'est pas si peuplée, et, au rythme des vols réguliers, on voit circuler dans les quelques rues du village de nouvelles silhouettes. Dans un pa'umotu impeccable, Jenny a donc présenté les brigadières et les deux formateurs aux nombreux parents qui se sont déplacés.

Entre assurance et interrogations
L'enseignement en langue pa'umotu ne manque pas de susciter l'étonnement des parents. Heureux de voir leur langue ainsi promue, ils ne manquent pas de rappeler l'interdiction et les punitions qu'ils devaient endurer dans leur jeunesse.

Ensemble convaincus
La légitimité de l'action conduite et la bonne volonté des uns et des autres se conjuguent enfin pour le plus grand bonheur de tous.

Avec les parents
La participation active des parents est requise pour une école de la réussite

La relation parents - professeurs à Ahe

Patrick PETER

Si vous pensez que le rôle des parents se limite à conduire leur enfant le matin jusqu'à la grille de l'école et à les y attendre en fin de journée, vous risquez d'être agréablement surpris de l'engagememet de ceux de Ahe ! Ici les parents, qui n'ont bien souvent jamais quitté leur atoll, fondent beaucoup d'espoir dans ce que l'école peut apporter à la jeunesse de l'île. Mareva CHEUNG-FAT et Maiarii AROMAITERAI connaissent l'aspiration des parents à proposer un avenir extérieur aux enfants.

Ils sont à l'écoute des remarques que les professeurs font au sujet du travail de leur petit. Ils n'hésitent pas à se présenter à vous pour s'assurer de l'intérêt que leur progéniture manifeste pour les activités scolaires de la journée. Et parce que tout le monde se connaît à Ahe, il est courant que des parents portent un message de la part de ceux qui auraient été empêchés.

Ils apprécient tout particulièrement de prêter main forte à l'équipe enseignante lorsqu'un événement est programmé. Vous pouvez compter sur eux. Ce fut le cas pour le Hīroga du vendredi 1er avril.

1er jour de mission

Un livre numérique sur le quotidien en ligne de mire

Poser le contrat de travail

Te kōpuahaga

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Numérique et nomadisme

Et les enseignants ?

Texte : Patrick PETER

Donner du sens aux activités de classe
Jenny Ragivaru engage les élèves dans la production d'écrits basés sur leur vécu, leur environnement. C'est le fond de son action. Et elle a trouvé un support adapté à cet objectif : Book Creator.

Texte, images, sons, vidéos... enregistrements audio et interviews. Commençons par le plus évident : trouver un support à l'expression.
"Vous parlerez de ce que vous faîtes dans la vie de tous les jours. Pas seulement à l'école, mais aussi à la maison. Faîtes savoir ce que vous aimez, qui vit avec vous à la maison, filmez-les, prenez des photos de vos amis et présentez-les nous !"

"Madame, je pourrai aussi parler de la pêche ? Parce que c'est ce que j'aime le plus faire avec Makiroto le samedi."

Par eRUN-C6

Un livre numérique sur mon quotidien d'élève et d'enfant à Ahe ? Vous parlez d'une entreprise ! Il faut réunir du matériel pour ça... Des photos, des vidéos, des interviews. Et comment est-ce que les enfants vont collecter les ressources ?

Un point important avait été évoqué par l'eRUN lors de la réunion avec les parents : les dangers et quelques usages responsables des appareils les plus communs. Comment se servir de façon constructive de nos téléphones portables ou des tablettes... toujours à portée de mains des plus petits...

Cosélice

Imaginez-vous des élèves créer seuls un livre numérique sans même savoir quelle application utiliser, comment et sur quel appareil ? Mareva et Maiarii étaient tout aussi perplexes à l'idée de conduire ce travail avec leur classe.

Et pourtant. En quelques minutes, portée par une motivation redoublée, la coopération et l'aide de sa collègue, chacune surmontait l'obstacle de l'inconnu. Les fonctions les plus importantes étaient rapidement maîtrisées, et on se surprenait à vouloir produire des pages aussi belles qu'intéressantes.

Jenny RAGIVARU

Kia tū te ’ana’anatae i roto i te haga tāpura haga.
Kua riro te fakaauhaga rorouira BOOK CREATOR ei rāvega nō te hakatū te ‘ana’anatae i te haga tamariki, ei rāvega nō te hakatū i te haga tāpurā haga pāpaki, kāroehaga, rekorekohaga.

Puke Tako, ata, reo,… : BOOK CREATOR Te tahi rāvega nō te rekoreko
« E rekoreko kōtou i ruga I tō kōtou orahaga i te hana kātoa. I te fare hakapapa, i te fare, ka hakakite mai e aha tā kōtou e au roa, tō kōtou gutuafare, hoa. Ka pata i te haga ata, tāviri i tō rātou ata, tō kōtou fare, ia kōtou… »

« Korometua, e viru kātoa ia ku e rekoreko atu i ruga i te tautai ? Na muri ia Makirito, me au roa na ku i te hana māga. »

2è jour de mission

Focale numérique

Du côté des professeurs

Reo pa'umotu

Book Creator

Du côté des élèves

Texte : Patrick PETER

Une application vraiment adaptée
Les nouvelles technologies donnent une autre dimension aux apprentissages et aux enseignements lorsqu'elles sont mises à leur service. La manière déconcertante de facilité à créer une oeuvre mêlant texte, photos, vidéos, enregistrements sonores couplée à une prise en main aussi rapide qu'intuitive achève de décrire ce dont élèves et enseignants disposent avec cette application.

Le fond et la forme
En une heure de temps, l'enseignant référent aux usages numériques aura dans la classe de Maiarii, avec les CM1/CM2, découvert et utilisé les fonctions décrites ci-dessus. Et parce que ces reporters en herbe faisaient preuve d'une capacité à assimiler rapidement les procédures, on en profitait pour faire du beau.
Oui ! Les professionnels nous le confirment : une bande dessinée n'a aucun trait commun, si ce n'est de contenir elle aussi du texte, avec une lettre au Père Noël. Pour quelques raisons que nous ignorons encore, les demoiselles s'appliquaient davantage que la plupart de leurs camarades masculins à apporter des détails esthéthiques à leurs productions : couleur du fond de page et des objets, bordure, choix de la police de caractère, alignement et orientation du texte mobilisaient toute la délicatesse dont de jeunes auteurs sont capables.

Jenny RAGIVARU

Nō te haga tamariki
Te haga tagata pāpaki hou
Kia rave te haga tamariki ia BOOK CREATOR e au te hakuti i roto i tō rātou rima, mea pata ’ōhie noa, e rari reko e rā kua rutu.

Na kō mai ra Makiroto e
Tāku i au roa, kōia hoki kia viru e tuku te haga ata, tāviri te haga ata, kāore ra haruharu i tō koe reo. E kia hakarare kaore ra kia kite ana vau, e kite ia ku e rave hakahouā nō te hakamaitaki.

Te tahi manako i ruga i te rekorekohaga.

Jeunes auteurs
Book Creator sur tablette, entre les mains des élèves, se révèle un outil extrêmement puissant. Un pas à pas effectué avec eux leur permet de s'approprier les fonctions les plus importantes. En un tour de main, ils sont autonomes.

Makiroto témoigne
Moi, ce que j'aime, c'est qu'on peut mettre des photos et se filmer ou s'enregistrer. Mais quand je m'écoute ou que je me vois, je comprends qu'il faut le refaire. Je m'apperçois que j'hésite beaucoup, je ne sais plus quoi dire... Il faut que je m'entraîne.

Une amorce de réflexion sur la production orale.

Pas si compliqué que ça...
Enseignante contractuelle en remplacement de la titulaire de classe, Maiarii AROMAITERAI a la charge des élèves de Cours Préparatoire au Cours Moyen 2è année. Elle est présente dans l'école depuis un peu plus de deux mois maintenant et apprécie le cadre dans lequel elle exerce ses fonctions.

Le numérique à l'école ?
"J'avais effectivement noté la présence de quelques tablettes, mais je ne me posais pas la question de leur utilisation : quoi faire avec, et comment ?"
L'implication de notre collègue faisait plaisir à voir. Et ce sont les élèves eux-mêmes qui auront profité de son engagement.

Mākeva i Ahe Maru

Des activités sportives pour faire vivre une culture oubliée des plus jeunes

Une matinée exceptionnelle

Par eRUN-C6

Mareva et Maiarii avaient prévu en guise de finalité de leur projet de période une matinée culturelle ancrée dans la Semaine du patrimoine organisée chaque année par le Ministère de l'Education.

Des sports traditionnels
Guidées par la constance de "faire avec ce qu'on trouve ici" - quoi de plus cohérent après tout - nos deux collègues, avec le concours indispensable des parents avaient recensé des jeux d'autrefois, et mis en place des ateliers dans lesquels les élèves s'essaieraient successivement. Deux activités culinaires se tiendraient dans le réfectoire et la cuisine, tandis que 4 aires de jeux attendaient les "aito" du jour.

Mūpere
Il s'agit de la version locale de la corde à sauter. A la nuance près que la-dite corde est confectionnée à partir de palme de cocotier sèche tressée. Vous imaginez sans peine le temps nécessaire à ce travail d'orfèvre qui pourtant devra résister aux tensions et frottements auxquels il sera soumis.

Une joie simple
Voir les élèves prendre autant de plaisir à s'amuser avec si peu vient couronner le temps investi et le travail fait en classe, ou en dehors de la classe par les parents. Eux-mêmes semblaient replonger en enfance, ne manquant pas d'encourager et de conseiller leurs filles et leurs fils sur la manière de s'y prendre pour "entrer" lorsque la corde est en mouvement.

Pekepeke
La course en sac de jute révèle les aito.

Ateliers culinaires

Parents et enfants oeuvrent ensemble

Saveurs d'autrefois et mélanges de goûts

Cosélice

Le vendredi, journée de clôture de la Semaine du patrimoine, parents et enseignants se sont rappelé leur jeunesse en faisant la démonstration de plats peu connus des plus jeunes.

Ipo iti'iti
Mamie Célestine était tout heureuse de montrer comment réaliser le iti'iti.
"Farine, lait de coco, malaxez le tout jusqu'à obtenir une pâte moyennement épaisse et homogène. Faîtes chauffer une belle marmite de lait de coco. Prenez une poignée de pâte et, selon une technique que seule la pratique apporte, réalisez des boulettes que vous laisser tomber dans le lait chaud. Laissez cuire en prenant soin de remuer le tout avec délicatesse. Le iti'iti sera cuit lorsque les boulettes remonteront à la surface."

Smoothie
Tematamaru mixe les fruits sous l'oeil attentif de Mareva

eRUN-C6

Deux autres ateliers proposaient aux élèves de maternelle de préparer un plat traditionnel et une réalisation plus moderne.

Po'e mautini
Jenny a partagé aux plus jeunes cuisiniers de Ahe une recette on ne peut plus simple de po'e. "Prendre une mesure de pâte de fruit de mautini (citrouille) pour une mesure d'amidon. Bien mélanger le tout à la main, et seulement à la main. Verser le tout dans un plat et passer au four. Après une vingtaine de minutes, cela devrait être cuit". Les élèves, entre découverte de texture, de gestes précis et de termes nouveaux étaient impatients de passer à la dégustation.

Smoothie
Mareva avait préparé un atelier particulier à destination du palais sensible de ses élèves : des smoothies. Reconnaître des saveurs, des fruits, pratiquer des mélanges, découvrir de nouveaux appareils de cuisine et enrichir son lexique : enseignante surtout. On ne doute pas de l'intérêt porté par les enfants pour le résultat obtenu. Et si on vous disait qu'ils n'étaient pas les seuls intéressés ? Les adultes, pas moins que les élèves, ne parvenaient à contenir leur hâte de goûter à ses mélanges et textures...