Baolo, un destin tragique
J'étais esclave dans un champ de coton. Ma vie était difficile mais j'avais l'espoir d'être affranchi. Après environ trois ans de labeur, j'ai commencé à désespérer et a vouloir devenir un "esclave marron". Je pensais devoir m'échapper seul mais j'ai rencontré un groupe d'autres esclaves qui eux aussi échafaudaient des plans pour fuir la plantation. Il nous fallait être discrets et ne pas attirer les suspicions du maitre ou des gardiens.
Nous avons décidé de nous enfuir une nuit de pleine lune. Nous nous sommes échappés par un trou que nous avions repéré dans la haie de végétation. Nous avons marché discrètement pour ne pas faire craquer les feuilles et risquer de réveiller les chiens des gardiens. Après deux heures et demie de marche et plusieurs piqûres de moustiques, nous nous sommes retrouvés loin de la plantation.
Nous avons décidé de nous enfuir une nuit de pleine lune. Nous nous sommes échappés par un trou que nous avions repéré dans la haie de végétation. Nous avons marché discrètement pour ne pas faire craquer les feuilles et risquer de réveiller les chiens des gardiens. Après deux heures et demie de marche et plusieurs piqûres de moustiques, nous nous sommes retrouvés loin de la plantation.
À l'aube, les maîtres ont dû compter les têtes des esclaves, comme on compte du bétail et ils ont constaté que plusieurs manquaient à l'appel. Alors ils ont mis en place la procédure pour nous retrouver, nous, les fuyards, les nègres marrons.
De mon côté, je nageais en plein doute: comment fuir, rester libres? J'ai exprimé alors mes doutes au groupe mais mes camarades se sont gaussés de moi, puis m'ont incité à quitter le groupe estimant que je les ralentissais et les décourageais. Quelques heures plus tard, j'ai été retrouvé et de nouveau capturé. En châtiment, on m'a coupé le tendon d'Achille. J'ai attrapé le tétanos et après quatre mois d'atroces souffrances, me voici en proie à une telle souffrance que j'ai envie de mettre fin à mes jours.
De mon côté, je nageais en plein doute: comment fuir, rester libres? J'ai exprimé alors mes doutes au groupe mais mes camarades se sont gaussés de moi, puis m'ont incité à quitter le groupe estimant que je les ralentissais et les décourageais. Quelques heures plus tard, j'ai été retrouvé et de nouveau capturé. En châtiment, on m'a coupé le tendon d'Achille. J'ai attrapé le tétanos et après quatre mois d'atroces souffrances, me voici en proie à une telle souffrance que j'ai envie de mettre fin à mes jours.
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Baolo, un destin de nègre marron
Je travaillais dans une plantation aux Antilles. Je me levais à cinq heures du matin et travaillais jusqu’à vingt heures du soir. Mon maître s’appelait Roberto et il était blanc. Il me surveillait toute la journée et me fouettait si je désobéissais. J'espérais fuir les plantations pour aller me réfugier dans la montagne. Parfois, il y avait des révoltes : les esclaves se révoltaient pour arrêter de travailler et fuir vers la montagne. Alors, on se faisait fouetter, tuer, torturer à mort. Donc, nous étions obligés d’obéir.
Un matin, alors que j'étais en train de travailler dans un champ de canne à sucre, Roberto passa près de moi. Brusquement, je le poussai, lui pris son arme, le tuai et m’enfuis. Alertés par les coups de feu, d’autres colons arrivèrent et me tirèrent dessus, mais me ratèrent. Je ripostai, sautai la barrière et m’échappai.
Arrivé dans la montagne, je me construisis une cabane et fis un feu de camp. J' avais enfin réussi à m’enfuir. J'étais à la fois soulagé et libre, mais apeuré et anxieux: il fallait apprendre à vivre dans la nature. Rapidement, je rejoignis un groupe de nègres marrons comme moi, rencontré dans la forêt. Ensemble nous bâtîmes des carbets. Nous pratiquions les abattis qui étaient des cultures sur brûlis adaptées à l’environnement forestier.
Nous, les esclaves fugitifs, nous cachions dans des lieux difficiles d’accès pour ne pas être repérés. Plusieurs semaines passèrent. Petit à petit, je devins chef de la communauté. Nous étions environ une douzaine de nègres marrons. Je me liai notamment d'amitié avec Khadim.
Un matin, alors que j'étais en train de travailler dans un champ de canne à sucre, Roberto passa près de moi. Brusquement, je le poussai, lui pris son arme, le tuai et m’enfuis. Alertés par les coups de feu, d’autres colons arrivèrent et me tirèrent dessus, mais me ratèrent. Je ripostai, sautai la barrière et m’échappai.
Arrivé dans la montagne, je me construisis une cabane et fis un feu de camp. J' avais enfin réussi à m’enfuir. J'étais à la fois soulagé et libre, mais apeuré et anxieux: il fallait apprendre à vivre dans la nature. Rapidement, je rejoignis un groupe de nègres marrons comme moi, rencontré dans la forêt. Ensemble nous bâtîmes des carbets. Nous pratiquions les abattis qui étaient des cultures sur brûlis adaptées à l’environnement forestier.
Nous, les esclaves fugitifs, nous cachions dans des lieux difficiles d’accès pour ne pas être repérés. Plusieurs semaines passèrent. Petit à petit, je devins chef de la communauté. Nous étions environ une douzaine de nègres marrons. Je me liai notamment d'amitié avec Khadim.
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Article 38 du code noir sur les risques encourus par les nègres marrons
Les colons avaient engagé des chasseurs d’esclaves avec des chiens qui nous pourchassaient.
Un beau jour, Khadim partit avec un de ses coéquipiers pour aller chercher du bois dans la forêt. Tout à coup, un chasseur d’esclaves sauta sur lui par l’arrière et le menotta. Son coéquipier s’enfuit en courant et cria à l’aide. Khadim fut attrapé et emmené aux plantations. Alerté, je voulus le délivrer et me préparai à agir. Mon meilleur ami allait se faire couper le tendon d’Achille au petit matin, de telle sorte qu'il ne pourrait plus s’enfuir.
Un beau jour, Khadim partit avec un de ses coéquipiers pour aller chercher du bois dans la forêt. Tout à coup, un chasseur d’esclaves sauta sur lui par l’arrière et le menotta. Son coéquipier s’enfuit en courant et cria à l’aide. Khadim fut attrapé et emmené aux plantations. Alerté, je voulus le délivrer et me préparai à agir. Mon meilleur ami allait se faire couper le tendon d’Achille au petit matin, de telle sorte qu'il ne pourrait plus s’enfuir.
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Nous devions préparer un plan d’attaque pour libérer Khadim. Nous décidâmes d'agir à l'aube, le soleil était en train de se lever, Khadim était allongé sur le sol, surveillé par des colons. Ses mains étaient liées et attachées. Nous étions cachés à proximité des plantations et observions ce qui se passait. Tout à coup, un colon prit un couteau mais je sortis de ma cachette puis lui tirai dessus. Tous nos camarades se jetèrent sur les colons et se battirent de toute leur force. Je détachai Khadim puis ordonnai la retraite vers la montagne. Nous avions réussi à libérer Khadim in extremis.Loading...
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Capturée au GabonSucrière
Domestique
Un destin tragique
Un destin de nègre marron
Un destin d'esclave affranchie
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Sommaire du livreAïsha, capturée au Gabon
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Tout débute au Gabon.
Je m'appelle Aïsha.
Je ne connais pas ma date de naissance mais d'après le sage de mon village, je suis née autour de 1737.
Je suis plutôt petite de taille, environ 1m63...
Je suis une femme avenante mais aussi parfois belliqueuse, j'ai du caractère. Je suis la maman d'un petit garçon, son père a péri lors d'une bataille contre une tribu voisine. Nous vivions paisiblement dans notre village, nous nous nourrissions de fruits et de chasse. Quand la guerre tribale a éclaté, je fus capturée et vendue avec mon fils contre une poignée de balles et de coquillages.
Je m'appelle Aïsha.
Je ne connais pas ma date de naissance mais d'après le sage de mon village, je suis née autour de 1737.
Je suis plutôt petite de taille, environ 1m63...
Je suis une femme avenante mais aussi parfois belliqueuse, j'ai du caractère. Je suis la maman d'un petit garçon, son père a péri lors d'une bataille contre une tribu voisine. Nous vivions paisiblement dans notre village, nous nous nourrissions de fruits et de chasse. Quand la guerre tribale a éclaté, je fus capturée et vendue avec mon fils contre une poignée de balles et de coquillages.
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Poème "Une vie difficile"
Une fois sur le bateau un homme blanc a pointé son fusil sur mon fils. Je me suis débattue pour le défendre mais un autre homme m'entravait avec une chaîne. Et puis d'un coup, une détonation. Mon fils s'effondra sur le sol et je cessai mes mouvements, j'étais anéantie. L'homme riait et dit: "Il était malade de toutes façons". Quelques jours plus tard, alors que nous tentions de nous endormir malgré les cris, la chaleur et le manque d'air un homme blanc a ouvert la trappe permettant d'accéder à l'extérieur. Il a pris une femme malade avec lui et nous ne l'avons jamais revue. On pensait qu'elle était sortie d'affaire mais j'ai appris plus tard qu'elle était en fait morte.
Après six mois de traversée, nous sommes arrivés une nuit dans un port. Le jour se levait quand on nous sortit violemment de la cale. Je fus jetée sur le côté, poussée contre le mur comme toutes les femmes. Je reçus de l'eau salée qui me piquait la bouche, pour être propre avant la vente. En attendant que toutes les femmes se fassent nettoyer, je m'adossai contre le mur, mais un homme me cria après. En avançant vers l'estrade de vente, je vis plusieurs hommes blancs, plutôt bien habillés, qui nous dévisageaient sans vergogne.
Je les vis tout contents. D'après une femme à côté de moi avec qui j'avais sympathisé durant la traversée, c'était parce que cela faisait trois mois qu'il n'y avait pas eu de ventes à cause du retard de la traversée. Je montai sur l'estrade avec trois femmes juste à côté de moi. C'était mon tour, je me tournai de droite à gauche pour que l'on puisse voir mes atouts physiques. J'étais obligée de montrer ma dentition à l'assistance. Je suis une femme mince, petite de taille. Un homme plutôt réservé au fond de la salle m'observait. Il se lèva et proposa un prix.
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Moi Aïsha, j'étais vendue à M. Martin.
On m'a obligée à me convertir au christianisme.
J’ai déshonoré mes dieux en changeant de religion...
On m'a obligée à me convertir au christianisme.
J’ai déshonoré mes dieux en changeant de religion...
Aïsha, sucrière
Je travaille à présent dans les plantations de canne à sucre. On nous surnomme "les nègres de plantation". Suivant nos tâches, nous sommes affectés dans différentes zones de la plantation.
Je suis une sucrière faite pour produire le plus possible. Ma tâche consiste à planter, désherber la canne à sucre puis à la récolter et à la couper cinq à six mois après la plantation. Mes mains sont abîmées, couvertes de coupures et crevasses. Elles témoignent de la pénibilité de mon travail. Mes douleurs au dos sont de plus en plus insupportables à force de me baisser et dormir à même le sol n'arrange rien.
Je suis une sucrière faite pour produire le plus possible. Ma tâche consiste à planter, désherber la canne à sucre puis à la récolter et à la couper cinq à six mois après la plantation. Mes mains sont abîmées, couvertes de coupures et crevasses. Elles témoignent de la pénibilité de mon travail. Mes douleurs au dos sont de plus en plus insupportables à force de me baisser et dormir à même le sol n'arrange rien.
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Savez-vous que nous dormons sur de simples paillasses ? Notre espérance de vie est très limitée et chaque jour est une lutte pour échapper aux maladies, à la faim. Les planteurs et les contremaîtres sont violents avec nous, ils nous considèrent comme des bêtes ou des objets. Nous subissons de la violence physique, les coups sont fréquents, à n'importe quel prétexte et le fouet est le symbole même de cette violence. On nous insulte et on nous humilie. Pour nous maintenir dans l'obéissance, une forte pression est exercée et nous sommes déshumanisés.
Certains sont violents envers eux-mêmes et s'auto-mutilent pour échapper aux travaux de force. D'autres se donnent la mort pour en finir avec cet enfer.
Il arrive que mon travail me fasse oublier comment sourire. Entre la chaleur, la moiteur, l'herbe mouillée, je perds la notion de l'espace et du temps. Ces planteurs savent-ils que le sang qui coule dans mes veines est de la même couleur que le leur ? Sentent-ils une once d'humanité en me regardant dans les yeux ? Malgré toute ma lassitude, la rage m’habite encore et si je le peux, je m'enfuirai, j'échapperai à ces personnes dénuées d'humanité. Personne n'est pleutre ici ! Nous survivrons !
Certains sont violents envers eux-mêmes et s'auto-mutilent pour échapper aux travaux de force. D'autres se donnent la mort pour en finir avec cet enfer.
Il arrive que mon travail me fasse oublier comment sourire. Entre la chaleur, la moiteur, l'herbe mouillée, je perds la notion de l'espace et du temps. Ces planteurs savent-ils que le sang qui coule dans mes veines est de la même couleur que le leur ? Sentent-ils une once d'humanité en me regardant dans les yeux ? Malgré toute ma lassitude, la rage m’habite encore et si je le peux, je m'enfuirai, j'échapperai à ces personnes dénuées d'humanité. Personne n'est pleutre ici ! Nous survivrons !