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Le concierge de Paul-Bruchési

by Blais-Gobeil Geneviève

Pages 2 and 3 of 40

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Personne.

Absolument personne.

J’insiste: personne, personne, personne n’est descendu dans la cave de l’école Paul-Bruchési depuis une bonne cinquantaine d’années.

En fait, la dernière fois que ce sous-sol sombre et humide a été visité, c’est le 16 novembre 1971, par le concierge de l’école à cette époque, M. Schachtanovolochipskipovitch-Wong-Bédard (M. Dominic, enseignant en 5e année, s’engage à payer une X Box à toute personne qui saura prononcer sans bafouiller le nom de famille du concierge).
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Donc, M. Schachtanovolochipskipovitch-Wong-Bédard est descendu ce matin-là dans la cave pour y chercher sa vadrouille, comme il le faisait à tous les matins depuis des années. M. Schachtanovolochipskipovitch-Wong-Bédard (ouf, écoutez, on va l’appeler M. Scha, ok, ça va être plus simple) adorait son travail. Mais aller dans cette cave sombre et humide… il aimait moins ça.

Dès qu’il a atteint le bas de l’escalier, M. Scha s’est précipité vers le fond de la cave sombre et humide (est-ce que je vous ai dit que la cave était sombre et humide?) où se trouvait la garde-robe dans laquelle la vadrouille était rangée.

Il est venu pour ouvrir la porte.
Et là, il les a remarquées.

Elles, les deux autres portes.

M. Scha descendait dans cette cave (tous ensemble: sombre et humide) tous les matins depuis des années. Et c’est la première fois qu’il voyait qu’à côté de la garde-robe se trouvait deux autres portes.

Elles n’étaient pas là avant. De ça, il en était sûr.

Il n’y a toujours eu qu’une porte. Là, il y en avait trois.

M. Scha était-il devenu fou? Lentement, il s’est approché d’une des nouvelles portes. A posé sa main sur la poignée. L’a tournée…
Quelques heures plus tard, au rez-de-chaussée de l’école, la Directrice, Mme Marie Payette (oui, oui, c’est la grand-mère de notre Mme Payette à nous!) regarde l’horloge dans son bureau: il est presque 17h et, phénomène étrange, elle n’a pas vu une seule fois le concierge, M. Scha, depuis le moment où elle l’a croisé le matin même.


Et elle ne le reverra plus jamais. M. Scha a disparu! On l’a cherché partout dans l’école, la police s’est rendue à son appartement. La cave, l’endroit où quelqu’un l’a vu se diriger ce matin-là, a été inspectée de fond en comble: rien! Plus de traces de M. Scha!
50 ans plus tard.

11 mars 2021.

Trois élèves de l’école Paul-Bruchési attendent que Mme Payette (oui, oui, notre Mme Payette!) quitte son bureau pour aller lui voler la clé menant à la cave.

Arnaud, Chloé et Rosalie connaissent la légende des trois portes. Ils savent qu’il y a très longtemps, le concierge de l’école a disparu: la légende dit qu’il aurait ouvert une des trois portes (depuis quand il y a trois portes?). Depuis, plus personne n’est descendu à la cave. Eh ben, eux, ils ont décidé qu’ils y iraient (oui, je sais, c’est une idée un peu stupide mais c’est le genre d’idées qu’ils ont ces trois-là!)
Profitant d’un rare moment d’accalmie dans le corridor, le trio déverrouille la vieille porte menant à la cave. Le grincement qu'elle fait en s’ouvrant témoigne du nombre d’années pendant lesquelles elle n’a pas été utilisée.

Arnaud, Chloé et Rosalie se retrouvent au bas de l’escalier. La cave est encore et toujours sombre et humide. Partout, des toiles d’araignées, des pupitres cassés, des boîtes de carton moisies. Dans l’une d’elles, Arnaud trouve même de vieux bulletins: « Oh, regardez, le bulletin de Paule! ». « Han, Paule, notre enseignante?!! », s’exclame Chloé. « Elle était une élève de l’école? ». Arnaud lit les commentaires sur le bulletin: « Paule serait une élève parfaite si elle cessait de cacher des vers de terre dans les lunchs pour taquiner ses amis de classe! ». Les trois amis réagissent en choeur: « Ouach! ».
C’est alors qu’ils remarquent, là, au fond de la cave, les trois portes.

Ils s’approchent d’elles, doucement, apeurés, mais trop curieux pour penser à s’en aller.

Les trois portes sont bien fermées. Une est noire, l’autre, rouge, la troisième, bleue.

Soudain, un crépitement se fait entendre, Apparaît alors, sur le mur, un message en lettres de feu:

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