Nos éclats de vie

Une fois qu’on ouvre une boîte de girofles, on sillonne un pays arabe. On passe un petit séjour dans un marché autour du désert du Sahara, ses clous ont été achetés par un marchand musulman coiffé d’un Turban, un tissu qui permet de se protéger la tête, près duquel un chameau dort paisiblement. Une fois évoqué dans un monde parallèle, comme si on dépassait le concept temporel et spatial, notre esprit flâne plus librement.&nbsp; Une autre fois, on ouvre une autre boîte. Il s’agit de la boîte aux bâtons de cannelle, issus du Sri Lanka, nous inspirant un village anglais. Ces cannelles nous lancent un sort puis elles nous transforment en un citoyen de l’empire britannique. Ce même sort qui prit la reine Victoria en 1877 lorsqu’elle devint la reine. On prend quelques épices dans son French press, on saisit une casserole et fait bouillir de l’eau dedans, on entend des bruits vifs et on chauffe de l’eau. Les doigts pincent trois grains de girofles et un bâton de cannelle. L’odeur reste dans l’air en cuisine et nage vers le reste des pièces.&nbsp;Pendant que l’eau chauffe, notre sentiment s’envole. A mesure qu’on attend l’eau chaude prête, on est transporté dans un lieu insolite bizarre, excentrique et exotique. Comme si une sorcière maléfique des quatre coins du monde le jouait par sa magie ou alors comme si des anges exquis nous invitaient dans l’éden.&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;On prend l’eau chaude, qui avait joué une mélodie, dirigé un orchestre puis chanté comme si elle était sur le point d’effectuer la Symphonie nº 9 de Beethoven. On verse de l’eau dans le French press. La vapeur prive donc notre vision de ce qui se passe devant nous. Tout d’un coup, l’eau est envoûtée, changeant sa couleur et plus en plus foncée. Une fois que la fragrance augmente, elle nous hypnotise dans un monde fascinant éloigné du monde qui nous entourait. Le beau nuage de plus en plus épais, profond et massif.

Pose ta cigarette et danse avec moi

L’envie de danser m’envahit depuis lundi. La semaine était longue et je me retrouvais épuisée, par conséquent, tout ce que je voulais était de profiter de ma liberté, cette liberté que ce nouveau pays m'offrait.&nbsp;En ce temps, je vivais dans une grande maison avec 32 jeunes dans un même bâtiment au Mexique.&nbsp;C’était le premier mois où je vivais toute seule dans un autre pays, où je sentais que je pouvais manger le monde d’un seul morceau. Au coucher du soleil, j’ai entendu la porte principale s’ouvrir, j’ai vu un homme que je n’ai pas pu quitter des yeux, même si je le voulais. Son regard me faisait une invitation à l’inconnu. Nos regards se sont croisés pendant qu’il parlait à son ami, après un moment il est venu vers moi&nbsp;; je pouvais sentir comment il s’approchait de moi à grands pas et mon cœur battait à mille à l’heure. J’aime faire de nouvelles connaissances car on ne connaît pas jusqu'à où peuvent nous ramener ces nouvelles amitiés&nbsp;: un jour tu peux être chez toi et le jour suivant être de l’autre côté du pays en profitant d’une «&nbsp;piña colada&nbsp;» à côté de la mer. Les opportunités étaient infinies. Cette nuit le destin nous avait réunis, c’était comme si nous allons partager dans notre avenir une mer de souvenirs et des voyages, il serait peut-être un compagnon d’aventures, qui le savait&nbsp;? Ce samedi -là, il portait un pantalon gris délavé, une chemise à carreaux blancs, noire et grise. Il était tout simplement charmant, la timidité faisait partie de nos personnalités, par conséquent, nos premières conversations ont été à propos de choses superflues comme la météo. La première fois que je l’ai vu, il y avait quelque chose qui me magnétisait et qui m’incitait à aller lui parler. Son regard était ferme mais gentil, ses yeux noirs et brillants m’incitaient à la conversation, la connexion a été immédiate, ce type de confiance ne m’était arrivé que quelques fois dans ma vie.

Il est toujours éprouvant et compliqué de choisir un temps pour parler de lui, écrire sur lui ou penser à lui, car mes sentiments pour lui demeureront éternellement inchangés. Mon respect pour cet homme est plus profond que les profondeurs les plus sombres de la fosse des Mariannes. Nous nous sommes rencontrés au mauvais moment, ce qui n'a plus d'importance. J'en suis arrivée à l'accepter, et j'espère qu'un jour, peut-être d'une manière ou d'une autre (ou plus rêveur, près d'un champ de tournesols avec des oiseaux qui chantent un jour de soleil radieux à Marseille), nous nous reverrons, savourerons une tasse de thé ensemble, nous remémorerons et nous échapperons dans un dernier moment serein de bonheur partagé. Malheureusement, je ne peux pas ordonner mon petit cœur d’arrêter de battre pour la personne qui a depuis longtemps cessé d'écouter ses rythmes. Une chose est à tout jamais certaine : il était celui qui m'a réveillée, et pour cela, je l'aimerai toujours. Mon premier amour était une Gloire du Matin, peu durable, qui s’ouvrait brillamment à l'éblouissement du soleil du matin ; c'était le premier parfum le plus mémorable que j'aurais pu sentir de toute ma vie ! Mais, elle se fanait au début de l'après-midi du même jour, tout comme notre relation qui n'a jamais atteint son point culminant, me laissant des tonnes d'émotions mitigées, mais m'apprenant aussi à l'amour de soi et à prendre soin de soi. Mon premier amour, je lui en suis extrêmement reconnaissante.&nbsp;

Le monde entier dans une tasse de café

Tout commence par cette boisson noire et magique ... amour, amitié, travail, école, université ... L’arrivée de chaque jour est toujours associée à une tasse de ce rafraichissement, à un espoir que le matin nous apportera une journée réussie. Une tasse de café et… tout ira bien! C'est un vrai plaisir quand, le matin en sirotant cette boisson fantastique, on se rend compte que la vie est plus magnifique qu'on l'imagine. J'adore quand le bruit matinal de ma ville me réveille et que le balcon ouvert laisse entrer un arôme incroyable et unique de ce liquide adorable, dont la senteur me rappelle les meilleurs et les plus heureux moments de ma vie. Ce parfum qui envahit mon balcon, ma maison et tout mon corps vient de chaque maison et chaque café de ma ville. Alors, je sors du lit et je commence à penser que je devrais immédiatement préparer cette magnifique création qui m'apportera du bonheur, de la joie et de&nbsp;l'amour, alors tout se met à sa place&nbsp;…&nbsp;je commence à croire que je réussirai, je pourrai réaliser mes projets et tout ira bien. Et le matin, quand toute la ville est pleine d'arôme de cette boisson stimulante, je m'assois avec ma tasse de la meilleure invention et j'ai déjà l'air très heureux en envisageant l'avenir qui est plein d'espoirs et de rêves réalisés.&nbsp;

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Ecrire à la façon de Philippe DELERM ILCF- 2021-Groupe 14

On attend encore une fois, quelque temps qui s’est passé, notre fascination diminue car on s’habitue à ce parfum. Pas de surprise&nbsp;? Non pas vraiment.&nbsp;Au cours du temps notre cœur bat progressivement.&nbsp;L’expectation des sensations est plus forte dans la bouche, notre gorge avait envie d’être hydratée. Le temps est arrivé. On prend sa tasse et commence à admirer notre œuvre. On respire un effluve un peu épicé, chatouillant notre nez d'un parfum d'herbes. Sa chaleur pénètre dans notre corps à travers les mains. Un moment de sérénité qui me rend zen. On reste dans un état de transe et notre cerveau est embrumé comme si on fait du Yoga avec un maître de Yoga en Inde. La méditation, la relaxation et la paix se trouvent dans notre esprit.&nbsp;On réussit notre enquête d’esprit et notre zone de découverte se répand à nous aussi ce jour-là.&nbsp;On finit cette tasse au fur et à mesure qu’elle se refroidit. La dernière gorgée est un moment sacré. Elle nous rend triste et on broie du noir. Mais le corps est plus vif car les deux herbes sont riches en vitamine. Ce thé détoxifie le corps et l’esprit. La dernière gorgée est un signe d’accomplissement de bonne habitude.

Nos Éclats de vie est un recueil de textes patiemment imaginés, rédigés et sculptés entre février et mai 2021. Ils relatent de brefs instants de nos vies, des moments captés au fil du temps, décrits de telle sorte que tout lecteur, toute lectrice y saisira une image, une sensation qu'il-elle reconnaîtra comme sienne. Ces textes sont une invitation à savourer, à saisir l'émerveillement dans les plus petits recoins de notre existence. Bonne lecture!

Les marchands sont toujours chaleureux et expéditifs. Ils pèsent les fruits et les légumes, ils les emballent dans du papier ils rendent la monnaie et ils n’oublient pas aussi de bavarder un peu avec les clients. Il est fréquent de rencontrer nos voisins par hasard dans les allées du marché, on se dit bonjour, on échange ce qu’on récolte ce matin et on continue de découvrir les “trésors”. &nbsp; À la sortie du marché, le caddie est chargé de nos récoltes. On est en train de réfléchir au repas de déjeuner, tout à coup, un étal de fleurs attire nos regards. Les fleurs en couleurs nous séduisent, et la menthe il paraît que ses feuilles vert clair agitent la main à nous. Comment pouvons-nous partir seul ? Finalement, on part, content et satisfait, en chargeant les paquets. &nbsp; Le temps se réchauffe. Les bruits du marché s’éloignent petit à petit, mais l’atmosphère vivante du lieu reste encore autour de nous. C’est la magie du marché.

J'étais dans l'hiver de ma vie, coincée dans un glaçon d'engourdissement profond : étant terrifiée de lui donner complètement mon cœur, mais voulant le faire avec chaque fibre de mon être. Ma vie à l'époque était une frustration qui circulait, remplie de désespérance et de démons du passé&nbsp;; j'étais même hantée par des pensées suicidaires et j'avais besoin de me retrouver avant qu'il ne me trouve. Je souffrais de dépression souriante&nbsp;; je me cachais derrière un masque d'optimisme, fuyant les griffes de mes émotions. Il est entré dans ma vie à un moment très fragile et a vite découvert qu'aimer une fille consciente et hypersensible est un travail dur. Je voulais «&nbsp;simple&nbsp;» ; pourtant, le nouveau moi à ce moment-là et la vie que je vivais étaient loin d'être simples. J'étais tellement attachée à lui que je suis devenue frustrée par ce qu'il me faisait ressentir : remplie de tant d'amour, d'adoration et de désir à tel point qu'il est devenu un besoin, une nécessité - un sentiment à mon insu ; et moi, comme les autres sur-analyseuses et filles en proie à des idéaux féministes, j'avais malheureusement trop peur de plonger dans l'inconnu, de l'écouter au-delà d'entendre ses paroles, de lui rendre la pareille, de lui rendre le soutien et le respect qu'il m'accordait. J'étais malade, perdue dans la colère et prisonnière de ma routine, inexplicablement effrayée pour admettre que ce que je voulais dans la vie était au-delà de ce que j'avais à ce moment-là. J'aurais dû me rendre compte que j'étais malade : j'ai arrêté de prendre la plume, de bouquiner, de faire du binge-watching, de profiter de la musique, d'explorer le monde qui était à ma portée, et j'ai perdu ma soif de goûter de nouvelles expériences et des aventures de jeunesse – les éléments fondamentaux de la fille que je suis. J’étais noyée dans les émotions destructrices, et la haine de soi&nbsp;; mon verre plein d’insatisfaction et de désappointement déborda bientôt sur lui, la seule personne qui me comprenait et la seule que je laissais assez près de mon cœur pour être mon réconfort. J'aurais dû m’émanciper, bien que douloureusement, de mon ego surdimensionné, mettre ma fierté de côté et reconnaître que ma frustration avait été causée par mon traintrain quotidien ainsi que mon style de vie&nbsp;; que je me suis déconnectée de ce que je voulais vraiment dans la vie, et le chemin que j'avais emprunté pour acquérir ce que je voulais, étaient incorrects.&nbsp;

Cette boisson énergisante n'est pas seulement un réveil matinal, mais un rite, une habitude quotidienne et une confiance en soi. Elle est un petit plaisir qui a une grande importance dans notre routine quotidienne. Il me semble impossible de démarrer la journée sans une tasse de ce stimulant bien préparée tout en regardant comment les membres de ma famille se réveillent. Chaque matin une tasse de cette boisson splendide m'apporte les sentiments et les émotions positifs qui m'accompagnent tout au long de ma journée dans l'espoir qu'une journée réussie arrivera à nouveau. Je partage ces sensations agréables que je ressens avec une tasse de ce liquide cordial chaque jour avec les membres de ma famille qui me rappellent que je ne suis pas seule et que je suis très importante pour eux. Je me souviens de mon enfance, quand ma mère faisait cette excellente boisson. Elle triait les grains de café en mettant les meilleurs dans le moulin à café. Elle avait un moulin mécanique à la main, et quand elle commençait à moudre des grains de café, son arôme éblouissant envahissait toute notre maison. Dès que je sentais cet éclatant parfum dans la cour, je savais que ma mère faisait du café à la maison. Je me souviens toujours de ce parfum admirable et chaque fois que je le sens, je retourne dans mon enfance quand j’étais encore une petite fille courant de la cour vers ma maison pour regarder comment ma mère préparait cette boisson merveilleuse pour sa famille et ses invités. Même maintenant, je me souviens clairement comment elle faisait ressortir les plus belles tasses de café et comment elle les mettait sur la table avec le gâteau qu'elle avait préparé. Le temps passe mais cet arôme sublime de cette boisson surprenante et son pouvoir magique reste inchangeable.

On avait terminé de&nbsp;manger, alors ma mère s’occupait de la&nbsp;maison elle faisait la cuisine après avoir récolté les légumes. Mon père s’occupait du potager et moi des fleurs. J’adorais les fleurs, d’ailleurs je les adore toujours. Avant d’aller lire un livre j’avais cueilli&nbsp;mes fleurs de cala, mes préférées. Leur parfum était le bonheur la fraicheur et la pureté. J’adorais les&nbsp;mettre dans un vase au&nbsp;milieu de&nbsp;mon bureau et je les regardais, je les admirais, je me réjouissais. Elles sont très puissantes, elles donnaient de la positivité sans même s’efforcer. La joie des&nbsp;moments d’or qui chauffent le cœur.&nbsp;Après avoir lu une centaine de pages du livre, je sortais pieds nus dans le potager pour observer mon père qui cultivait les légumes en&nbsp;m’expliquant les étapes de la préparation de la terre, les choix des types de légumes selon la terre jusqu’à la plantation. Il&nbsp;me conseillait ‘’ ma fille tout vient à point nommé ’’, je le comprendrai plus tard. Il entendait très bien l’agriculture manuelle, il cultivait depuis une vie. Je goutais&nbsp;les premières fraises et&nbsp;ma&nbsp;mère se fâchait car selon elle,&nbsp;grignoter avant le déjeuner peut couper&nbsp;l’appétit. Après le déjeuner, l’heure de gloire, l’instant tant attendu on pourrait se reposer. De quatorze heures jusque à dix-sept heures chez nous on fermait la porte principale, une fois éteint l’interphone et les portables on pourrait gagner notre chambre et nous reposer. J’y suis retournée&nbsp;mais le vide m’a étouffée. Apparemment un désert, cette maison perdue dans le grisâtre et semblait suffocante et sinistre. Elle n’était plus la même et le chagrin me noya.&nbsp;Là où habitait&nbsp;mon père était ma maison… maintenant cette maison donnait froid dans le dos. Dites-moi si vous trouvez ailleurs, dans le&nbsp;monde entier de telles émotions&nbsp;? Est-ce que vous aussi aimeriez retourner dans la maison de votre enfance pour le plaisir de revivre de tels moments ?&nbsp;&nbsp;

Il n’est guère facile de vivre avec les « aurais dû », le deuil des mots non prononcés, des moments insatisfaits et une page de vie intentionnellement laissée en blanc. J'aspirais à son pardon, sachant que ce n'était pas lui, mais moi. Je suis reconnaissante de ne jamais avoir eu l'occasion de lui demander pardon, en raison du haut mur qu'il avait construit entre nous, séparant le début de sa nouvelle vie de tous nos souvenirs, car cela m'a conduite à la reconnaissance que j'avais tout d'abord besoin de me pardonner à moi-même. Nous étions marqués au fer rouge&nbsp;; ensuite le chagrin s’auto-infligeait, mais je ne porterai certainement pas le poids pour tout le reste de ma vie. Ma vie depuis la rupture est remplie d'illumination, de changements positifs, de sagesse et d'une confiance retrouvée&nbsp;; j’apprends à voir la vie sous une nouvelle perspective. Je suis enfin dans un lieu de contentement et de développement personnel : savoir que là où je suis en ce moment, c'est là où je suis censée être. Je suis maintenant capable de m’aimer moi-même et de prendre soin de moi&nbsp;; j'ai accepté et su transformer mes défauts en qualités en tirant bénéfice de mon échec amoureux et de ses leçons. Je suis actuellement moi-même : la fille que je tâchais d’ignorer et de rejeter, et la fille qu'il aimait, cachée sous la façade de ce que j'essayais d'être. Le voyage vers où je suis aujourd’hui a été incroyablement difficile et épuisant, mais je me suis guérie d'une manière ou d'une autre en me redécouvrant, en me réorganisant et en me réorientant : en écrivant, en voyageant, en écoutant, en observant et en vivant, pas dans l’engourdissement, mais en me plongeant pleinement dans les aventures de la vie. La prise de conscience que la culpabilité est une émotion gaspillée et enfin avoir le courage de me pardonner mes erreurs passées ont pris du temps, un an pour être exacte, mais les sentiments libérateurs d'exaltation, de soulagement et d'exubérance qui ont suivi sont ceux qui sont venus pour me définir en tant que «&nbsp;femme&nbsp;».

Il était la pièce manquante parfaite du puzzle de ma vie : un sur-analyseur qui réfléchit trop, un chercheur d'inspiration implacable, un explorateur solitaire pour toujours, croyant que la vie est faite pour s’aimer et que le bonheur est fait pour partager. Il aimait tout autour de lui et prenait note des plaisirs minuscules de la vie&nbsp;: un bol de sauce aigre-douce fumante, des tournesols géants qui illuminent les champs et les bordures de routes durant tout l'été avec leurs grands pétales jaune, l’arôme floral marqué d’une bouteille d'un millésime ancien, le parfum inaccoutumé, entêtant, inoubliable des vieux livres, la beauté irrésistible dans la bêtise d'un éclat de rire incontrôlable, les phénomènes sous-estimés d'un orage violent, les plis de mon nez quand je ris et l'histoire unique aux craquements et aux éclats d'un vinyle qui tourne. C'était un homme terre-à-terre, prenant goût à l'histoire distinctive derrière chaque objet, chaque lieu et chaque individu, doté de la capacité remarquable de se connecter avec mon âme ; sa présence un cadeau indéfiniment exceptionnel et irremplaçable. Il encourageait mes passions, raffolant de la façon dont j'écrivais des mots que je n'avais jamais prononcés et de mon habitude constante de les faire rebondir sur les pages sur lesquelles ils avaient été écrits. Mais il était aussi ma réalité : me ramenant sur terre alors que j’étais trop flottante dans un espace chimérique.

Une journée de pluie

C’est dimanche. Il fait beau temps. Je mets mon plus beau costume de fête et je m’apprête à sortir pour une promenade que j’ai projetée, la semaine dernière. Soudain, la pluie se met à tomber. Ce n’est d’abord qu’un mince réseau de fils d’argent qui luisent au soleil en traversant obliquement l’espace. J’hésite et je me dis en moi-même&nbsp;: «&nbsp;Il n’est pas bon de sortir par ce vilain temps&nbsp;! Attendons un petit instant. Ça va passer vite&nbsp;! » Le soleil qui reluit me remet de la joie au cœur. Mais bientôt quelques grosses gouttes d’eau tintent sur la véranda&nbsp;; le ciel se couvre en partie, puis s’obscurcit complètement. La pluie retombe, lourde, serrée et au bout de quelques minutes, c’est une ondée qui s’abat sur le sol, accompagnée d’éblouissants éclairs et de retentissants coups de tonnerre. Dehors les plantes semblent se réjouir comme d’une aubaine. Les feuilles, tout à l’heure recroquevillées par la chaleur, s’ouvrent maintenant toutes grandes pour recevoir la fraîcheur du ciel.

J’ai vu&nbsp;au&nbsp;loin, hors de la fenêtre, la tension augmentait progressivement, les nuages, qui me faisaient angoisser, s'accumulaient en prenant des couleurs de plus en plus sombres. L’atmosphère devenait cruelle et mystérieuse. Je me rappelle les jours où j'habitais seule avec mon chien en Irlande. Le soir je menais&nbsp;mon&nbsp;Summer&nbsp;se&nbsp;promener sous la pluie. Il adorait courir dans les flaques, même si je le grondais. Après être rentrés chez moi, il était fatigué et se couchait sur le tapis. Je le câlinais et le sentais ronronner. Je me demandais, peut-être j'aurais dû d'abord lui&nbsp;donner&nbsp;une douche, si maman voyait comment il est sale, elle ne serait pas contente. Je pensais que c’était toujours dimanche que maman était maintenant&nbsp;rentrée, ensuite me demandait si j’avais faim et si Summer était propre. Je suis restée un moment dans le nuage de souvenirs. Je n’entendais que les coups de mon sang qui bourdonnait à mon visage. Bercée par les gouttes d’eau qui frappaient la fenêtre, j’étais un instant consolée, un côté doux et puis nostalgique. Je me prépare un verre de thé noir, dans quelques minutes, la pluie s’arrêtera, nous sentirons que la nature a tout dit.

Au bout de quelques minutes, nous sommes partis en Uber direction le bar « le quatrième étage », l’endroit n’était qu’à quelques kilomètres. La musique dans la voiture était forte, et mon désir de danser m’envahit d’une façon insolite. Quand nous sommes arrivés, une seule porte avec une pancarte indiquant le nom de l’endroit était en face de nous. Quelques étages plus haut, il y avait une terrasse impressionnante éclairée par des lumières jaunes qui rendaient l’atmosphère chaleureux chaleureuse. Le long couloir avec des chaises et des tables de chaque côté, nous conduisait au coin du bar puis, plus loin, une piste de danse avec de nombreuses lumières attirait la vue. Cette nuit je voulais danser jusqu'à ne pas plus sentir mes orteils. Au fond du bar se trouvait le barman, un homme en uniforme noir portant un chapeau. Nous avons commandé deux mojitos puis, nous nous sommes dirigés vers un balcon pour qu’il puisse fumer à l’aise pendant que nous parlions. Les cocktails avaient une saveur particulière ce soir-là, aigre-douce avec une touche épicée et à la fin, une subtile saveur de menthe. Celle que je découvrirais plus tard, serait la saveur de notre relation avec des hauts et des bas.&nbsp;Le cocktail avait commencé à faire son effet raison pour laquelle nous parlions de plus en plus fort, parfois un peu trop vite, les sujets se débrouillent facilement, c’était vraiment facile de parler avec lui.&nbsp;J’avais le sentiment de le connaitre depuis toujours, il y avait une sensation de complicité que je n’avais jamais ressentie. Nous avons donc parlé fort pour distinguer nos voix de la musique, tout à coup nous nous sommes arrêtés de parler&nbsp;: une chanson nous invitait à danser&nbsp;: « I took a pill in Ibiza ».

Dimanche après-midi je sentais que mes yeux devenaient de plus en plus lourds, demi somnolente, je m'approchais vers la fenêtre en cherchant l’air. D’un seul coup, une odeur de terre fraîchement mouillée, mixée avec des plantes, de la brume, et de la fraîcheur de l'aube m’a embrassée. Le&nbsp;vent&nbsp;soufflait, j'apercevais quelques petites gouttes sur ma peau. Levant la tête, elles tombaient sur mon visage et je fermais les yeux. La respiration est profonde, calme et relaxante. L’air était frais et j’ai un peu frissonné de froid. Cette odeur de la pluie à laquelle vous voulez revenir tout le temps, elle me ramène à&nbsp;mon&nbsp;enfance. A Pékin, pour m’amuser pendant les vacances d'été, ma décision était bien claire : déménager chez mes grands-parents. La petite Xiaomiao et son grand grand-père ont donc souvent lancé le cerf-volant ensemble dans la pleine nature. Quand&nbsp;la mousson d'été arrivait s'accompagnant de pluies,&nbsp;le ciel montrait un souffle obscur et humide. En quelques secondes, il pleuvait à seau, comme une cérémonie de chaleur annonçant l'arrivée de l’été. Mon grand-père a donc rapidement rangé le cerf-volant et tenu ma main&nbsp;fermement. On a cherché un&nbsp;abri&nbsp;pour ne pas se nous mouiller et, après, tomber malade. Il faisait&nbsp;chaud, nous avons éclaté de rire, difficile de distinguer la pluie et la sueur.&nbsp;

Les balades nocturnes après les soirées de danse

Je termine ma dernière danse de cette merveilleuse soirée. La main de mon partenaire descend de ma taille et on jette un regard doux et heureux l'un sur l'autre pour se dire au revoir. Ce moment me permet de retrouver mon souffle après avoir été engloutie par une file de danses incessante. Je me tourne pour apercevoir mes amis baignés d'une lumière tamisée qui sont encore en train de bavarder. Je me suis approchée d'eux afin de les prévenir de mon départ. Il est déjà minuit passé. Je finis mon verre cul sec, j'attrape ma veste et je m'avance vers la sortie. Dès que je sors dans la rue déserte, un léger souffle frais m'accueille dans la nuit. De nombreuses étoiles couvrent l'espace céleste éternel, si inatteignable et enchanteur. Un grand sourire envahit mon visage. Mon corps est épuisé, mais chaque mouvement se fait avec une légèreté exceptionnelle. Je me laisse guidée par mes envies comme une feuille qui se détache de sa branche et se lance dans une aventure insolente.&nbsp;

Au lever du soleil, la ville s’éveille. Contrairement aux jours de travail, sans hâte et sans stress, le matin du samedi paraît plus tranquille et confortable. On se lève, on s’étire en baillant, on s’habille, on prend un café, on oublie toutes les tâches en de la semaine et le weekend commence !&nbsp; Le samedi, c’est jour de marché. Il fait bon, bien qu’il fasse encore un peu froid le matin, le soleil aide à nous faire patienter. Au bord de la rue, quelques fleurs de Magnolia fleurissent sur les arbres, et les autres sont à peine écloses. Le vent se lève, le murmure du vent dans les premières feuilles et les fleurs est comme un signe annonciateur du printemps.&nbsp; En approchant du marché, on voit les gens passer avec leur sac en toile ou un caddie de marché, des rumeurs confuses glissent aux oreilles, des bruits de voix, des glissements de véhicules, les pleurs d’un enfant... Écoutez, c’est le langage d’un marché. Au détour d'une rue, tout d’un coup, le bruit grandit et un marché fréquenté se déroule à nos yeux. Il nous semble que nous entrons dans un endroit magique. Ici, on trouve de tout. Les étals sont recouverts de légumes, de poissons, de viandes et d’une multitude d’autres produits. Les clients circulent entre les étals, choisissent les primeurs qui les satisfont. Tous ces produits sont frais. La rosée reste dans les feuilles de salade, les pommes de terre sont tachées de terre, et la senteur de poulet rôti se répand dans les airs. Le marché ressemble à une peinture, et les étals sont des palettes de peinture.&nbsp;Les tomates rouges, les brocolis verts, les radis blancs, les citrons jaunes, les aubergines violets...les différentes couleurs essayent de peindre à l’envi une trace sur ce tableau.&nbsp;

Mes sentiments en chanson&nbsp;

Après une bonne ou mauvaise journée... Après un moment très heureux ou vraiment triste, la musique est toujours là pour moi. Elle est devenue la seule personne qui est vraiment toujours à côté de moi, en tant que meilleur ami ! Je n’ai pas le besoin de vraiment l'écouter pour l’écouter. Oui, je sais, peut-être cette phrase-là ne fait pas de sens à celui qui l'écoute, pourtant, je vais expliquer : c’est comme si mes chansons préférées sont déjà enracinées dans mon âme. Même si je viens à oublier complètement les paroles, les sentiments que j'ai eus quand je les ai écoutées pour la première fois continuent avec moi pour toujours. À chaque nouvelle chanson découverte, un nouveau sentiment est né ou une nouvelle façon de voir le monde est créée. Souvent j’ai l’espoir que pendant ma journée j’aurai la chance de trouver une nouvelle musique qui ira décrire ce que je sens sur le moment. Parfois, j’ai la chance de la trouver, parfois non, mais je suis toujours à la recherche. Pourquoi arrêterais-je ? Quand enfin je la trouve, je sens comme si je venais de plonger dans la mer après longtemps sans avoir l’opportunité de le faire. C’est vraiment drôle quand je me souviens que pendant ma jeunesse, je n’aimais pas trop écouter de la musique, heureusement que le temps passe et que les choses changent, car je ne peux plus vivre sans elle maintenant.

C’est une expérience, sans aucun doute, rationnelle et esthétique, intellectuelle et sensorielle. La sensualité du moment ne fait qu’augmenter à mesure que je m’approche d’eux, je les touche, je les feuillette. Je les sens même si je garde mes distances, car la fragrance douce que les étagères exhalent envahit toute l’ambiance et je peux ressentir finalement que je suis à la maison. Parce que les livres sont le foyer. Et leur chaleur nous aide à supporter les nuits plus froides et les tempêtes qui y arrivent. C’est comme ça que j’ai dormi les dernières années, protégé par des murs pleins de ces objets beaux et fragrants. &nbsp; Outre mon amour pour les livres, mon métier de chercheur m’a fait devenir un chasseur de documents et d’anciennes revues culturelles, artistiques, littéraires. Chaque collection, bien sûr, a sa propre odeur, sa marque distinctive. Les revues académiques des années 40 et 50, la vanille. Celles d’avant-garde des années 20, le moisi. Les journaux, l’odeur de vieux. Les romans du XX siècle, l’orange. Les livres du Mexique, la lignine douce d’un climat sec. Même les livres de mes grands-parents, datant des premières décennies du XIX siècle, sont dégustés avec délectation&nbsp;: reliques élégantes et dangereuses à cause des virus qu’ils peuvent porter, ils ne sont pas épargnés et ils reçoivent quand même leurs visites respectives. Le délice est toujours là. On pourrait dire que ce n’est pas l’air le plus sain, le plus frais, mais c’est de toute façon un flux d’air encourageant, un arôme d’espoir, un voyage inattendu.

Un plaisir minuscule&nbsp;: Déguster un Kebab

&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;A mon arrivée en France, mon tout premier menu a été un plat de kebab. Je ne l’ai jamais mangé puisqu’au Cameroun, il existe un plat similaire&nbsp;: le chawarma. Mais ils (le kebab et le chawarma) n’ont pas le même gout. &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;A première vue, je l’ai dénigré, ensuite je l’ai gouté et du coup il était circulant comme l’effet qu’a le soleil en plein été sur moi, il sentait bon, on dirait l’odeur du «&nbsp;water fufu and Eru&nbsp;» (un menu traditionnel au Cameroun). Je l’ai mangé ce jour et ensuite il est devenu mon menu de tout le temps. Un délice, oui il est&nbsp;! Filant tout le long, parcourant ma cavité buccale, circulant comme de l’eau de rivière. &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;En fait, à chaque fois que je le mange, je suis aux anges. Je le savoure avec tant de plaisir, il est d’un ressenti sans pareil. Toutes les cellules de mon corps s’enfoncent et jouent ce délice. De toutes ses sauces, j’aime plus la sauce algérienne et harissa&nbsp;: leur saveur est tellement bonne comme celle d’une crème à la fraise. J’aime surtout la sauce harissa en raison de son gout pimenté. Ses sauces, épicées, sont un régal car elles me font penser à mon pays d’origine.

Chaque matin avec une tasse de cette création remontante vient un certain nombre d'idées uniques et incomparables qui seront ensuite mises en œuvre avec succès. Une tasse de cette boisson excitante à travers laquelle un amour fort et unique me regarde toujours et sourit pour m'apporter un grand bonheur. C'est un grand amour que nous attendons si patiemment et il vient soudainement, pour nous remplir d’énormes sentiments extraordinaires et inoubliables. Parfois, nous ne nous rendons même pas compte que nous sommes très heureux grâce aux gens qui nous entourent, grâce à chaque instant qui apporte des impressions mémorables et marquées. Nous ne pourrons pas oublier que nous devons être heureux et tous les matins éblouis par l'arôme de cette boisson délicieuse nous devons croire que nous pourrons créer nos avenirs qui seraient plein de joie et de bonheur. Parallèlement aux plaisirs de la vie, il existe toujours des moments négatifs, des difficultés que nous devons surmonter pour devenir plus forts. Nous devons toujours nous rappeler que nous pouvons résoudre chacun de nos problèmes avec dignité, sans déranger autrui.&nbsp;Une tasse de cette boisson stimulante du matin nous aidera à résoudre nos problèmes tout au long de nos journées. Cette création ravissante n'est pas seulement une boisson stimulante, elle a la force magique de nous apporter de nombreux avantages, l’équilibre, la tranquillité et l’harmonie. Une tasse de ce bon stimulant améliore nos capacités, il nous donne de l’énergie et personne ne pourrait jamais renoncer les aux excellentes puissances de cette invention noire que nous adorons tant. Chaque fois en buvant une tasse de cette boisson chaude et aromatique avec un peu de sucre ou un nuage de lait plein de joie de le savourer, il existe toujours l’impression que le monde entier est dans notre tasse de café.&nbsp;

C'est la gourmandise des somnolents et là, la chance nous rejoint pour ré-imaginer les bonheurs de la vie. Les lumières qui éclairent la chambre, le faible son de la trotteuse qui marque l'heure, même les odeurs du petit déjeuner, tout cela contribue à cette charmante prison. On est conscient qu'il faudra se lever, mais on préfère savourer chaque goût de ce plaisir mondain.&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;L’arôme du café qui suit le réveil est le seul plaisir capable de rompre cette bulle. La fin arrive toujours trop tôt. On sort un pied de la couette pour découvrir la fraîcheur qui brise l’illusion. On se lève. On secoue la tête et on retourne au monde réel. On quitte notre chrysalide et elle attend déjà la prochaine éclipse où l'on restera tout le matin dans ses bras.

«&nbsp;Une heure à la Gare de Lyon »

Montparnasse est loin et la Place de République est vide. Quelle heure est-il&nbsp;? Où est-on&nbsp;? Le temps est-il déjà perdu&nbsp;? C’est le soir, avant l’arrivée d’un train à Lyon, dans un café à la Gare de Lyon. L’emploi de temps est bien prévu. Cette gare, située au Nord de la (rivière) Seine, dirige une vie parisienne vers le Sud autant qu’elle accueille la vie de la province au cœur de la capitale. Même ce café est touché par cet échange à travers le temps entre la capitale, Paris, et les régions provinciales autour de Lyon. À l’intérieur du café, le décor de style Louis XVI coule partout. À la lumière d’un miroir grand en haut d’une cheminée, le café a l’air d’un salon bourgeois, pleine d’espoir, confiant en soi. Cette salle est vivante. Sur le mur se trouve une peinture de Pierre Bonnard, La Terrace à Vernon, où on voit une bouteille de vin sur la table. Édith Piaf et George Brassens chantent. Cette soirée est-elle dédiée à l’Auvergne&nbsp;? Ou le Rhône, peut-être&nbsp;? Il semble que l’heure avant l’arrivée du train soit précieuse. La vision devient plus claire, on s’aperçoit du passage du temps du futur au passé. Le futur et le passé sont plus immédiats, car le temps du présent englobe les autres temps. Un paradoxe arrive selon lequel le temps s’arrête mais continue, on se souvient bien mais on oublie assez vite. On observe l’impermanence de ce qu’on entende dans le café&nbsp;: le bruit, le silence, les activités, les pauses. N’importe quelle question peut arriver dans ce temps du présent qui englobe tout. «&nbsp;Où va-t-on&nbsp;?&nbsp;»

L’heure d’arriver

Le clic clac des talons et les échos des bottes. Nous l’avons raté ou pas ? Il vient d’arriver ou pas ? Il vient de partir ou pas ? Nous nous rappelons le temps en attendant, mais jamais le temps clément en arrivant trop tôt. Rater le dernier c’est d’être en avance pour le suivant. La vibration dans le béton arrive aux semelles, entre les venelles. Nous l’avons raté ou pas ? Nous prenons les virages sans regarder les personnes autour de nous. Le vent emmène les odeurs de la boulangerie, des chemins, des indistincts et du sifflement perçant du métro. L’air est plein de la hâte. Nous transpirons où le sac colle à nos dos, où le masque colle à nos joues, où les jeans collent à nos genoux. Nous sommes épaule à épaule afin d’être le premier qui monte dans le car, bien que nous allions arriver avec l’un et l’autre. Quelque chose se colle aux semelles et d’y penser nous fait ralentir. Nous suivons la route où l’on n’allait plus&nbsp;; le sol est dégradé sous les pas des personnes qui se dépêchent. Nous l’avons raté ou pas ?

«&nbsp;La Rupture Amoureuse&nbsp;»

Il était mon premier amour et mon premier chagrin. Nous sommes simplement tombés amoureux au mauvais moment. Il était tout ce que j'ai toujours voulu chez un homme. Si je devais conceptualiser une liste de dix qualités souhaitées, il en obtiendrait onze sur dix. Il était mon autre moitié, cet être incompréhensible et merveilleux qui remplissait ma vie de bonheur, à tel point que je doutais parfois de son existence et pensais que je l'avais inventé dans un rêve. Il m'a inspirée, m’a motivée, m'a défiée et m'a aimée telle que j'étais : pleine de bizarreries, de défauts et de tout. Il a touché mon âme si profondément que j'étais complètement vulnérable à son étreinte toujours tendre et attentionnée. Il m'a appris à aimer quelqu'un du fond du cœur, à vivre constamment avec une passion si brûlante et torride qu’elle nous a fait mal&nbsp;; et il m'a montrée la chaleur perpétuellement engloutissante d'un amour profond, enflammé, passionné, et fou. Il a conçu d'alléchantes perspectives de notre avenir ensemble – des visions assez brillantes pour nos deux imaginations. J'ai adoré chaque élément de son âme&nbsp;: rationnel, irrationnel, concupiscible ainsi qu’irascible. Ce qu'il jugeait défectueux, je voyais plus de raisons de l'aimer : j'aimais son bégaiement réconfortant quand il parlait avec enthousiasme d'un sujet de conversation; la mèche de cheveux souples et soyeux qu'il ne semblait jamais pouvoir contrôler ; la façon dont il a abusé du mot «&nbsp;perpétuellement&nbsp;» pour décrire ses passions ; sa timidité en portant ses lunettes, laissant mes compliments rebondir sur son visage comme une balle de tennis sur un mur solide ; le regard vide accompagné d'un triste sourire qu'il gardait en se remémorant les souvenirs heureux d'un être cher qui l'avait quitté ; sa confiance toujours suivie d'une minuscule crevasse de doute de soi, un recoin que j'essayais constamment de combler ; et sa passion écrasante pour la vie et l'amour : toujours optimiste, toujours reconnaissante, toujours pure et authentique. Nos conversations étaient des débats pleins d'ardeur, d'amour et d'adoration : débordant d'empressement de partager nos connaissances, nos vérités et notre allégresse de vivre ; aspirant à nous inclure dans chaque parcelle de nos vies.

&nbsp;&nbsp;La musique que j'écouterai dans les rues et les chansons dont les paroles resteront coincées dans ma tête m'introduiront dans un monde mélodieux qui est rempli d'harmonie.&nbsp;Les nouveaux plats typiques que je mangerai nourriront mon esprit de bonheur et plaisir, ils me donneront envie d'essayer de préparer ces recettes dans ma petite cuisine en rentrant. &nbsp;&nbsp;Les couleurs flamboyantes ainsi que les odeurs épicées dans les marchés susciteront en moi une satisfaction complète. Les beaux paysages que j'observerai couperont mon souffle même si je serai probablement déçu qu'ils ne ressortent pas bien en photos. &nbsp;Même les situations difficiles qui surgiront d'une manière inattendue auxquelles je devrai faire face, comme se perdre ou manquer d'argent feront ressortir des côtés inconnus de ma personnalité.&nbsp; Le voyage s'est vite passé, et maintenant, comme si le départ du voyage était hier, je me trouve dans l'avion à nouveau, j'essaye de garder fortement dans ma tête tous les souvenirs que j'ai de cette expérience. Je ferme les yeux et je réfléchis…à la prochaine destination.&nbsp;&nbsp;

Le dimanche,&nbsp;c’est le&nbsp;jour parfait pour faire le ménage&nbsp;et le mieux&nbsp;en musique. En effet, après une semaine où&nbsp;la&nbsp;tornade de saletés s’est déversée dans l’appartement, il faut remonter ses manches, se préparer avec chaque outil spécifique comme le balai, l’aspirateur ou encore la serpillère. Tout ça&nbsp;permet&nbsp;de ramener l’ordre et la discipline dans le lieu de vie commune. De plus, l’indispensable pour bien commencer le nettoyage sans&nbsp;s’ennuyer&nbsp;comme un rat mort, c’est de sortir sa meilleure playlist musicale. Se sentir comme dans un concert de&nbsp;Queen, lâcher son meilleur déhanché&nbsp;sur du&nbsp;Beyoncé&nbsp;et chanter à tue-tête à la façon d’une princesse&nbsp;Disney, plonge dans une folie enivrante qui rend le ménage&nbsp;moins&nbsp;embêtant.&nbsp;&nbsp; En faisant le&nbsp;ménage, ça commence toujours par le rangement,&nbsp;sinon,&nbsp;comment se&nbsp;retrouver dans&nbsp;une&nbsp;vague d’accumulations d’objets en tout genre qui ne sont pas à&nbsp;leur place. La table sert de vide grenier, tout ce qui se trouve où plutôt ne se trouve pas là où il faut, se verra conduit directement&nbsp;au terminal de l’aéroport, en attendant d’être&nbsp;expédié&nbsp;vers son lieu d’origine. Chaque&nbsp;objet&nbsp;se verra&nbsp;frotter&nbsp;des pieds à la tête&nbsp;pour&nbsp;briller comme aux premiers jours.&nbsp;Puis, la partie rigolote de l’affaire, le lavage&nbsp;des&nbsp;vitres. Les essuyer pour mieux voire le monde extérieur, utiliser le chiffon et le&nbsp;Pshit&nbsp;Pshit&nbsp;sur les carreaux jusqu’à ce que le&nbsp;bruit&nbsp;satisfaisant d’une vitre bien lisse&nbsp;se fasses&nbsp;entendre, ce sont nos yeux vers le monde,&nbsp;et la fenêtre,&nbsp;l’équivalent de nos lunettes qu’il faut&nbsp;garder&nbsp;avec soin.&nbsp;Enfin,&nbsp;la partie&nbsp;la&nbsp;moins&nbsp;visible&nbsp;mais pourtant&nbsp;importante&nbsp;qui vient gâcher l’air de la pièce&nbsp;:&nbsp;La poussière&nbsp;au&nbsp;sol. Pour combattre cela,&nbsp;il faut suivre une recette&nbsp;de ménage&nbsp;à la lettre&nbsp;:&nbsp;Commencer avec le balai pour entasser la saleté puis utiliser l’aspirateur pour aspirer&nbsp;tout cela&nbsp;et pour finir se servir de la serpillère afin de rendre le parquet lisse et chatoyant.&nbsp;&nbsp; Nettoyer c’est comme visiter Disneyland,&nbsp;ça rend heureux. La senteur&nbsp;d’un appartement propre, des objets bien rangés à leur place et une bougie allumée senteur vanille, font&nbsp;énormément de plaisir après une longue semaine de travail. Passer du chaos à un lieu de sérénité, c’est tout bonnement magique.&nbsp;&nbsp;

Une réponse à ce genre de question exige l’effort. Il faut chercher les mots. En même temps, certains mots sont déjà donnés, grâce à ceux qui ont utilisé ce lexique auparavant. Cela donne la direction. D’une certaine façon, la parole organise le temps. Sur le mur on lit, «&nbsp;liberté, égalité, fraternité&nbsp;». Figé devant ces trois grands mots, est-il possible d’apprendre leurs sens en une heure, même dans une espace comme ce café de la Gare de Lyon, l’intérieur d’un intérieur, comme l’espace du Sainte des Saints ? On peut douter, mais un doute prend le temps. La grande horloge à la Gare de Lyon rappelle qu’une heure est au centre de la vie. Illuminées par le soleil durant la journée, l’horloge brule assez fort pendant la soirée grâce à sa propre lumière. L’heure est omniprésente, comme des familles attendent leurs trains, comme les personnes seules sont assez attentives. Sous ce temps, ils restent ensemble. Durant la nuit, c’est la lune qui projette des ombres diverses sur le visage de l’horloge&nbsp;: l’ombre d’un arbre, d’un mur, d’un oiseau. Malgré la présence de ces ombrages, le temps continue à passer. Un jour suit une nuit, comme une nuit suit un jour. À la lumière ainsi que dans l’ombre, le temps reste omniprésent. Justin

Puis je l’ai pris par la main, ses mains étaient froides et s’adaptaient parfaitement aux miennes. Sans lui demander, puisque nos yeux ont tout dit, je suis allée avec lui sur la piste de danse, j’ai serré mes mains autour de son cou et lui autour de mes hanches, comme si on voulait que tout le monde disparaisse, que le temps dure, que la nuit soit éternelle. Nous avons simplement commencé à danser lentement. Sans même échanger des regards, j’ai fermé les yeux pour sentir la musique, et soudain un frisson a parcouru tout mon corps en commençant par les doigts de mes mains jusqu’à ce qu’il atteigne le haut de mon ventre, je me sentais libre et pleine. Ce sont ces types de moments magiques que qui nous remplissent de bons souvenirs de liberté et d’espoir d’avoir de nouveaux moments à vivre, des nouvelles connaissances, qu’on a toute notre vie sur le bout des doigts. Quand j’ai ouvert les yeux, j’ai croisé son regard, j’ai pensé qu’il allait m’embrasser, mais il ne l’a pas fait. Je sentais qu’il voulait profiter de chaque instant de la nuit sans nous précipiter ou simplement il ne voulait qu’être mon ami. Ma seule envie était de me perdre dans la foule sur la piste de danse, de fermer les yeux sans me soucier de qui me regardait et de bouger mon corps comme une expression de liberté. Ce que j’apprécie dans la musique c’est qu’elle est capable d’intensifier nos sentiments ou de les éteindre, chaque personne a sa propre façon de profiter de la vie et la mienne est la danse. Après la nuit, un univers de possibilités était dans mon esprit, nous reverrions-nous&nbsp;? Connaîtrais-je plus de personnes comme lui dans mon parcours&nbsp;?&nbsp;

Douceur-amère

Le sentiment le plus surréaliste qui ait jamais existé dans l'humanité est la douceur-amère. On se retrouve à manquer un moment alors qu’on y vit encore. C’est comme manger des crêpes au citron, on ressent cette légère texture croustillante et sucrée de la pâte aux œufs mais aussi on goûte l’amer d'agrumes prononcé provenant du jus de citron. C’est le sentiment doux-amer qui généralement se présente lorsqu’on fait face à une expérience de changement, lorsqu’on craint le pouvoir que le temps a de changer ou d'effacer une partie du présent, les visages familiers avec lesquels on a grandi, les souvenirs, tout en attendant la promesse du lendemain. Lorsque la phrase « tout arrive à sa fin » devient une réalité. Les mois précédents de ma remise de diplôme du lycée et mon départ formel vers la France, étaient complètement remplis de souvenirs imprégnés de ce sentiment. C'est le temps où les amis deviennent des connaissances, quand les adieux sont les plus douloureux, quand la vue des portes arrière me coupe le souffle. C'est la douceur du lendemain qui est extrêmement excitante mais en même temps l‘amère de l'idée d'être séparé de tout ce qu’on connaît nous submerge totalement. Cependant si vous pensez peut-être que c'est le moment le plus extraordinaire dont on veut se souvenir c'est en fait le plus simple qui est le plus triste à laisser partir. Cette fois, je me retrouve dans la vieille voiture blanche de mon ami, assis sur le siège passager à sa droite. Nous sommes sur une route que les pneus de sa voiture connaissent comme je connais la paume de ma main. Elle est complètement ouverte et seulement quelques véhicules circulent. L'odeur de la vanille, le désodorisant de la voiture, submerge mes sens, mais elle est soudainement adoucie par l'air qui passe par les fenêtres qui s'ouvrent et roulent bruyamment actionnées par mon ami. Une odeur soudaine et familière frappe mes narines. Cette odeur de ma maison, des rues de mon pays, on peut goûter la nature de l'immense montagne magique qui protège la ville mais aussi la fumée sale qui sort de la voiture. Je sors prudemment ma main de la voiture, l'air paralysant entre mes doigts, la force du vent repousse ma main et mes doigts commencent à se refroidir de minute en minute.&nbsp;

On ouvre les yeux doucement. Un faible rayon de soleil se glisse entre les rideaux comme un voleur échapperait à la justice. De ce bandit du sommeil émane une chaleur qui, paradoxalement, rafraîchit l'air piégé sous la couette. Cette sensation emballe le corps dans une transe de sérénité. On se souvient qu'il est dimanche, une douce chance qui réjouit l'âme.&nbsp;On sait que cet instant éphémère se coule dans notre esprit comme l'eau sur notre peau. C'est le vrombissement du silence dominical, ou peut-être, la tranquillité contrastante avec le vacarme hebdomadaire qui nous invite à nous laisser nous emporter. On s'évade du monde. On traverse la porte secrète cachée à la surface de l'oreiller. C'est un refuge, une dimension parallèle, une planète exclusive pour ceux qui aiment déguster le temps velouté du week-end. La vie accélérera bientôt, mais ici, on s'emmêle avec le duvet en regardant la vie ralentir.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Et l'on rêve. On rêve de tout ce dont on n'a pas le temps de rêver pendant la semaine. Ces fantasmes sont toujours plus exquis que ceux rêvés durant la nuit. Leur image reste collée à nous comme la housse des coussins se colle aux joues. C'est l'excès de flemme. On le sait et on s'en moque. Aujourd'hui, on se permet de laisser le temps courir. Ce n'est pas conseillé de passer plus de huit heures au lit, mais la personne qui a dit cela, n'avait pas une liaison amoureuse avec son matelas. Trop tard ! On est déjà attaché à lui et on en veut plus.

C’est l’heure. On se prépare pour une nuit de sommeil, on brosse nos quenottes, on lave nos soucis sous la douche et on se coule dans la couche. Tout de suite, cela nous saisit, une odeur fraîche – un mélange du savon de Marseille et du linge chauffé au soleil. Aujourd’hui, c’était le week-end de lessive. &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Chaque quinzaine de jours, la famille ramasse “presque” tous les textiles de la maison pour les laver comme pour une préparation préopératoire. L’ambiance est très vivante, chacun a son rôle à jouer. On sépare les couleurs, on trie le linge, on contrôle la température, on lit les étiquettes méticuleusement comme des bilans de santé. Et tout est prêt, à revivre, à être plus sain. Après le bip-bip de confirmation venant de la machine, l’eau la remplit lentement. La scène nous donne un déjà-vu. La scène où le fameux Titanic s’est heurté à l’iceberg, l’eau avait envahi, l’eau avait trempé, l’eau était partout. Quand l’eau submerge les plis d’une palette de couleurs, on ne voit qu’un nuage obscur. Lorsque des pièces de tissu tournent dans le tambour, on retrouve notre passé à travers le hublot : cette chemise que j’ai portée quand j’ai pris un café avec Jean, ces pantalons ont des tâches de vin quand j’ai célébré l’anniversaire d’Agnès hier soir – j’espère qu’elles vont disparaître bientôt.&nbsp;

&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Je suis tellement heureuse que je ressens mon cœur battre on dirait l’état du cœur d’une jeune fille qui vient de tomber amoureuse. Lorsque je l’ai en main, j’ai cette sensation là que ressent chaque maman lorsqu’elle porte son nouveau-né dans ses bras à la maternité pour la première fois. Je tremble on dirait que mes mains touchent de l’eau bénite. Mes yeux sont pétillants on dirait les étoiles qui brillent. J’ai un sourire aux lèvres qui va jusqu’aux yeux. &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Lorsque je le croque, je ressens une sensation qui va jusqu’à ma moelle épinière. Les papilles de ma langue sont surexcitées lorsqu’il touche ma langue. En bref je suis tellement heureuse comme un enfant à qui son parent vient de lui offrir le cadeau de noël.&nbsp;Heureuse comme un nouveau-né sur le sein de sa mère, c’est avec tant d’engouement que je le savoure. &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;

&nbsp;&nbsp;Je le déguste, je ralentis quand il manque un petit bout. Car, le simple fait de savoir qu’il va finir, provoque la tristesse en moi comparable à celle que je ressens lorsque mes professeurs annoncent la date des examens. &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Cependant, il va toujours finir, oui&nbsp;!&nbsp;Je me mets cette idée-là à l’esprit, l’idée selon laquelle la nourriture est éphémère, qu’elle est appelée à finir. De même que nous sommes appelés à mourir tôt ou tard quoi que nous fassions.&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Quoi qu’il en soit, le kebab, est délicieux, assise à même le sol, je le mange sur le pouce. En bref, le déguster me procure un énorme plaisir sans pareil.

«&nbsp;Il n’y a plus de moyen de sortir&nbsp;», je pense en soupirant et en maudissant le temps. Je vais et viens dans ma chambre, en suivant de l’œil la marche des aiguilles de l’horloge&nbsp;: le temps me semble bien long&nbsp;! A bout de patience, je vais à ma fenêtre et j’y reste accoudée, la tête entre les mains. La pluie ruisselle, ruisselle de plus belle. Elle continue sa chanson monotone et semble interminable… &nbsp; Elle cesse enfin vers six heures du soir. C’est trop tard&nbsp;! Tout espoir s’est évanoui, hélas&nbsp;! Mais la fraîcheur revient avec la pluie. Feuilles, fleurs, oiseaux et toute la nature semblent savourer avec volupté l’eau qui leur apporte la vie. Tout rayonne, chante et se réjouit de nouveau ainsi que mon âme.&nbsp;

&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;La maison d’autrefois

J’ai vécu dans une grande ville d’un petit pays, dans le nord.&nbsp;Au printemps comme en hiver, quand il faisait beau et quand il y avait des tempêtes. Quand dehors il faisait froid et dedans chaud. Une simple maison au&nbsp;milieu d’un jardin, entouré de plantes, fleurs de cala qui donnent la joie de vivre et un grand potager, lequel pendant toute l’année nous fournissait les légumes frais de la saison.&nbsp; Je suis née là, j’ai grandi là et j’ai toujours habité là. J’ai habité là jusqu’à son départ et puis moi je me suis envolée comme l’hirondelle en fin d’été. Cette maison est le seul chez&nbsp;moi&nbsp;là où sont&nbsp;mes racines là où&nbsp;j’étais comblée d’amour.&nbsp; Je me rappelle comme si c’était hier de ces dimanches de printemps. Mon père venait chaque soir vérifier si&nbsp;ma couverture n’était pas tombée pendant la nuit et&nbsp;me faisait un baiser que je trouvais agaçant parce qu’il me réveillait. Je&nbsp;me levais de bon&nbsp;matin, en écoutant les chants des oiseaux et le soleil&nbsp;me réveillait en me baisant la joue. Il sentait bon,&nbsp;ma&nbsp;mère s’était levée avant l’aurore et avait préparé notre petit déjeuner et l’avait servi dehors car il faisait beau. Quel bonheur de se retrouver tous ensemble autour de la&nbsp;même table quand le soleil venait de se lever. Je me faisais chouchouter par ma mère en lui expliquant que comme d’habitude mon père était passé me voir pendant la nuit et qu’il m’avait encore une fois réveillée.&nbsp;Mon père il riait&nbsp;mais il restait dans sa faim, je le savais il reviendrait ce soir c’était une habitude. Il était quelqu’un de très attentionné surtout envers&nbsp;moi. Maintenant je sais que c’était de la bienveillance et de l’amour envers son enfant.

Mon ami me regardant plonger dans l'instant, choisit une vieille chanson à faire exploser sur les haut-parleurs de la voiture, cette chanson qu’on écoute quand on a besoin de réconfort comme un vieux sweat-shirt, celle qui te donne cette sensation de nostalgie du moment où on a ressenti un immense bonheur et je ne le savais même pas. À cet instant je me sens tout simplement libre plutôt que contrainte par les pressions constantes que mon diplôme et le fait de quitter ma maison me provoquent. Je passe la tête par la fenêtre et le vent ébouriffe mes cheveux raides immédiatement. Je crie ces paroles sincères à la chanson qui joue en voyant le magnifique coucher de soleil rose qui reflète la beauté de mes sentiments. Je jure que je suis infinie. L'adrénaline que je ressens, la musique qui convient parfaitement à la scène, et mes cinq sens en alerte, c’est ce bref intervalle de temps-là qui m’a causé le plus grand plaisir.&nbsp;Je me sens légère, pendant quelques secondes, j'oublie tout, mais ensuite ça me frappe. Le sentiment soudain doux-amer de ne pas vouloir que ce moment spécial se termine parce qu’on a peur que ce soit le dernier du genre apparaît. Dans l’incertitude et de changement, on apprécie chaque instant encore plus que le précédent car dans l'arrière de votre tête, on peut entendre une bombe à retardement compter les secondes qu’il nous reste. Assise dans la voiture, je ne peux pas m'empêcher de penser que je suis proche de la fin de ce chapitre de ma vie - un chapitre rempli d'exploration, de développement, de luttes mais surtout de croissance. Avec une sensation d'amertume écrasante, et grâce à cette balade en voiture, je dis mon dernier adieu à la ville qui a été le témoin de ma croissance, et avec une sensation douce je dis bonjour à ma nouvelle vie en France.&nbsp;

De petites lumières des réverbères me guident et semblent se réjouir d'avoir rencontré quelqu'un à cette heure tardive. Je m'imprègne de cet environnement, de chaque petit détail. J'emprunte un chemin habituel, qui me semble tout d'un coup étranger à cet instant, sans les passants qui se pressent, sans le transport vrombissant et les petits commerces accueillants. Les couleurs de la ville ont changé sans perdre de leur intensité. Le jardin public, la statue miniature d'une nymphe, un chat errant... De nouvelles rencontres que j'ai faites, des tournants imprévus de la vie... J'égrène mes pensées l'une après l'autre en traversant la ville qui est déjà prête pour se réveiller d'un sommeil profond en reprenant des traits familiers. Cette solitude ne me gêne pas, mais constitue mon compagnon le plus fidèle. Toute seule, je suis une foule pour moi-même. Je m'avance et je me sens vivante plus que jamais. Ce n'est que le moment présent qui est important.

Il faut qu’on attende jusqu’au dernier tour. C’est à ce moment qu’on ressent le plus d’émotions. La machine fait le même bruit qu’un avion qui décolle. Le vrombissement des roulements, le hurlement du moteur sont tellement vibrants que parfois, l’image d’une machine explosée nous tient en haleine jusqu’à la diminution de la vitesse. La musique de fin termine notre souffrance. On sort notre linge mouillé, déformé. D’une façon traditionnelle et économique, on fait sécher le linge au soleil. Les vêtements colorent le séchoir à linge. Ils sont mis en ordre, l’un après l’autre, sur les barres, blanches, fines, métalliques. Les jeans sont à l’extérieur, les robes sont à l’intérieur. Le parfum de l’assouplissant se diffuse subtilement, s’harmonise avec les fragrances florales au jardin. Ils attisent notre perception olfactive, la vanille, la rose, le ylang-ylang. Pendant 2 jours, on admire secrètement notre assemblage comme des chefs-d'œuvre d’abstraction géométrique. Matières et formes, rien que le même. On est tous des artistes ? &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Encore une fois, on ramasse tous les tissus, on les plie, on les arrange et on les repasse à nouveau. C’est un plaisir dans le résultat. Chaque pièce est carrément pliée, chaque pièce est carrément rangée, dans les meubles rectangulaires. Rien ne manque. Il faut suivre des règles, un processus jusqu’au bout. Le week-end de lessive se termine, et la satisfaction est déjà commencée.&nbsp;

Le temps court et nous le suivons en trébuchant, essoufflés sans arriver. Arriver à l’heure est notre priorité. Néanmoins on sent que le temps est long en attendant, alors que l’on sent que le temps est court quand les secondes ne sont pas nécessaires. Un perpétuel moment éphémère dans les transports. La fois rare où on arrive pile poil à la seconde exacte où le car s’arrête juste devant nous. C’est le moment célestiel où les autres n’ont pas même commencé à se dépêcher de quitter le car. Nous ne ralentissons même pas. Nous n’estimons même pas le volume de semelles en face des autres cars. C’est bien un acte de notre créateur, les étoiles sont alignées pour nous donner la seconde de savourer notre gestion futile du temps. De toutes les directions d’où nous pourrions entrer dans la voie, de tous les moments où l’on a tardé à se lever, à s’habiller, à se dépêcher, l’ensemble des décisions de temps est impossible à compter. “Attention à la fermeture des portes” tombe bien aux oreilles de notre côté pour une fois.&nbsp;

C'était mon premier amour et mon premier chagrin. Ce qui devait arriver est arrivé&nbsp;: nous avons rompu. La vie sans lui m'a apportée une douleur inconcevable et presque insupportable : une affliction qui s'est avérée être ma plus grande professeure. C’est la douleur qui m'a montrée qu'après la tempête est venu le calme. C'est la douleur qui représentait les quelques rayons de soleil qui se battaient à travers le brouillard de ma vie et qui venaient l’égayer. C'est la douleur qui m'a mise sur la voie de la découverte de soi et la maîtrise de soi. C'est la douleur qui m'a obligée à continuer à apprendre pour que je puisse transformer «&nbsp;les citrons en limonade&nbsp;». C'est la douleur qui m'a appris que je peux être indépendante et que personne d'autre que moi-même ne prend la responsabilité de ma vie et de mon bien-être. Et c'est la douleur qui m'a forcée à ouvrir mes yeux qui avaient été aveuglés par l'illusion que la distance entre nous était simplement physique et non émotionnelle. Le perdre, mon monde entier et la personne sur laquelle je comptais et dépendais pour le bonheur et&nbsp;l’épanouissement, était un constat de réalité : je m'obligeais à éviter toutes les distractions, à me regarder froidement et durement, à m'accepter à nouveau, à laisser mon passé derrière et enfin à être honnête avec moi-même sur mes envies, mes aspirations et comment je voulais les atteindre. J'ai dû oublier le regard des autres et me concentrer sur la confiance que j’avais en moi et en mes capacités – ce que j'avais caché pour rendre la vie plus facile, un démon auquel j'aurais dû m'adresser avant de le rencontrer. J'ai dû commencer à créer mon propre bonheur ; et wow, quel défi cela a été.

Le sentiment d'être compris par la musique est parfois indescriptible. C'est comme trouver une partie de moi qui décide de s'enfuir ou de se cacher sans raison. Un sentiment d’être complet, même si ce n'est que pour quelques minutes. Un voyage court et rapide à un autre monde ou simplement un sentiment de rentrer à la maison et trouver tout ce que j'ai été obligé d'abandonner pendant la vie. Un sentiment de redécouvrir mes souvenirs les plus importants et les plus précieux. Un sentiment parfois contradictoire, mais toujours réconfortant. De temps en temps, la musique possède le pouvoir de parler pour moi, mais malheureusement la plupart du temps c’est juste moi qui l’écoute. Ah... Comme j’aimerais pouvoir utiliser une chanson pour parler à ma place à chaque moment que mes mots se cachent en face à un blocage. Mais, au moins, elle me donne la force de continuer mon chemin, elle me réconforte quand je suis seul. Elle me tend toujours la main pour m'aider à me lever quand j’ai besoin. Elle, la musique, mon meilleur ami, mon petit plaisir du quotidien.

L’odeur de vieux&nbsp;

Je me vois encore chez moi après le repas de midi. Une fois que les taches tâches de la journée sont terminées, la seconde partie du jour commence et je me demande alors ce que je vais faire. Soit un beau moment dans ma bibliothèque, soit une promenade au centre de la ville, je sais que mes mains vont quand même toucher le vieux papier, mes yeux savoureront les couleurs, les formes, la beauté de la typographie. Mais un plaisir qui va au-delà des pensées et des idées propres de la lecture même c’est l’odeur, le parfum de vieux, l’arôme des livres et des revues d’autre temps qui entourent ma vie entière depuis quelques années. Mes journées, mes nuits et même mes rêves se nourrissent de ces beaux objets d’autrefois. C’est le passé qui revient à moi à travers le papier jaune, l’encre déjà sèche et la reliure d’un volume qu’il y a soixante ou quatre-vingts ans a été cartonné par des mains patientes et attentionnées. Ce passé en papier, qui n’est pas seulement touché par ma peau, devient un arôme de bonheur, une source de plaisir personnel réservé à mes matinées, mes nuits et mes promenades au centre de Lima.&nbsp; Le centre de ma ville, comme la plupart des centres historiques du monde, accueille plusieurs librairies, mais surtout des librairies d’occasion qui réveillent les rêves des amants des ouvrages. C’est à ce moment-là que l’imaginaire se confond avec le réel&nbsp;: autant je pénètre dans ces temples de fantaisie et d’idées merveilleuses, autant je peux sentir le vieux papier et son odeur de vanille, d’encre, d’orange et de moisi.&nbsp;

La décision est prise, c'est un voyage "sac à dos". Il faut choisir sagement les objets qui rempliront ce sac car il sera porté pendant une période illimitée sur le dos. Un appareil photo ou un sac de couchage ? Un livre ou un maillot de bain ? Un voyage est toujours imprévu. Découvrir le monde avec un "sac à dos", c'est le meilleur moyen d'exercer une liberté pure dans laquelle les rêves, les réflexions et les expériences sont tous portés dans ce sac, toute une vie sur le dos. Je sens son cuir usé qui me rappelle mes précédentes excursions. Une fois sur le dos c'est comme une armure qui me protège, je me sens serein, en sécurité.&nbsp; Bien que j'aie quatre heures de sommeil avant de prendre l'avion, je n'arrive pas à dormir. Le cerveau est rempli de réflexions qui envahissent mes rêves ; Qui rencontrerai- je ? Comment vais-je m'en sortir avec la langue ? Où vais-je dormir ? Il est quatre heures du matin, le réveil sonne. La seule fois où je me trouve capable de me lever en deux minutes du lit. En arrivant à la gare le train à destination de l'aéroport est quasi vide. Cinq autres passagers montent avec leurs grosses valises. Eux, ils auront certainement un autre type de voyage ! Assis sur mon siège, je regarde par la fenêtre et je pense aux personnes que je vais rencontrer sur la route. Je réfléchis à leur culture et leurs modes de vie et je me demande si je pourrai créer des liens avec d'autres touristes croisés dans les trains ou dans les auberges de jeunesse.&nbsp;

Il me connaissait mieux que je ne me connaissais moi-même ; il m'a guidée vers une vie plus bienheureuse et m'a ouvert les yeux sur un monde splendide et étincelant qu'il m’a aidée à créer. Mon cœur était en sécurité, enveloppé dans une couverture de son bel amour éternel ; et donc je l'ai toujours emmené avec moi, partout où j'allais : dans ma sous-conscience, dans mes actions, dans mes mots, dans mes pensées, dans mes activités quotidiennes. C'était comme si nous étions un, et je n'étais que la moitié de ce concept incroyablement surréaliste et parfait de « nous ». Avec lui à mes côtés, je sentais que je pouvais surpasser tous les défis, conquérir le monde, atteindre tous mes objectifs et imaginer des rêves inconcevables ; mais avec lui à mes côtés, simultanément, j'étais toute contente de tout abandonner pour mener une vie simple et heureuse de convivialité. Je ne pouvais pas assez l’aimer. Nous nous sommes simplement rencontrés au mauvais moment. Malgré le fait qu'il ait été confronté à la période la plus difficile de sa vie, une période de perte cruelle, de changement indésirable et de souffrance inimaginable, il était toujours là pour moi ; mais je ne le méritais pas. Il s'approchait de moi avec amour, empathie et bonheur, mais je lui répondais toujours avec un regard vide, voire poignant et des larmes silencieuses coulant sur mes joues - tourmentées par mon propre inassouvissement que je ne pouvais tout simplement pas comprendre. Je ne pouvais pas lui donner l'amour, la compagnie et l’attention dont il avait besoin, ce qui a conduit à une guerre inutile à l'intérieur de moi. Je n'étais pas prête pour son amour, bien que j'eusse désespérément soif d'y être prête.&nbsp;

Puis on se tourne vers d’autres tâches quand les bulles de savon se connaissent, les bulles de savon se reconnaissent, les bulles de savon se perdent de vue, les bulles de savon se retrouvent, les bulles de savon se réchauffent, les bulles de savon se séparent… et le temps s’écoule cahin-caha.

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